Publié le 10 septembre 2020 à 18h38 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h12
Le Préfet de police des Bouches-du-Rhône Emmanuel Barbe a tenu à visiter officiellement le Site-mémorial du Camp des Milles ce jeudi 10 septembre, et à déposer une gerbe de fleurs devant le Wagon du souvenir des déportations. Il a été accueilli par le Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, Alain Chouraqui, avec lequel il s’est longuement entretenu des enjeux de mémoire et d’éducation aux valeurs de la République. La présence de M. le Préfet de Police intervient un jour hautement symbolique : c’est en effet un 10 septembre qu’en 1942, le dernier convoi au départ des Milles à destination d’Auschwitz via Rivesaltes puis Drancy quittait le camp avec, à son bord, 422 internés. Entre le 11 août et le 10 septembre, cinq convois ont conduit près de 2 000 hommes, femmes et enfants depuis Les Milles vers l’assassinat d’Auschwitz. Uniquement parce qu’ils étaient juifs. C’est d’ailleurs cette date symbolique qui avait été choisie en 2012 pour l’inauguration du Site-mémorial par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, accompagné d’une importante délégation ministérielle et en présence de nombreux ambassadeurs et consuls, 70 ans après les déportations. Depuis son ouverture au public, la Fondation du Camp des Milles a accueilli plus de 800 000 personnes, dont environ 400 000 jeunes. Elle mène un travail de mémoire et de formation à destination de tous les publics, enseignants, sportifs, syndicalistes, fonctionnaires, prisonniers, et personnes en position d’autorité comme les élus, les magistrats, les forces de l’ordre… afin d’apporter, par le recul de l’histoire et des sciences de l’homme, des clés de compréhension sur les mécanismes individuels, collectifs et institutionnels qui peuvent mener au pire mais aussi sur les possibilités d’y résister. Les racismes, l’antisémitisme et les extrémismes restent des phénomènes présents et dangereux pour la société contre lesquels il est plus que jamais nécessaire de lutter avec fermeté, comme l’ont rappelé Emmanuel Barbe et Alain Chouraqui. Le Préfet de police des Bouches-du-Rhône déclare: «L’histoire du camp des Milles, et la muséographie qu’il héberge aujourd’hui, doivent nous appeler à une vigilance de tous les instants. Le processus qui a conduit, un 10 septembre, celui de 1942, à ce que 400 personnes, suivant le sort de millions d’autres dans toute l’Europe, soient envoyées, au motif de leur appartenance religieuse, dans des wagons à bestiaux, vers l’internement ou les chambres à gaz d’Auschwitz, a commencé bien avant 1942. Il s’est agi d’un délitement progressif de toutes les valeurs morales et démocratiques, et des mécanismes politiques et juridiques qui assuraient leur respect. En tant que représentant de l’État, je n’oublie pas les paroles du Président de la République, Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Vel d’Hiv : « Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français »». Alain Chouraqui rappelle encore: « L’histoire alerte le présent contre l’engrenage des intolérances et des violences qui peut mener au pire. Mais l’histoire nous apprend aussi que chacun d’entre nous peut y résister, chacun à sa manière, chacun dans ses fonctions ».
La rédaction