Publié le 25 mars 2021 à 19h25 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h44
«Dans ce temps de crises, il nous faut avancer debout et pour avancer debout ce compagnonnage avec le Camp des Milles nous est extrêmement précieux», a souligné Eric Piolle, maire de Grenoble, lors de sa venue ce mercredi au Site-mémorial du Camp des Milles.
Accompagné d’une importante délégation d’élu-es, d’agent-e-s et de représentant-e-s associatifs, le maire de Grenoble a signé avec la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, représentée par son Président Alain Chouraqui, une nouvelle convention de partenariat renforcée, à laquelle est associé le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la ville, représenté par Nicolas Kada son vice-président.
Cette signature était précédée de la visite du Site-mémorial. La délégation a pu découvrir les parties historiques et mémorielles du site. Puis, Alain Chouraqui a explicité le Volet réflexif et citoyen du Site-mémorial, dispositif unique dans un lieu de mémoire, qui présente, à partir de l’histoire du camp et de la Shoah, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires permettant de mieux comprendre les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité, effet de groupe…) qui ont conduit et peuvent encore conduire au pire, tout en montrant que les résistances à ces engrenages sont toujours possibles.
La délégation s’est notamment arrêtée devant le Mur des Actes Justes, qui présente la diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractères génocidaires du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis au Rwanda. Un contrepoint de reconnaissance et d’espoir à la fin du parcours muséographique. Une manière de souligner que «chacun peut résister, chacun à sa manière… »
«Grenoble est Ville Compagnon de la Libération, cela nous donne une responsabilité»
«Nous sommes là dans un fil conducteur de notre histoire. Cette visite est marquante», a déclaré Eric Piolle. Et d’ajouter : «Grenoble est Ville Compagnon de la Libération, cela nous donne une responsabilité. De nous saisir de notre destin, de résister, où qu’on en soit dans le processus. C’est cette convergence forte qui nous a fait nous retrouver avec la Fondation du Camp des Milles».
Et Nicolas Kada, d’ajouter : «Nous portons tous cette hésitation permanente : qu’aurions-nous fait ? Nous portons collectivement des paris et des défis communs. Et ce qui nous réunit tous ici c’est qu’on fait tous le pari de l’humain».
La signature de cette convention pour trois ans avec la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Education va permettre de poursuivre et développer auprès de tous les publics grenoblois des actions de sensibilisation et de formation afin de faire vivre les devoirs de mémoire et de transmission, mais aussi d’éducation à la citoyenneté, en particulier dans le domaine de la prévention des extrémismes identitaires et de la lutte contre les racismes et l’antisémitisme.
«Pour ne pas basculer, il ne faut plus rien laisser passer»
«L’histoire nous apprend que les extrémismes identitaires sont à l’origine des plus grands drames de l’histoire. Notre démocratie est sur une ligne de crête. Et sur cette crête, les vents mauvais soufflent fort. Aujourd’hui, pour ne pas basculer, il ne faut plus rien laisser passer. Notamment sur Internet», a rappelé Alain Chouraqui.
Les actions portées conjointement par la ville de Grenoble et la Fondation concerneront en particulier des agent-es du CCAS et de la municipalité de Grenoble, des élu-es, des jeunes grenoblois-es et des agent-es de la Police Municipale – parfois ensemble au Camp des Milles -, des encadrant-es de proximité de la Ville, des associations, des professionnel-les en contact avec les enfants et les jeunes dans le cadre périscolaire et dans les clubs sportifs.
Cette journée s’inscrivait donc pleinement dans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme.
Jean EYGUESIER