Publié le 3 septembre 2017 à 22h38 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h36
Si j’avais le talent de Jacques Dutronc et profitant des circonstances qui s’y prêtent sans doute aurais-je écrit sa chanson en l’adaptant à la prolifération de Garis dans notre bonne vieille ville. Paraît-il donc que Marseille dénombre deux millions de rats investissant durant la journée les égouts mais, s’appropriant au coucher du soleil les rues, les poubelles et même se délectant des accessoires des voitures et des motos.
Aussi stupéfiant que cela puisse paraître des experts ou des comptables sont parvenus à compter le nombre de Gaspards pour en arriver à des conclusions sans faille : Ils sont plus de deux millions donc beaucoup plus nombreux que nous les habitants !
J’ignore la méthode employée et n’ose même pas l’imaginer tant elle me paraît abjecte car engendrant me semble-t-il une infiltration au sein de cette communauté et de leurs logis. Vraiment il y a des boulots difficiles !
Je n’ai jamais douté de la présence de ces rongeurs dans nos rues et même si, à l’instar de Dieu, il faut que parfois ils apparaissent afin de s’assurer qu’ils sont bien là, j’en ai trop souvent croisés, alors que je laisse ma voiture au garage, sur les coups de une heure du matin.En revanche, je n’ai jamais croisé Dieu ou alors je ne l’ai pas reconnu puisqu’il ne s’est pas adressé à moi pour me guider ou me confier une mission évidemment divine d’éradiquer les rats, pourtant créatures de lui même.
Mais voyez-vous moi, des rats, j’en ai peur et dès que j’en croise un je fais des sauts de cabri craignant bêtement qu’il vienne s’infiltrer dans mon pantalon pour aller mordre mes attributs. Que voulez vous j’ignore si la phobie du rat existe mais je ne peux trouver ces bestioles sympathiques et, comme le dernier que j’ai pu voir ne semblait pas apeuré par mon mètre-quatre-vingts et mes cent kilos j’ai préféré changer de trottoir de peur de subir une agression en règle.
Les Garis à Marseille font partie de la carte postale puisqu’il semble que les Marseillais les aiment tant qu’ils les nourrissent en abandonnant sciemment leurs sacs poubelles à même le sol après que les vaillants éboueurs de la métropole aient terminé d’absorber leur café. Eh oui, ce ne sont pas les éboueurs les responsables des détritus laissés dans les rues mais bien les Marseillais qui, comme tout le monde le sait, sont nettement plus sales que les Bordelais, les Parisiens ou les Lillois. Alors même que je termine ce chapitre j’imagine les grimaces des lecteurs et espère qu’ils ont bien compris qu’il s’agissait de dérision car évidemment mes banderilles ne s’adressent pas aux citoyens mais bien aux employés lymphatiques de la ville et de la métropole.
J’aime ma ville, elle est belle mais lorsque l’on arpente ses rues et que l’on doit éviter les immondices comme un militaire de la mission SERVAL tentant d’esquiver les mines laissées par les insurgés Maliens, il arrive parfois que l’on rêve que les services de la métropole soient soudainement eux aussi chargés d’une mission divine de faire seulement leur boulot ! Mais, à Marseille, il y a Pagnol, l’OM, la vierge de-la-Garde et la maladie inoculée aux employés chargés du nettoiement dès leur recrutement (par piston évidemment) les empêchant d’effectuer le minimum : la flemme !
De grands médecins se sont penchés sur le sujet, ils auraient même fait appel à des spécialistes des maladies vénériennes et même tropicales mais l’ensemble de leurs recherches sont restées vaines et aucun vaccin n’a pu être élaboré afin de soigner cette troupe de fatigués accrochés à leur benne à ordures ou à leur balai. Visiblement ils sont incurables c’est même le syndicat Force Ouvrière qui l’affirme ! Dernièrement un savant venant du nord aurait mis en évidence une tendance à la consanguinité pouvant être à l’origine de cette fatigue récurrente. J’ai appris par un de ses confrères qu’il avait été retrouvé mort carbonisé dans sa voiture et mes collègues de la Police Judiciaire m’ont confié qu’il s’agissait d’un accident lié à un dysfonctionnement de l’allume cigare … Nous n’avons donc aucune raison d’en douter !
Cette pathologie est endémique, elle ne parvient pas à se propager aux autres agglomérations de la région puisqu’elle n’a jamais atteint Aix-en-Provence pourtant qu’à 20 kms au Nord. Non la crasse est Marseillaise, elle est à nous et nous tenons à la conserver et peut être même de lui faire un musée où les touristes viendraient admirer les plus gros spécimens de rats empaillés aux odeurs de Kebab puisque ayant déambulé sur la Canebière et même ceux ayant élu domicile sur le Vieux-Port aux fragrances de poisson. Le rat élancé et sophistiqué du haut de la rue Paradis serait opposé à un gari plus modeste au physique adipeux et crachant au sol en vous regardant de travers. Il y aurait aussi celui des calanques, protecteur et détestant les Parisiens comme celui plus populaire empestant le chichi freggi et la panisse de l’Estaque.
Bref je pars en «biberine» tant cette étude sur le nombre de rats m’a fait osciller entre le rire et les larmes mais a malheureusement mis le doigt sur les tas de détritus qui jonchent nos rues. Finalement vaut mieux un doigt qu’un grand coup de pied qui pourrait faire sortir un troupeau de rats agressifs !
Allez je vous laisse je dois descendre les poubelles …