Publié le 15 avril 2014 à 18h28 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h48
Un homme de paix vient de mourir. Ron Pundak, israélien, 59 ans, a consacré toute sa vie au service de la paix entre Israéliens et Palestiniens. Jeune universitaire, il a été, au début des années 90, un des deux initiateurs des accords d’Oslo. Il n’avait alors que 38 ans. Entre 2001 et 2012 il a dirigé le Centre Pérès pour la Paix. Pour Shimon Pérès, actuel Président d’Israël, il a été le sel de la terre, un combattant de la paix jusqu’à son dernier souffle. Ron Pundak a été au départ du Groupe d’Aix qui s’est réuni, pour la première fois à Aix-en-Provence en juillet 2002 en pleine Intifada. La vision partagée par les membres du Groupe est le rejet de l’idée «qu’il n’y pas de partenaire», et qu’il faudra attendre encore une ou deux générations avant d’aboutir à un accord. Pas pour Ron. Il a constamment œuvré à la recherche d’un compromis raisonnable entre les deux peuples, ne pouvant se satisfaire du « management du conflit ». La création du Groupe d’Aix a fait partie de ses initiatives, dont l’objectif a été la recherche constante d’une solution acceptable par les deux parties.
Le Groupe d’Aix, auquel Ron a consacré une grande partie de ses efforts, est animé par une triple conviction. En premier, le rejet du théorème de l’impossibilité. Pour beaucoup, aussi bien en Israël qu’en Palestine, la solution du conflit est impossible, et qu’il faudra se contenter, au mieux et au moins pour les prochaines générations, du management du conflit plutôt que sa résolution. Le Groupe pense, au contraire, qu’une solution raisonnable est possible, que les deux peuples méritent mieux que le sort qui est le leur actuellement. En second, Ron, avec tous ses amis du Groupe, était persuadé que les choix économiques effectués en 1994, dans le cadre du Protocole de Paris, n’étaient pas les bons et qu’il convenait de les redéfinir. C’est ce que le Groupe s’est attaché à faire, ces derniers mois.
Enfin, l’approche gradualiste adopté à Oslo en 1993, consistant à faire l’impasse sur les questions les plus sensibles du conflit (réfugiés, Jérusalem, frontières), en les reportant à l’issue de la période intérimaire de cinq ans, n’était pas la bonne. Pour ceux qui, avec Ron, souhaitaient aboutir à un compromis, il fallait au contraire, définir, dès le départ, la structure et le contenu d’un accord permanent.
En conclusion, laissons la parole à Ron Pundak et voici ce qu’il écrivait en janvier dernier, dans le cadre des travaux du Groupe d’Aix.
«Le concept « diviser et partager la terre pour la paix » peut être d’un bénéfice mutuel à la fois dans le long terme mais aussi pour aplanir certains des obstacles lors des négociations pour un accord entre deux États, par exemple concernant les questions des réfugiés et des implantations. Toutes les parties prenantes doivent admettre que la Palestine historique appartienne aux deux communautés. Pour cela, les Israéliens et les Palestiniens doivent accepter leur interdépendance, se reconnaître mutuellement, sur la base de leurs intérêts respectifs, en dépit de leurs différences religieuses, nationales, économiques et culturelles.»