Publié le 27 janvier 2015 à 21h14 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h36
Le 27 janvier est une date à jamais gravée dans la mémoire de l’humanité. Il y a 70 ans, le 27 janvier 1945, vers 15 heures, les armées soviétiques ouvraient les portes du camp d’Auschwitz-Birkenau. C’était la révélation de l’horreur. Ce n’était pas encore une libération, car la plupart des survivants avaient été emmenés par les nazis dans une longue marche, la marche de la mort. Épuisés de faim, de froid, de maladies, ils vivaient leur dernier martyr dans les plaines glacées de Silésie. Vassili Grossman avait pu écrire : « Dante, dans son Enfer, n’avait rien vu de si atroce ». Vous, vous l’avez vécu.
Le monde, lui, découvrait l’extermination méthodique, programmée, scientifique, des juifs ; un crime qui n’avait pas de nom, tellement il était ignoble. Alors, un nouveau mot fut créé pour le désigner : la Shoah. La Shoah, le plus grand crime jamais connu et jamais commis dans l’humanité. Il fut perpétré en terre d’Europe, par le régime d’une des nations les plus civilisées de notre continent, et il trouva des alliés, des complices, jusqu’ici, en France, sous le gouvernement de Vichy.
Ce crime fut unique par son ampleur. 6 millions de femmes et d’hommes exterminés parce que juifs, et combien d’autres mis en esclavage, mis à mort, parce que tziganes, homosexuels, slaves, communistes, résistants, handicapés. 6 millions, parmi lesquels 1,5 million d’enfants ; trois quarts des juifs d’Europe, plus du tiers de la population juive dans le monde.
Ce crime fut unique par sa méthode, bureaucratique, industrielle. Les nazis avaient fait de «la solution finale», comme ils l’appelaient, un problème, qu’il leur fallait régler par tous moyens. D’abord dresser des listes, avec des millions de noms, pour que l’on sache qui étaient les juifs, comment les retrouver, et pour n’en laisser aucun de côté. Puis, les nazis sont allés, pas tout seuls d’ailleurs, les chercher ; ils les ont raflés, embarqués, entassés dans des wagons à bestiaux, puis les ont conduits vers les chambres à gaz. Voilà ce qui s’est passé en plein 20e siècle. Voilà ce qui fut.
Ce crime fut unique aussi par sa nature. Il s’agissait de détruire les preuves, que l’assassinat ait été commis par balles, comme en Ukraine, par camions à gaz, comme à Chelmno, ou dans des camps d’extermination, comme à Auschwitz, les mêmes précautions furent prises par les nazis. Il s’agissait de maquiller l’horreur pour qu’elle soit menée jusqu’à son terme ; pour qu’elle soit définitive. Tous les juifs devaient mourir, il ne devait plus rien rester de leur présence. Les cadavres étaient brûlés, comme au Moyen Âge, lors des grandes épidémies; les cendres dispersées pour qu’il ne reste aucune trace de l’abomination. Il s’agissait d’exclure les juifs de la société des humains pour les faire disparaître du passé, du présent et de l’avenir, et pour que soit rendu impossible le travail de deuil pour les éventuels survivants.
Robert Badinter évoque l’attente désespérée du retour de son père, et l’absence de résignation à sa disparition. Bruno Bettelheim ajoute que pour lui le deuil fut impossible : «Puisque certains sont revenus, pourquoi mes parents, à moi, ne reviendraient-ils pas un jour ?». Telle était sa question. Ils ne sont jamais revenus. Mais ici, au Mémorial de la Shoah, leurs noms figurent pour toujours. Ils n’étaient plus que cendres et fumée ; ils retrouvent, grâce à vous, une place dans l’éternité de la pierre.
Et vous, mesdames et messieurs, vous êtes les derniers témoins, infatigables, inconsolables, intraitables, et vous continuez de nous dire ce qui fut il y a 70 ans. Je veux ici vous exprimer toute ma reconnaissance, toute la gratitude de la nation, pour le travail -le mot est mal choisi- pour le devoir que vous vous êtes infligé, un de plus, pour témoigner, pour dire, pour raconter. Vous parcourez les villes et les écoles de France. Vous faites même encore et j’imagine ce que cela représente comme souffrance, le voyage vers Auschwitz, sur les lieux mêmes où vous fûtes déportés. Vous voulez montrer l’enfer à ceux qui ignorent qu’il a existé sur cette terre et, que vous l’avez connu. C’est Simone Veil qui dit que les déportés ne sont jamais sortis des camps, que leur esprit y est resté, et que la Shoah continue de hanter leur vie et leurs nuits. Alors, vous avez décidé de faire de votre cauchemar une leçon, une leçon pour les autres. Vous êtes le visage de l’humanité -le beau visage-, celle que les bourreaux voulaient supplicier, cette humanité, et c’est pourquoi l’écho de votre voix ne doit pas faiblir, parce que sinon, comme le disait Éluard, «nous périrons».
Je sais ce qui vous tourmente : qui parlera, qui parlera des camps, qui parlera de la Shoah quand vous ne serez plus là ? Je vous fais cette promesse, qui est un engagement : la République française n’oubliera jamais, et avec les documents, les témoignages que vous nous laissez, les livres, les textes, les enregistrements, et ce lieu qui est le vôtre, alors, nous n’oublierons jamais.
Le Mémorial de la Shoah est issu du Centre de documentation juive contemporaine dont la création, à Grenoble, dans la clandestinité en avril 43, fut, en tant que tel, un acte de résistance. Isaac Schneersohn, son fondateur, avait décidé, en pleine occupation, de rassembler les premières archives, de consigner les écrits, d’accumuler des preuves, pour qu’un jour la souffrance se transforme en mémoire, puis la mémoire en histoire. En 1956, le centre s’installe ici, dans le Marais, ce quartier du cœur de Paris, qui avait été pour les juifs du début du siècle un refuge, avant de devenir, dans les années 40, un piège, là où on est allé vous chercher.
Il y a 70 ans, le pire a été commis, il fallait donc qu’il y ait un mémorial. Le 25 janvier 2005, le président Jacques Chirac l’inaugurait, avec ce mur dédié aux 75 721 juifs qui furent déportés de France avec la complicité active de l’État français. Il avait commencé son discours, Jacques Chirac, par ces mots tirés de la Bible hébraïque : «Souviens-toi. N’oublie jamais.»
Le 21 septembre 2012, j’ai moi-même inauguré le Mémorial de la Shoah de Drancy. Drancy, cette ville d’où partaient les trains vers Auschwitz. J’étais entouré de jeunes venus des écoles de la Seine-Saint-Denis, à qui je lançais le même appel : ne jamais oublier, car ce serait insulter ceux qui sont morts dans les camps.
Aujourd’hui le Mémorial, et je veux en féliciter toute l’équipe, a pu rassembler 40 millions de documents, accueille 200 000 visiteurs chaque année, et organise une fois par an, à l’occasion de Yom HaShoah, la cérémonie de lecture publique des noms de tous les déportés juifs français. Cette cérémonie dure 24 heures, et en 24 heures il n’est pas possible de lire, même la moitié, des noms de ces innocents suppliciés.
Le Mémorial est dédié à la transmission, c’est-à-dire que c’est un lieu où il est expliqué – autant qu’il est possible, analysé – autant que nécessaire, le mal, et le poursuivre même, ce mal, dans ses moindres replis. Le Mémorial, c’est un lieu de vigilance, de clairvoyance, où on apprend que la mémoire est un engagement, un engagement contre toutes les haines, car le Mémorial commémore la Shoah, mais aussi tous les génocides, le 20ème anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda, et cette année il célébrera l’anniversaire du génocide des Arméniens.
Ce Mémorial porte la douleur, la vôtre, celle des survivants, mais elle porte aussi la responsabilité des vivants. Il exige donc, le Mémorial, le dépassement pour conjurer l’effacement, l’effacement qui serait le dernier crime des bourreaux avec cette interrogation terrible qui nous étreint encore aujourd’hui. Comment, après la Shoah, comment, après ce crime contre l’humanité, cette ignominie qui poussa la haine raciste de certains jusqu’à l’extermination de leurs semblables, comment l’antisémitisme peut-il encore ressurgir ? Telle est la question qui nous est une fois encore posée.
Pourquoi les juifs ont-ils le sentiment que jamais ils n’auront de repos ni de répit ? Péguy écrivait -c’était quarante ans avant la Shoah- : «Depuis cinquante siècles, les juifs vivent trempés dans la douleur». Ils vivent encore aujourd’hui dans la douleur. J’entends l’appel de ceux qui me demandent, nous demandent, quand cette malédiction finira.
Il y a trois semaines à Paris, quatre hommes sont morts dans un magasin casher pour le même motif qu’ont été raflées les familles du Vel d’Hiv’ en 1942, qu’ont été frappés les fidèles de la rue Copernic en 1980, qu’ont été assassinés les promeneurs de la rue des Rosiers en 1982, qu’a été torturé le jeune Ilan HALIMI en 2006, qu’ont été massacrés les enfants de l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012. Parce qu’ils étaient juifs. Ils sont morts, non pour ce qu’ils avaient fait, mais pour ce qu’ils étaient : juifs. Et ils sont encore quatre noms qui doivent s’ajouter à ceux, si nombreux, inscrits sur ce mur de la mémoire.
La montée des actes antisémites est depuis plusieurs années une réalité insupportable. Leur nombre aurait doublé l’année dernière : agressions, incivilités, vandalisme. Ce fléau conduit, je le sais, certains juifs à s’interroger sur leur présence en France. La France à laquelle ils ont donné tout leur cœur, et dont ils ont ressenti profondément au cours de leur vie, les joies et les tristesses. Cette France qui les aime, comme elle aime tous les enfants de la République, mais cette France où parfois, ils ne se sentent plus en sécurité. Et ce doute, cette interrogation est une blessure, une blessure terrible pour la République, qu’elle doit soigner, qu’elle doit traiter.
Vous, Français de confession juive, votre place est ici, chez vous. La France est votre patrie. Vous lui avez donné votre talent, votre travail, votre courage et parfois votre sang. Notre pays ne serait plus la France s’il devait vivre sans vous, et si le terrorisme vous conduisait à vous éloigner de la terre de France, de la langue française, de la culture française, de la République française qui a émancipé les juifs, alors le terrorisme aurait atteint son but.
La responsabilité des autorités de la République -elles sont ici présentes, toutes rassemblées- est donc de tout faire, pour que les juifs soient pleinement chez eux, en France, pour que jamais ils ne s’y sentent menacés ou isolés. Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer : l’antisémitisme. Il a changé de visage mais il n’a pas perdu ses racines millénaires. Certains de ses ressorts n’ont pas changé, hélas, dans la nuit des temps. C’est toujours le complot, le soupçon, la falsification, mais aujourd’hui il se nourrit aussi de la haine d’Israël.
Il importe les conflits du Moyen Orient, il établit de façon abjecte la culpabilité des juifs dans le malheur des peuples. Il entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire. Alors face à ces menaces, il nous faut des réponses, des réponses fortes, des réponses adaptées.
La première, c’est la sécurité. Le gouvernement de Manuel Valls a pris les dispositions qui convenaient pour que les synagogues, les commerces, les écoles, les centres culturels de la communauté juive soient protégés. Il y a même eu une présence de militaires pour assurer cette protection. Mais je sais aussi l’amertume et la colère que cette présence inspire à beaucoup d’entre vous. Comment en 2015, comment accepter qu’il faille des soldats en armes pour défendre les juifs de France ? C’est nécessaire et nous le faisons, et nous le ferons aussi longtemps que ce sera demandé.
Je veux aller plus loin en améliorant la visibilité et l’efficacité des sanctions, ce qui supposera de généraliser la caractérisation raciste et antisémite comme circonstance aggravante d’un délit, et de sortir la répression de la parole raciste et antisémite du droit de la presse, pour l’intégrer au droit pénal général. Et pour que la sanction soit l’occasion d’une prise de conscience, les peines alternatives à valeur pédagogique exemplaires seront développées.
La deuxième réponse, c’est la transmission, c’est la connaissance. C’est le rôle de l’école. Je veux redire ma confiance à l’égard des professeurs, des enseignants de notre pays. Ils font leur travail. Nous devrons les aider à le mener à bien, et partager avec eux pour traiter les inquiétudes que leur inspirent les événements récents. Comment des élèves ont-ils pu, le 9 janvier dernier, briser l’unité du recueillement ? C’est une nouvelle alerte parmi d’autres, et elle nous oblige.
L’un des instruments pour désamorcer cette ignorance, c’est l’enseignement de l’histoire de la Shoah. Elle est au programme de l’école, du CM2, de la 3e, de la 1ère ; elle doit pouvoir être enseignée sans aucune restriction. Il y a aussi un certain nombre d’événements qu’il nous faut renouveler : le concours national de la Résistance et de la Déportation, dont je remettrai les prix le 8 mai prochain à l’occasion des cérémonies du 70e anniversaire de la défaite du nazisme. Ce prix, ce concours, existe depuis 1961. Il doit être renouvelé, rénové et je souhaite qu’il puisse y avoir une mission qui soit conduite pour en assurer la pérennité.
Le Mémorial doit prendre aussi toute sa part. Il accueille près de deux mille groupes d’élèves du primaire, du collège et du lycée, et je sais qu’aujourd’hui il y a les élèves qui travaillent sur la Shoah, dans la préparation, précisément, du concours de la Résistance. La transmission, la connaissance, le savoir, que rien ne soit laissé dans l’ombre. Pire ! Que rien ne puisse être interprété.
La troisième réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement.
L’Union des Anciens Déportés et l’Union des étudiants juifs de France lancent aujourd’hui même un appel contre le négationnisme sur Internet. Il s’adresse aux grands opérateurs, nous les connaissons. Ils ne peuvent plus fermer les yeux, ou alors ils seront considérés comme complices de ce qui se diffuse. La France soutiendra cet appel et cet après-midi, je serai à Auschwitz, et je demanderai aux représentants des gouvernements qui seront présents, de s’y joindre également.
A partir de ces principes -sécurité, transmission, régulation du numérique- je souhaite que le gouvernement présente, d’ici la fin du mois de février, un plan global de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Le 11 janvier dernier, après ce qui s’était produit dans notre pays, cet attentat sur trois jours, qui a touché des journalistes d’abord, des policiers ensuite, des juifs enfin, nous étions des millions à témoigner que la France se tenait droite face à ceux qui voulaient la faire plier. Il y avait des dirigeants venus du monde entier, qui attestaient avec nous, que la France, lorsqu’elle était agressée, n’était jamais seule. Notre réponse, ce fut la fierté, la dignité et l’unité.
Nous sommes à proximité de l’allée des Justes qui longe ce Mémorial, la leçon des Justes, ce n’est pas simplement le courage, c’est la lucidité, et c’est la responsabilité, la dignité. Toutes ces valeurs que la France a portées. La leçon des Justes, c’est qu’il existe toujours une autre voie que celle de hurler avec la meute ou de rester indifférent. La leçon des Justes, c’est que l’individu, même seul, n’est pas sans pouvoir, n’est pas sans devoir, le message des Justes est beau, il est fort, et ce sont les femmes et les hommes qui font le monde tel qu’il est, et qui peuvent donc le changer.
La leçon des Justes, c’est que la France avance quand elle est rassemblée autour de ses valeurs ; rassemblée, unie, ce qui n’empêche pas les différences, elles sont légitimes, n’écarte pas la diversité, elle est salutaire, le débat démocratique, il est nécessaire. Mais au-delà de tout, il y a la République, une et indivisible. Alors, à tous nos concitoyens, à vous, à vous qui êtes les témoins, je veux vous dire que la France protègera tous ses enfants, qu’elle ne tolèrera aucune insulte, aucun outrage, aucune profanation. Cela vaut pour tous les cultes, cela vaut pour toutes les convictions, toutes les consciences, et je salue ici les représentants de l’islam de France qui se joignent à nous.
Les actes antimusulmans se sont également multipliés ces dernières semaines. Et chaque fois qu’une femme, un homme, un enfant est victime d’une agression pour ce qu’il pense ou ce à quoi il croit, c’est une atteinte à ce que notre pays peut représenter aux yeux du monde. Ensemble, nous sommes la France, celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui a proclamé à la face du monde : nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, et la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme.
Les nations démocratiques ont fait le choix d’inscrire le 27 janvier dans la mémoire de l’humanité, qu’ont-elles voulu dire ? Que le 27 janvier, c’est un événement universel, qui ne concerne pas que les juifs, mais qui concerne le monde entier.
Les nations ont voulu aussi rappeler à tous les peuples où conduisait l’intolérance, qu’elle pouvait les frapper tous. C’est Frantz Fanon, le philosophe anticolonialiste, qui eût cette phrase : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous ». La mémoire des crimes contre l’humanité n’appartient à personne, elle est notre héritage commun. Pour comprendre la barbarie – vous, vous l’avez vue en face, il faut savoir la reconnaître partout où elle est, et ceux qui prétendent nier une souffrance, au nom d’une autre souffrance ne sont jamais du côté des victimes, mais toujours avec les bourreaux.
Dans l’un de ses plus beaux livres, Patrick Modiano, le Prix Nobel de littérature, dans ce livre qu’il avait dédié à Dora Bruder, jeune fille disparue dans la nuit des camps, écrivait ceci : « Il faut longtemps, très longtemps, pour que ressurgisse à la lumière ce qui a été effacé ». C’est cette lumière que vous nous redonnez ici au Mémorial, vous, les anciens déportés, vous, les témoins, vous aussi, les acteurs de la transmission. Et c’est cette lumière que nous devons porter tous ensemble, contre les nuits qui menacent, qui menacent encore, qui menacent ici, qui menacent partout, mais nous sommes là.