Urgence Ă©conomique : la CPME 13 demande aux pouvoirs publics de faire cesser les blocages

Publié le 12 février 2020 à  10h08 - DerniÚre mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h47

Directement impactĂ©s par les multiples grĂšves et blocages, les dirigeants de TPE PME, les artisans et commerçants, dont la parole est portĂ©e par la CPME 13, tirent la sonnette d’alarme et souhaitent une intervention concrĂšte de l’État «pour faire face Ă  une situation Ă  la fois financiĂšrement dramatique et dangereuse pour la pĂ©rennitĂ© de leurs activitĂ©s.»

© Port de Marseille Fos
© Port de Marseille Fos
«Crise des gilets jaunes, blocage du port, grĂšves des transports, des Ă©boueurs… depuis 2018 les entreprises du dĂ©partement ont Ă©tĂ© lourdement impactĂ©es par les diffĂ©rents mouvements sociaux, et notamment le dernier en date liĂ© Ă  la rĂ©forme des retraites. Aujourd’hui, nos entreprises et notre Ă©conomie sont en pĂ©ril», dĂ©clare Corinne Innesti, administratrice et trĂ©soriĂšre de la CPME13, avant d’ajouter : «Depuis 15 mois maintenant, cette succession d’entraves Ă  la libertĂ© d’entreprendre cause des dĂ©gĂąts majeurs pour les entrepreneurs de notre territoire, dont certains seront irrĂ©versibles».

Une menace réelle pour le commerce de proximité

La CPME13 rappelle : «Les mouvements de grĂšve contre la rĂ©forme des retraites impactent sĂ©vĂšrement les commerçants des cƓurs de ville qui doivent faire face Ă  une chute de leur chiffre d’affaires de 15 Ă  30 %. Au niveau national, plus de 63 % des professionnels interrogĂ©s craignent pour la pĂ©rennitĂ© de leur activitĂ©, et a fortiori de l’ensemble des emplois impliquĂ©s, dans les trois Ă  six prochains mois». Luc Mengual, chef d’entreprise, propriĂ©taire de trois salons Jean Louis David Ă  Marseille exprime sa colĂšre: «En 20 ans d’activitĂ©, je n’ai jamais connu cela. Cela fait 58 samedis consĂ©cutifs que nous sommes directement impactĂ©s. J’ai dĂ©jĂ  licenciĂ© deux personnes, et je n’ai pas pu renouveler cinq contrats. A titre personnel, je ne me verse plus de salaire. On dĂ©nombre dĂ©jĂ  70 fermetures en centre ville. DerriĂšre ces chiffres, ces sont des collaborateurs au chĂŽmage, des familles dĂ©truites, des commerçants qui puisent dans leurs Ă©conomies ou leur Ă©pargne retraite pour s’en sortir». Pour Nicole Richard Verspieren, prĂ©sidente de l’association commerce 13, membre Ă©lue de la CCI Aix Marseille Provence: «Face Ă  cette situation, les pouvoirs publics ne peuvent se contenter d’accorder des plans d’étalement de crĂ©ance ou de reporter le paiement des Ă©chĂ©ances sociales. Si ces mesures sont louables, elles dĂ©calent les difficultĂ©s sans les rĂ©soudre opĂ©rationnellement». Si la CPME13 salue la dĂ©cision de la MĂ©tropole Aix-Marseille Provence de rĂ©quisitionner les Ă©boueurs grĂ©vistes pour assurer la continuitĂ© du service public, les dĂ©gĂąts en termes Ă©conomique et d’image sont irrĂ©versibles. Marie-Pierre Cartier, reprĂ©sentante de la FĂ©dĂ©ration Marseille Centre, d’ajouter: «Si le problĂšme des poubelles semble derriĂšre nous, le mal est fait. Les efforts dĂ©ployĂ©s depuis de nombreux mois pour redynamiser le centre-ville avec les animations ou la piĂ©tonnisation, sont contrariĂ©s. Les bienfaits de ces mesures, rĂ©clamĂ©es de longue date par la CPME13 et les commerçants, seront annihilĂ©s si les dĂ©sordres perdurent.» Et il est demandĂ© au prĂ©fet «de faire preuve de pragmatisme et de ne plus autoriser les manifestations dans les centres-villes et notamment dans les principales artĂšres commerçantes. Cette situation n’est plus supportable ni acceptable».

Blocage du port

Le blocage du port a gĂ©nĂ©rĂ© 50 % de baisse de trafic depuis janvier, «un prĂ©judice Ă©norme et sur le long terme». ConsidĂ©rĂ© comme «une prise d’otage Ă©conomique», le blocage du Port de Marseille Fos a Ă©galement entraĂźnĂ© des pertes importantes «qui sont aujourd’hui estimĂ©es Ă  prĂšs de 100M€, dont 33M€ de pertes pour l’économie portuaire et les transitaires». «Les sociĂ©tĂ©s impactĂ©es par les dysfonctionnements du port ne s’en remettront peut-ĂȘtre pas», affirme Jean-Yves Beateman, prĂ©sident de Batimex SAS, spĂ©cialisĂ©e dans le nĂ©goce d’articles pour la maison et le jardin. «La situation de blocage est catastrophique. Comme tous les chefs d’entreprise, tout ce que je demande c’est de continuer Ă  crĂ©er de la valeur et des emplois. Je veux qu’on ouvre le port ! Je veux rĂ©cupĂ©rer ma marchandise et pouvoir livrer mes clients. Je veux renforcer ma force de vente et embaucher du personnel. Je ne veux pas dĂ©poser le bilan !». La CPME 13 s’associe Ă  l’ensemble des entreprises dĂ©pendantes de l’activitĂ© portuaire «pour exiger du PrĂ©fet et de l’État qu’ils lĂšvent les blocages et garantissent la libertĂ© de travailler et d’entreprendre ainsi que la sĂ©curitĂ© des entreprises.» «Si nous sommes respectueux du droit de grĂšve, nous rappelons que les blocages sont illĂ©gaux. Nos entreprises, nos commerces veulent vivre, et non survivre. Nous exigeons le droit d’entreprendre librement et de ne pas laisser notre territoire et ses entreprises ĂȘtre sabotĂ©s par les actions dĂ©raisonnables de certains syndicats», conclut Corinne Innesti.
La rédaction

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