Publié le 15 février 2017 à  20h21 - DerniÚre mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31
Dans sa tribune, Renaud Muselier (LR), dĂ©putĂ© europĂ©en, prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur revient sur les raisons pour lesquelles il a votĂ© en faveur du CETA…
Le Parlement europĂ©en a adoptĂ© le 15 fĂ©vrier 2017 par une nette majoritĂ© lâaccord Ă©conomique et commercial global UE-Canada, dit CETA. Câest un accord historique pour notre continent et nous devrions nous rĂ©jouir de lâadoption de ce traitĂ© commercial qui ouvre Ă lâUnion europĂ©enne et Ă la France un marchĂ© de 35 millions de consommateurs. Cet accord moderne, ambitieux et Ă©quilibrĂ© reprĂ©sente de nombreuses opportunitĂ©s Ă©conomiques pour nos entreprises tout en garantissant le respect et la prĂ©servation des filiĂšres sensibles, telles les produits agricoles.
Avant toute chose, un constat : aujourdâhui 10 000 entreprises françaises exportent au Canada, dont 75% de PME. La France est le 8e partenaire commercial pour le Canada et le 3e europĂ©en. Elle est surtout le premier exportateur de vins et spiritueux. Câest un accord qui aura donc un poids considĂ©rable pour la croissance de ces entreprises, leurs chiffres dâaffaires et leur masse salariale. Il sâagissait de ne pas rater le coche.
Le dĂ©bat autour de cet accord a opposĂ© deux visions fondamentales de la politique : ceux qui sont en faveur du libre-Ă©change, de lâouverture sur le monde et de la croissance, et ceux qui pensent que le protectionnisme, le repli sur soi et la peur de ce qui se passe en dehors de nos frontiĂšres, est la solution Ă tous nos maux. Jâappartiens dĂ©finitivement Ă la premiĂšre catĂ©gorie et ce pour plusieurs raisons.
PremiĂšrement, parce que le Canada est une grande dĂ©mocratie, un pays qui possĂšde des valeurs et des standards identiques aux nĂŽtres, et dont le Premier ministre jeune est dĂ©cidĂ©ment portĂ© sur lâavenir.
DeuxiĂšmement, parce quâavec les vocations protectionnistes de lâadministration Trump, la rĂ©ponse de lâEurope ne peut en aucun cas ĂȘtre le repli sur elle-mĂȘme. Le CETA reprĂ©sente notre derniĂšre chance de tisser des liens forts et durables avec lâAmĂ©rique du Nord, qui est, faut-il le rappeler, le premier partenaire commercial de lâUnion europĂ©enne. Les tensions qui rĂšgnent actuellement sur la scĂšne internationale dĂ©notent de lâurgence que nous avons Ă tout mettre en Ćuvre pour instaurer des partenariats forts avec des pays puissants. A plus forte raison, lâUnion europĂ©enne est la preuve que la paix et la croissance passent par des accords de libre-Ă©change avec les grandes dĂ©mocraties.
Enfin, malgré tout ce qui a été dit ces derniers mois, parce que la France et nos régions en particuliers, ressortiront plus fortes, plus prospÚres et plus compétitives avec cet accord que sans accord !
Mon eurocirconscription et plus spĂ©cifiquement la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur, qui sont largement composĂ©es de territoires cĂŽtiers, touristiques et agricoles, sortiront gagnantes de la suppression de prĂšs de 90% des droits de douanes sur les produits agricoles, en particulier sur les produits transformĂ©s, les vins et spiritueux et le fromage.
De plus, notre rĂ©gion est riche de viticulteurs et dâagriculteurs qui pourront exporter leurs produits Ă moindre coĂ»t et en deux fois plus grandes quantitĂ©s quâauparavant. ConcrĂštement, cet accord commercial ouvrira un magnifique marchĂ© Ă nos producteurs qui bĂ©nĂ©ficieront en plus dâune protection adaptĂ©e aux particularitĂ©s de nos terroirs.
En effet, alors quâactuellement aucune appellation europĂ©enne nâest protĂ©gĂ©e au Canada, le CETA instaurera prĂšs de 143 indications gĂ©ographiques, dont 42 françaises. Lâhuile dâolive de Haute-Provence, le reblochon ou lâemmental de Savoie sont aujourdâhui mieux protĂ©gĂ©s quâauparavant. Je nâaurais jamais votĂ© pour cet accord sâil ne protĂ©geait pas notre identitĂ© culturelle: les services audiovisuels ont Ă©tĂ© exclus des nĂ©gociations et malgrĂ© tout ce qui a pu ĂȘtre dit, lâimportation de viande bovine Ă©levĂ©e aux hormones est interdite !
Reste un point de suspension sur lequel nous devrons ĂȘtre vigilants : le secteur bovin. Sâil reste sensible Ă cet accord, câest en grande partie la faute de la FNSEA qui a Ă©tĂ© incapable pendant les huit annĂ©es de nĂ©gociations (!) de dĂ©gager une position commune et dâĂȘtre force de proposition pour le secteur. Les clauses de sauvegarde inscrites dans le traitĂ© seront nĂ©anmoins opĂ©rationnelles en cas de distorsion du marchĂ©, et il faudra pousser au niveau europĂ©en pour que la Commission, Ă lâinstar du Canada avec son secteur laitier, prĂ©voit des modalitĂ©s financiĂšres afin dâaider la production bovine europĂ©enne.
Je note en conclusion que ce sont ces mĂȘmes partis dâextrĂȘme-droite, dâextrĂȘme-gauche et eurosceptiques qui accusent constamment lâEurope de ne pas protĂ©ger lâindustrie française, qui nâont pas votĂ© pour un accord qui nâa jamais aussi bien…protĂ©gĂ© nos produits.