Publié le 7 février 2017 à 20h14 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h52
Dans le monde des courses hippiques, il y a des noms qui parlent… Entre autres Zarkava, Dalkhani pour le plat mais aussi Une de Mai, Ourasi ou Roquépine pour le trot! L’énoncé de ces cinq noms fait se dresser les poils sur les bras de turfistes. N’allez pas chercher plus loin la raison pour laquelle, à Tavel, le nom de Roc Épine est associé au Domaine Lafond… «Mon père était passionné par les chevaux de course, se souvient Pascal Lafond. En 1970, lorsqu’il crée la nouvelle cave du domaine, en hommage à cette jument hors pair, il transforme le nom de Roquépine en Roc Épine pour lui donner un petit tour provençal sur les étiquettes où figure aussi sur le blason la croix de Lorraine sur fond jaune. C’était la casaque de l’écurie Levesque à laquelle appartenait la jument qui, a gagné trois années consécutivement, en 1966, 67 et 68, le grand prix d’Amérique… » La culture de la gagne fait donc partie de l’ADN des Lafond et si la trotteuse Roquépine était belle aux allures sur les champs de course, les vins qui sont produits dans cette cave au cœur de Tavel ont, eux, fière allure et grande personnalité au moment de la dégustation. La vie du Domaine Lafond-Roc Épine, domaine familial par excellence, est rythmée par de grandes décisions. En 1978, Pascal décide de rejoindre son père ; ils vont développer la commercialisation des vins du domaine en bouteilles. Ils augmentent progressivement la superficie de leur vignoble sur les terroirs des appellations Tavel, Lirac et Côtes du Rhône. Et en l’an 2000, pour fêter le millénaire, la famille s’offre un peu plus de 3,5 hectares de l’autre côté du Rhône, à Châteauneuf-du-Pape. En 2009 ils entament la conversion en bio de leurs terres même si, comme le confie Pascal «cela faisait bien dix ans que nous maîtrisions les traitements… » Il y a deux ans, Jean-Baptiste, l’un des deux fils de Pascal Lafond, a rejoint son père, bac S et BTS en poche. François, le deuxième fils, termine lui aussi un BTS et effectue ses stages… Au Domaine ! «Avant de nous rejoindre, nous confie son père, je pense qu’il va aller faire un petit tour dans les vignobles du monde… C’est important d’aller voir ce que font les autres.» Cet esprit de famille qui ne semble pas souffrir de problèmes, est vraisemblablement à la base de la qualité de la production du domaine. Quatre appellations, sept références, environ 3 600 hectolitres élaborés chaque année dont un peu moins de la moitié en Tavel. Un Tavel décliné en deux références : Domaine Lafond Roc Epine et l’Esprit de Roc Epine, ce dernier ayant été élevé pendant quelques semaines en barriques. Le premier est remarquable et représente, à notre avis, l’archétype de cette appellation. La matière est bien présente, avec des arômes confits, nuancés de fruits secs et fraises, et le vin est d’une belle élégance. Pas une once de lourdeur à la dégustation et beaucoup de plaisir. L’ensemble de la gamme est marquée par la finesse et les beaux arômes mis en valeur par une vinification soignée. Pour terminer, notre coup de cœur pour le rouge est allé à la cuvée «La Ferme romaine» en Lirac, à base de vieux grenache majoritaire, syrah et d’un peu de mourvèdre, des raisins qui s’épanouissent sur un sol sableux et de galets roulés. Un vin charpenté, avec des arômes de cerises noires, d’épices et des nuances vanillées ; puissance et élégance pour le 2013 pour accompagner les mets concoctés spécialement pour cette dégustation par Julien Allano (Le Clair de la Plume, hôtel de charme en Provence, à Grignan).
Michel EGEA