Publié le 13 juin 2017 à 10h27 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h55
Didier Parakian (LR), adjoint au maire de Marseille, délégué à l’Économie, aux Relations avec le monde de l’entreprise et à la Prospective, partage son analyse sur l’avenir de la Métropole à travers la relation Ville-Port.
A Marseille, comme dans toutes les villes portuaires, la relation de la ville et du port demeure un axe central de l’aménagement du territoire et du développement économique. Les projets de la Métropole Aix Marseille Provence viennent renforcer l’objectif de définition d’une vision partagée et durable des enjeux liés au Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), véritable poumon économique et social du territoire avec 41 500 emplois liés à l’économie portuaire, hors intérim, et 10,7 % de la richesse générée dans les Bouches-du-Rhône.
La question portuaire a beaucoup évolué ces dernières années, notamment sous l’impulsion des lois de 2008 portant sur la responsabilité environnementale et sur l’organisation et l’adaptabilité des transports. Port généraliste, capable de traiter tous types de marchandises (80 millions de tonnes de marchandises vers plus de 460 destinations dans le monde entier), expert en réparation navale, capable d’innovations et de projets (360 millions d’euros seront investis ces prochaines années par le port dans différents projets d’infrastructures portuaires), multimodal avec un vaste réseau de transports possibles, le GPMM est aussi un grand port de croisière en plein essor .
En 2015, il est placé cinquième de Méditerranée avec une augmentation du nombre de croisiéristes de 87,3 % entre 2010 et 2014, ce qui constitue la plus forte croissance parmi les leaders méditerranéens ! Une croissance qui a d’ailleurs attiré la curiosité d’une délégation du port de Miami, considéré comme premier port mondial de croisières, et qui débouchera, en novembre 2017, sur une mission économique de la Ville de Marseille et de la Métropole à Miami, sous l’égide de Jean Claude GAUDIN, pour signer le premier accord de jumelage entre Marseille et une ville américaine.
C’est sous l’impulsion de la « Charte Ville-Port », signée en 2012, que la relation ville-port s’est développée pour s’inscrire dans une logique « gagnant-gagnant » : la présence d’un grand port industriel tel que le nôtre est une chance et un outil économique puissant au service du développement de notre territoire.
La « charte ville-port » a proposé une méthodologie fondée sur le partage des études, la mise en commun des réflexions, la mutualisation des informations nécessaires à la réussite de la requalification urbaine en périphérie du port et du développement économique du port.
De la Joliette à l’Estaque, les grands aménageurs, les institutions et les acteurs économiques partagent désormais une vision commune de l’avenir des quais phocéens et mènent ensemble des projets structurants : des grands équipements urbains vecteurs d’attractivité (SILO, Terrasses du Port, MUCEM…), la remise en service de la forme 10, le rallongement et l’élargissement de la Digue du Large, le Projet J1, ou encore celui de l’Estaque Maritime qui se fixe comme objectif de valoriser le potentiel économique et académique de notre territoire en offrant aux acteurs de la filière maritime de nouvelles solutions d’implantation et une offre immobilière adaptée à leurs besoins et leurs activités.
En ma qualité d’adjoint au maire, chargé des relations avec le monde économique, je me réjouis de cette ambition accrue, dynamisée par des communautés portuaires rassemblées en associations proactives, comme « Via Marseille Fos », présidée par Hervé Balladur, qui fédère la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence, le Grand Port Maritime de Marseille, l’Union Maritime et Fluviale Marseille Fos, la MGI (Marseille Gyptis International) et la ville de Marseille.
Toute l’équipe municipale salue la forte implication de Roland Blum, adjoint au maire chargé des finances et du Port, dans l’élaboration de cette charte. Sans relâche, il encourage depuis 2012 ce rapprochement et le « savoir- travailler ensemble ».
Je rejoins Raymond Vidil, Président des Armateurs de France (à la tête de Marfret et M Ambassadeur de la Ville de Marseille) qui sait la force des liens unissant les territoires et les ports et qui, lors de son investiture, énonçait: «Aucun pays n’est une grande puissance s’il ne dispose pas d’une flotte sur la mer et de ports solides capables d’organiser ses relations avec le reste du monde pour maîtriser les flux qui apportent richesse et emploi» .C’est dans cet objectif que la charte Ville Port a été conçue, avec les dimensions nécessaires pour construire un avenir prospère et durable.
La première dimension de la charte consacre le Port Marseille-Fos comme le premier port français et second en Méditerranée.
L’importance de son trafic l’impose en effet comme une porte du sud incontournable pour l’Europe et comme un acteur économique et urbain majeur. C’est ainsi qu’en 2015, Marseille accueillait les 11èmes Assises de l’ Economie de la Mer qui réunit les grands décideurs du monde maritime. Une rencontre autour de 1600 professionnels du monde maritime qui a permis à l’activité portuaire marseillaise d’asseoir sa position dans la compétition internationale.
Une compétition qui l’invite nécessairement à maintenir un haut niveau d’ingénierie et de qualité d’accueil : le Port doit mener une stratégie basée sur une diversification essentielle pour renforcer des filières autres que celles liées aux hydrocarbures et au raffinage de pétrole brut, en perte de vitesse depuis plusieurs années. Avec la synergie complémentaire des bassins Est à Marseille et des bassins Ouest à Fos, avec la dynamique d’un port mondial, il s’agit désormais de créer un véritable cluster logistique et industriel euroméditerranéen au service des clients, avec cette vision permanente vers l’international. Une stratégie payante puisque Bouygues Travaux Publics a d’ores et déjà choisi d’investir prochainement les bassins Est pour la fabrication monumentale de l’infrastructure maritime qui permettra l’extension du port de Monaco.
La deuxième dimension, c’est son développement offensif dans le trafic des conteneurs. Avec pour objectif le transport de 3 millions de conteneurs en 2025, le Port conduit des projets d’adaptation des terminaux aux standards de productivité des plus grands porte-conteneurs et la création de plateformes ferroviaires dédiées.
Porte d’entrée naturelle sur la façade maritime Sud de l’Europe, son positionnement géographique au cœur de deux des trois plus grandes routes commerciales maritimes du monde fait de lui le point d’entrée alternatif idéal sur la façade Sud européenne. Une véritable manne pour concurrencer les grands ports du Nord de l’ Europe. Il est en effet le seul port en Méditerranée occidentale à bénéficier d’un réseau de transport multimodal complet et adapté qui se développe avec le fret ferroviaire.
La troisième dimension, enfin, c’est sa capacité à fédérer les industriels autour d’un éco-système visant à réussir la transition énergétique.
On peut noter les expériences innovantes comme la connexion électrique à quai des ferries, le projet PIICTO qui fédère des industriels autour d’un véritable schéma d’écologie industrielle vers la transition énergétique, le parc éolien flottant au large de Fos-sur-Mer, les Boucles d’eau de Mer sur Euromed, qui permettront de connecter près de 500 000 m² de logements et de bureaux à Marseille.
L’activité portuaire, et plus largement l’économie maritime, porte en elle de formidables potentialités de développement pour notre territoire, en matière de création de richesses et d’emplois comme de potentiel d’innovation. Et c’est bien à ces trois principaux objectifs que doit répondre, à terme, l’initiative SMART Port : si notre situation géographique nous confère une place de choix sur le bassin méditerranéen, notre défi d’aujourd’hui est bien d’affirmer un statut de hub numérique mondial.
Plusieurs critères nous y autorisent.
Marseille est tout d’abord un carrefour idéal pour les câbles sous-marins qui partent vers l’Afrique et l’Asie. Les voies de connectivité avec les data centers du groupe néerlandais Interxion implantés sur Marseille confirment ce positionnement.
Par ailleurs, au croisement des filières d’excellence de notre territoire (Maritime, Numérique, Microélectronique, Tourisme, Environnement…) se développe aujourd’hui sur Marseille et l’ensemble du territoire métropolitain, un écosystème performant constitué d’entreprises de renommée mondiale comme la CMA CGM, un des leaders mondiaux dans le secteur du transport et de la logistique.
De même, à l’image d’Airbus Helicopters dans l’aéronautique, notre territoire peut se vanter d’une avance technologique considérable en matière d’activités sous-marines et offshore comme le montre la réussite d’entreprises telles que Bourbon, Jifmar, la Comex, Subseatech, Beuchat, Cybernetix,…
La filière numérique appliquée à l’économie maritime constitue également aujourd’hui un levier économique très prometteur.
Le territoire peut en effet compter sur un tissu de start-up au fort potentiel d’innovation. Ce dernier s’illustre déjà avec 40 000 emplois, 8 milliards de chiffres d’affaires généré et plus de 9600 entreprises.
Fort de son emplacement hautement stratégique et du poids important de la filière numérique au niveau métropolitain (écosystème récompensé par le Label« FrenchTech»), Marseille n’a pas manqué d’accompagner sur son territoire le développement d’entreprises spécialisées dans des fonctions support ou IT (Technologie de l’information). Parmi ces entreprises, outre le groupe néerlandais INTERXION, on peut citer : La start-up TRAXENS, à l’origine d’une solution informatisée permettant le suivi du trafic de conteneurs (La CMA CGM est entrée en 2015 au capital de l’entreprise)
L’entreprise MGI qui a développé des applications informatiques qui permettent de relier les acteurs de la chaîne logistique (communauté portuaire et entreprises), d’échanger de l’information et fluidifier ainsi le passage des marchandises dans le port. Un système innovant qui est né à Marseille et qui s’exporte aujourd’hui dans le monde entier. Le travail de MGI a été récompensé tout récemment (Mai 2017) d’un Gold IT Award, la consécration internationale suprême en matière de technologies de l’information.
Pour toutes les raisons évoquées ici, qu’il s’agisse de valoriser les nombreux atouts du territoire ou encore de répondre aux grands enjeux et défis de demain, le projet « Smart Port » constitue assurément, par sa capacité à fédérer les acteurs et à mobiliser les compétences du territoire, un projet ambitieux auquel la Ville de Marseille souhaite apporter tout son soutien.
D’autres projets méritent une attention particulière et concertée de la ville de Marseille et du Port, comme par exemple la reconversion en cours du J1 par l’association MJ1 et le futur appel à projet définitif qui doit être lancé par le GPMM d’ici la fin de l’année.
Ou encore le projet de déplacement de l’actuelle gare maritime internationale vers le nord, pour laisser place au projet « Grande Joliette » qui vise, du J4 aux Terrasses du Port, à offrir de nouveaux espaces aux Marseillais: un autre « terrain de jeux » extraordinaire qui permettra l’accueil de grands événements comme, pourquoi pas l’ Exposition Universelle 2025 si la France est retenue comme pays hôte…
Je suis convaincu que les grandes métropoles de demain sont les métropoles portuaires car elles sont porteuses d’enjeux forts sur des filières diversifiées et synonymes d’attractivité pour les territoires. Soutenir les projets du port, c’est anticiper les changements qui impactent le développement économique, social et environnemental de notre ville : smart city, intégration urbano-portuaire, commerce international…
Soutenir le développement du port, c’est soutenir l’emploi !