Publié le 16 août 2017 à 22h04 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h19
Est-ce parce que hier, nous étions le 15 Août et que la Vierge Marie a daigné concéder un miracle ou est-ce parce que notre Président est actuellement en vacances à Marseille que ce matin, dès mon réveil, j’ai appris une nouvelle que je ne pensais plus jamais possible, que je n’osais même plus envisager ? J’ai cru même un instant que je n’étais pas réveillé et que je faisais un doux rêve mais lorsque mon petit orteil a heurté, ma lourde table basse, j’ai compris que ce que j’entendais était bien réel : La police de proximité serait de retour…
J’ai zappé, j’ai mis la radio puis j’ai couru au kiosque à journaux pour me vautrer sur les étals et acheter tel un boulimique autant de quotidiens qu’un gourmand peut s’envoyer d’éclairs au chocolat et autre Paris-Brest un jour de fête. Je me suis précipité sur les pages de papier de nos bons vieux canards comme un hystérique et, depuis la terrasse du café où je m’étais posé, je ne pouvais contenir de petits cris de jouissance de pucelle effarouchée. Bref j’étais ridicule mais tellement heureux ! Cette phase d’euphorie passée j’ai fini par comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un «fake», comme l’on dit maintenant mais que monsieur le ministre de l’Intérieur avait pris la mesure de ce besoin, de l’impérieuse nécessité de rétablir ce service aux Français. Nous allons donc voir des policiers, des vrais policiers en uniforme déambuler à pied dans nos rues…
Même en l’écrivant, je n’ose pas encore y croire tant cela était relégué aux calendes grecques et que les policiers actuels, non responsables des directives ministérielles, s’étaient transformés en une espèce de choses furtives et rapides signalées uniquement par les hurlements intempestifs des deux-tons. Ils passaient, repassaient à grande vitesse en faisant fi des feux rouges pour se montrer ou se rendre je ne sais où sans jamais prendre le temps de poser un pied à terre et s’interroger sur la vie de nos quartiers.
Aux Cinq-Avenues, quartier central de la Ville, nous n’avons pas vu un flic à pied depuis si longtemps que nul ne s’en souvient. J’ai sondé le gérant du bistrot, j’ai questionné ma boulangère et j’ai même interrogé les jeunes squattant la sortie de métro pour draguer, enfin ennuyer, les jeunes femmes aux jambes dénudées. Aucun d’entre eux n’a été capable de me préciser à quoi ressemble un policier et me donner la signification de la police de proximité. Croyant que je les insultais le patron du bar m’a viré, la boulangère a refusé de me vendre sa baguette et les jeunes m’ont invité, au moyen d’un couteau, à décaniller très vite ! Un des leurs, rangeant sa lame, m’a même précisé que les cow-boys de la mairie -comprenez les policiers municipaux- avaient peur de venir les voir et de les contrôler malgré la présence de leur siège à quelques mètres … J’ai failli acquiescer mais mon approbation aurait confirmé mon lieu d’habitation et ayant fait moi-même appel, à plusieurs reprises, à la police municipale j’ai déploré leur carence. Mais sans doute étaient-ils bien trop chargés de gilets tactiques, de flash-balls, de menottes et d’autres équipements pour se mouvoir à leur aise et me rendre le service que j’étais en droit d’attendre. L’évoquer serait donc faire état d’un phénomène que même les flics eux-mêmes n’ont pas connu ou seulement dans les discours des dinosaures ayant pris leur retraite depuis plus de cinq années.
Ils regardent cela comme la police « à papa », avec le manque de respect qui caractérise les jeunes quels qu’ils soient et doivent aujourd’hui se mettre les mains sur la tête en se lamentant sur leur sort prochain : ils vont devoir marcher !
La police de proximité ce n’est évidemment pas qu’une marche dans des rues encombrées mais c’est avant tout une stratégie, un renouveau d’une police en prise directe avec les réalités du terrain. C’est un maillage d’un secteur et une connaissance parfaite, pour les mêmes fonctionnaires affectés là, des caractéristiques du quartier, de ses besoins, de ses attentes et une maîtrise de la «faune» locale et de ses intentions souvent belliqueuses.
Mais l’agité du bocal avait décidé de l’occire en l’annonçant à Toulouse et son successeur, un certain Manuel Valls, depuis disparu et tentant de ronger le seul os que le peuple a voulu lui céder, ne l’avait évidemment pas restaurée de peur de mettre fin à une police uniquement répressive fonctionnant sur le mode simple de la prime et de la carotte ! Et durant ces longues années le peuple lui, a souffert d’espérer mais peu importe puisque pour ces anciens hommes politiques que nous avons invité à déguerpir n’en avaient cure en sacrifiant le service public sur l’autel de leurs ambitions personnelles. La police de proximité fut abattue, un beau matin, sans être remplacée, l’institution entière n’allait pas s’en remettre. Elle perdait ses fondements pour ne devenir que répressive, nous en payons aujourd’hui les dégâts ! Mais Alléluia la Vierge Marie, reconnaissante des processions faites en son honneur, a fait ce miracle de la vie politique … Saint-Nicolas et Saint-Manuel ne sont plus, je vais prier Saint-Gérard en espérant ne pas être contraint d’attendre la Saint-Glinglin !