Publié le 24 juin 2017 à 12h13 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h55
S’il fallait retenir une seule donnée de la 148e Assemblée générale de l’UPE 13, placée sous l’intitulé « Entreprendre – sport de combat », c’est bien le lancement de « The Choice » qui s’adresse aux jeunes de moins de 30 ans. L’opération, qui se veut pérenne, vise à coacher 100 jeunes de l’ensemble du territoire: «Nous voulons trouver chez eux des idées et de l’envie, à nous de leur donner avec des coachs les outils, les méthodes, les réseaux. Pour être le plus efficace possible, nous allons mobiliser l’UPE 13, bien sûr, mais aussi les chefs d’entreprise». Une initiative qui prouve que des choses bougent en France et que le patronat n’est pas à l’écart de ce mouvement. Les trois tables rondes qui ont précédé cette table-ronde n’ont pas manqué d’intérêt elles non plus, la première portait sur l’industrie en soulevant les cas d’Altéo avec Frédéric Ramé, son directeur; l’usine de biomasse de Gardanne avec Luc Poyer, président d’Uniper France et Piicto avec Jean Philippe Gendarme, directeur de Kem One et président de Piicto. Il a ensuite été question de Réinventer les centres-villes avec Fabienne Ferren, présidente de l’association des commerçants de Salon, Guillaume Pellegrin, fondateur I Lov’it Worklabs, Emmanuel Dujardin, président-fondateur de Tangram Architectes et Marie Bagnoli, vice-présidente de l’Upe 13 en charge du Commerce et de la dynamisation des centres-villes. Enfin a été évoqué la passion d’entreprendre avec David Sussman, président de Seafoodia, Johan Bencivenga, président de l’UPE 13 et Pierre Gattaz, président du Medef. Inimaginable voilà quelques années il a été question du bonheur des collaborateurs, d’entreprise libérée, d’amour et de passion… Tout un programme.
Johan Bencivenga apprend avec satisfaction que le vote est sans appel, à faire pâlir un député La République en Marche, 98,22% des votants ont adopté le rapport financier, de l’UPE13, 98,73 ont adopté le budget. «Ce qui se passe n’est pas banal, affirme-t-il, nous refusons de commenter les résultats politiques mais on ne peut occulter la séance politique que nous venons de vivre. Nous avons un président qui n’est même pas quadra, une start-up (La République en Marche NDLR) qui a vu le jour, il y a un an, qui est devenu leader sur le marché, l’apparition de nouveaux visages, un rejet du dogmatisme, une chance donnée à la société civile. La victoire d’un discours optimiste, capable de voir les problèmes mais aussi les potentialités. Les Français ont envoyé un message aux politiques mais aussi à l’ensemble des corps intermédiaires: Osez, libérez mais protégez». Avance que face à ce nouveau Président, deux attitudes sont possibles: «Soit nous nous posons en défenseurs de la cause entrepreneuriale soit nous proposons un mélange de dialogue, de propositions et d’actions sur la réforme du code du travail, la visibilité et la stabilité du cadre législatif ou encore la réduction des normes, nous en avons 400 000 aujourd’hui». Estimant: «Nous serons d’autant crédibles que nous serons exemplaires. Le monde change, nous devons aussi changer».
La table-ronde sur l’industrie voit Frédéric Ramé intervenir sur Alteo: «On n’a jamais autant entendu parler des boues rouges que depuis que nous n’en rejetons plus. Pour nous, les questions environnementales sont des plus importantes et nous travaillons avec toutes nos équipes pour régler les problèmes. Nous avons inventé de nouvelles technologies, nous les avons développés. Il faut savoir que, lorsque nous avons repris l’usine, notre première décision a été d’investir 30 millions pour réduire l’impact environnemental de notre production et nous avons réduit de plus de 99% nos rejets, nous poursuivons nos recherches pour aller plus loin. Nous nous apprêtons à faire du traitement complémentaire».
«Nous sommes confrontés à deux complexes, celui d’Obélix, nous serions trop gros, et celui d’Idéfix, on pleure dès qu’un arbre est coupé»
Luc Poyer évoque la Centrale de biomasse de Gardanne qui doit brûler 850 000 tonnes de bois par an, dont le tribunal administratif de Marseille vient d’annuler l’autorisation d’exploitation délivrée en 2012, estimant que son impact majeur sur les forêts du Sud-Est aurait été sous-évalué. «Nous avons répondu à un appel d’offres en 2010 dans le cadre des accords de Grenelles. Nous avons alors fait une proposition basée sur le modèle existant en Suède. Nous avons réalisé plus de 250 millions d’euros d’investissements, discuté avec les syndicats, participé à plus de 300 réunions de concertation, évolué sur la question de l’approvisionnement, suivi les recommandations. Tout cela pour arriver à cette décision de justice pour laquelle nous avons fait appel. Nous sommes confrontés à deux complexes, celui d’Obélix, nous serions trop gros, et celui d’Idéfix, on pleure dès qu’un arbre est coupé». «Certains, poursuit-il, ont cru que nous allions consommer 1/4 de la forêt méditerranéenne mais c’est faux, sur un gisement de 185 millions de tonnes nous n’en consommons que 167 000 tonnes». Jean-Philippe Gendarme aborde le dossier Piicto : «C’est un peu comme la fête des voisins, on ne se connaît pas, une manifestation nous permet de nous rencontrer et nous découvrons que nous avons des sujets d’intérêt commun. Piicto c’est cela, des entreprises qui se sont réunies autour de deux objectifs: l’emploi et l’emploi. Il s’agit, en effet, de consolider l’emploi d’une part et, d’en créer d’autre part».
Réinventer les centres-villes est l’objet de la deuxième table-ronde. Fabienne Ferren, Présidente de la Fédération des associations de commerces de Salon-de-Provence explique: «Pour qu’un centre-ville marche il faut qu’il y ait de tout puis, il faut une dynamique. Nous organisons quatre grandes manifestations par an. Pour cela, nous avons fédéré 5 associations qui regroupent plus de 250 adhérents». Guillaume Pellegrin, fondateur I Lov’it Worklabs, s’est installé sur le site d’Euromed à Marseille: «Il y a le métro, le tram, l’autoroute, c’est là où il faut être». S’il considère que beaucoup a été fait dans Marseille, il note: «Il faut encore mieux vivre la ville au quotidien, sortir, aller au spectacle, au musée, s’approprier le territoire, l’espace public».
«Le commerce fonctionne là où on peut passer d’une rue à l’autre»
Emmanuel Dujardin, président-fondateur de Tangram Architectes a œuvré à la semi-
piétonisation du Vieux-Port. Pour lui: «Marseille dispose de plusieurs centres-villes, le Panier est un centre historique, le centre culturel est lui en train de se déplacer vers le Fort Saint-Jean, le Mucem». Il évoque la rue de la République: «Elle a un statut particulier, il y a la partie Vieux-Port, la partie Joliette puis le milieu où, je ne suis pas sûr que le commerce soit la réponse unique. Cette partie centrale doit, à mes yeux accueillir des activités artisanales et la mixité, des bureaux…». «Le commerce, considère-t-il, fonctionne là où on peut passer d’une rue à l’autre, tel n’est pas le cas dans la partie centrale de la République». Marie Bagnoli, vice-présidente de l’UPE13 en charge de Commerce et de la dynamisation des centres-villes met en exergue que, si le monde change «les commerçants aussi, ils s’adaptent, sont connectés, travaillent énormément, sans compter leurs heures». Et d’annoncer: «Nous allons mettre en place un guide qui va répertorier tout ce qui manque dans nos centres-villes mais il ne s’agit pas de critiquer pour critiquer, nous allons proposer des solutions, leur coût et indiquer comment les mettre en place rapidement».
«L’entreprise n’est ni ne Droite ni de Gauche, le social n’est ni de Droite ni de Gauche, l’important c’est d’aller de l’avant»
Puis vient le temps d’évoquer la passion d’entreprendre. Pour Yohan Bencivenga: «Nous avons des valeurs qui peuvent être des repères en matière d’innovation, de créativité, de culture de la réussite». David Sussman, président de Seafoodia, crée son entreprise, la développe jusqu’au jour où la crise arrive. Il tombe alors sur un livre « l’entreprise du bonheur » dans lequel il est expliqué que le plus important dans une entreprise ce sont les collaborateurs. «J’ai pris conscience que la liberté et la responsabilisation peuvent créer la performance. Je me suis mis à la disposition de mes salariés. Il peut y avoir déviance certes mais son coût est moindre que celui du contrôle. Puis, nous travaillons sur les valeurs et les raisons qui font que l’on travaille. Nous avons également décidé de montrer au monde extérieur ce que nous faisons». Une intervention qui met en avant trois mots :Passion, famille et excellence. David Sussman explique: «Passion, car nous sommes passionnés par notre métier, nos engagements; famille, car animés par l’esprit d’entraide au quotidien ; et excellence, car constamment tournés vers l’excellence du produit, du service».
Pierre Gattaz va dans le même sens : «Une entreprise ne peut fonctionner que si les employés sont heureux mais aussi employables, c’est à dire que par la formation continue ils puissent, si l’entreprise rencontre des problèmes, rebondir ailleurs. Et,une entreprise ne peut pas durer en polluant, en maltraitant les salariés». Puis d’affirmer: «J’adore aller sur le terrain, on s’enrichit et nous devons être les porte-paroles de ces héros». Il en vient aux élections: «Je suis ravi de ce qui s’est passé il y a quelques semaines. L’entreprise n’est ni de Droite ni de Gauche, le social n’est ni de Droite ni de Gauche, l’important c’est d’aller de l’avant ». «A l’étranger, raconte-t-il, ils étaient nombreux à craindre une victoire de Marine Le Pen comme en témoigne les messages que nous avons pu recevoir qui ne manquaient pas de féliciter les Français pour la victoire d’Emmanuel Macron». Mais, prévient-il: «Si rien n’est fait dans 5 ans nous aurons un second tour Le Pen-Mélenchon. Il faut quelques réformes, si elles sont faites je ferais de la propagande à l’étranger pour notre pays. Nous avons un moteur de F1, si on le libère nous aurons 30 ans de bonheur devant nous. Mais il faut pour cela sortir de la situation insupportable dans laquelle nous sommes avec un taux de chômage de l’ordre de 10%, de 15% pour les jeunes, lorsque l’on sait qu’au Danemark il n’est que de 4%». Il affiche son optimisme: «Des réformes sont possibles car Emmanuel Macron a beaucoup expliqué ce qu’il voulait faire contrairement à François Hollande qui a été élu sur un non programme économique»
Michel CAIRE