Le message des électeurs français est clair, le rejet. Près de la moitié a voté pour les extrêmes aux Européennes 2024. Aussi, la réponse doit être à la hauteur des enjeux, si l’on veut conserver une France républicaine, démocratique et laïque, une Europe libre, indépendante et solidaire.
Il ne s’agit plus de disserter sur la politique menée par le gouvernement ou de savoir si la dissolution de l’Assemblée Nationale était la solution adéquate. Le président Macron a tranché. Nous sommes face à une nouvelle réalité qui nous concerne collectivement, électeurs comme politiques. Et le temps nous est compté.
Cette fois-ci pas de vote sanction. Il n’y a qu’une question : quelle société voulons-nous, pour nous et nos enfants ? En conséquence, chacun doit faire son examen de conscience politique. Les partis qui se reconnaissent dans les valeurs démocratiques ne peuvent plus se contenter d’accuser les autres de leurs propres erreurs. Ils doivent évoluer pour ne pas hypothéquer l’avenir et converger pour ne retenir que ce qui les rassemble face à ceux qui divisent.
L’honorable troisième position, de Raphaël Glucksman, place le PS à la croisée des chemins. La gauche qui s’est longtemps crue détentrice du « monopole du cœur », s’est trahie en s’associant à LFI dans le cadre de la Nupes. En digne agent du chaos, le parti d’extrême gauche a non seulement clivé les Français et mis une cible sur le dos de nos compatriotes juifs, mais par ses outrances, a renforcé le RN. L’extrême droite n’avait plus qu’à engranger les points en ne disant rien. Les forces de la gauche républicaine n’ont pas d’autres choix que de rompre définitivement avec une formation qui sous couvert de pacifisme veut capituler devant la Russie de Poutine mais ouvrir un nouveau front contre Israël.
LR avec son faible score est face à un dilemme. Soit, comme l’avait fait Olivier Faure en dissolvant le PS dans la Nupes pour sauver quelques sièges, tenter « l’Union des droites » en s’alliant avec le RN et Reconquête. Ce faisant, ils perdront leur âme en adhérant à un programme que n’aurait jamais cautionné le Général de Gaulle. Soit voir plus grand et plus loin.
Quant au président Macron, s’il ne veut connaitre le même sort que son illustre prédécesseur, Jacques Chirac, la tâche sera rude. Pour prouver aux électeurs qu’il a entendu le message, il lui faudra plus que des mesures cosmétiques. Pour éviter à sa majorité de s’étioler encore plus, il devra donner de la consistance à Renaissance qui n’a jamais su devenir un vrai parti et laisser émerger des talents en capacité de lui succéder. Mais surtout, il faudra rassembler et partager pour tisser des alliances au-delà de sa famille politique.
Diaboliser les électeurs d’extrême droite et d’extrême gauche n’est pas la solution. La plupart apportaient auparavant leur soutien à des listes traditionnelles. Les zigzags incompréhensibles du « en même temps », les divisions et l’absence de leadership des partis traditionnels, l’absence de réponses concrètes à des problèmes du quotidien, le sentiment de ne pas être pris en compte par une élite politique déconnectée, telles sont les vraies raisons de la poussée des extrêmes.
Pour rassembler, il faut convaincre. Pour cela, en vue des législatives, les partis républicains ont la responsabilité historique de constituer, non pas un Front Républicain basé sur le rejet, mais une coalition qui partagera l’essentiel, à l’image des autres démocraties européennes. Son programme devra placer les préoccupations des Françaises et des Français en tête de liste et non pas les intérêts partisans.
Si les habituels calculs politiciens reprennent le dessus, la sanction sera immédiate. Le RN et ses alliés transformeront l’essai des européennes aux législatives, puis à la présidentielle. Car seul le premier pas coûte. Et comme l’histoire nous l’a montré à maintes reprises, les extrêmes arrivent souvent au pouvoir par les urnes mais ne le quittent jamais volontairement.