Publié le 16 février 2021 à 11h00 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 14h55
Depuis 12 ans, Patrice Jérôme était à la tête de l’Organisme de défense et de gestion (ODG) Vins des Alpes du sud mais il a souhaité passer la main. Deux candidats s’étaient fait connaître avant son départ : Timotée Espitalier, viticulteur à Quinson et Gilles Delsuc à Pierrevert. Le duo gagnant lui succède sans grande surprise.
En cœur, ils expliquent que cette présidence en duo est une bénédiction compte tenu de la masse de travail que représente cet organisme. « Il y a beaucoup de représentation et de déplacements à faire pour promouvoir notre terroir, explique Timotée Espitalier. En étant deux on peut se répartir les rôles, nous sommes un bon binôme, qui s’entend bien. Moi pour l’IGP et Gilles pour l’AOP. Chaque appellation va donc pouvoir être parfaitement représentée. La vie syndicale m’a toujours intéressée car nous sommes en capacité de toucher au cahier des charges. Je me suis aussi beaucoup impliqué dans le programme Ampelo pour lequel j’ai participé à de nombreux voyages d’études. »
Des gros atouts à faire valoir
Concernant l’IGP Timotée Espitalier aimerait faire entrer des cépages résistants dans le cahier des charges. « Ils permettent de réduire les intrants et on a goûté des choses vraiment intéressantes notamment sur les rosés, précise-t-il. Il faut aussi gérer les plantations de vignes en IGP, cela doit rester contrôlé pour ne pas tuer le marché. On est dans une conjoncture difficile entre la crise sanitaire et l’augmentation des taxes américaines. On a déjà vu les prix baisser donc il ne faut laisser partir les choses à vau-l’eau. Il faut être raisonnable et, ça, c’est notre travail. »
Les deux nouveaux présidents louent le travail qui a été effectué par Patrice Jérôme, qui leur laisse une situation très saine avec de belles perspectives d’évolution. Une base sur laquelle ils comptent s’appuyer pour continuer à avancer. Vice-président de l’AOP, depuis 10 ans, Gilles Delsuc a pour objectif principal que les vins des Alpes du sud soient complètement intégré aux Vins de Provence. « Officiellement nous y sommes, rappelle-t-il, mais il reste encore quelques démarches pour que ce soit encore plus reconnu et totalement réglé. Il faut que ce soit bien établi. »
Nous allons pouvoir rivaliser avec les plus grands
Les deux vignerons veulent continuer à promouvoir les vignobles des Alpes-de-Haute-Provence et leurs appellations. « Normalement dans une ODG l’IGP et l’AOC ne sont pas mélangés mais comme on était petits on s’est regroupés, résument-ils. Nous avons de gros atouts à faire valoir, nous avons une vraie carte à jouer et nous commençons à avoir une image qualitative. Notre vignoble est petit mais a une véritable histoire. » Gilles Delsuc ajoute : « Nous avons un terroir d’altitude et avec le réchauffement climatique on tire notre épingle du jeu. En 1993, le raisin ne murissait pas autant, depuis 2003 il y a un vrai changement il y a vraiment les vins d’avant et ceux d’après. Nous allons pouvoir rivaliser avec les plus grands. »
Gilles Delsuc et Timotée Espitalier sont tous deux d’accord sur le fait que c’est un beau challenge à relever mais restent dans l’expectative quant à l’évolution de la situation pour savoir ce qu’ils vont pouvoir mettre en œuvre sachant que des opérations étaient déjà en projet mais ont été mises en suspens. L’ODG va apporter des outils de communication à ses adhérents et faire du lobbying pour défendre ses producteurs. «Il faut être malin, s’adapter et être réactifs avec cette conjoncture», conclut Timothée Espitalier.
A.G. pour L’Espace Alpin
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