Publié le 21 janvier 2019 à 8h34 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h44
C’est un discours résolument offensif que Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Marseillle-Provence a prononcé lors de ses vœux à la presse. Il affiche sa volonté de voir la team CCI «avec ses 100 chefs d’entreprise élus et ses 290 salariés conforter le tissu et être le premier accélérateur économique de nos entreprises». «Nous voulons hisser Aix-Marseille-Provence, poursuit-il, au rang des grandes places financières françaises et méditerranéennes». Des propos nourris par le terrain indique-t-il avec quelque 20 500 entreprises rencontrées l’an dernier soit 39 351 depuis le début de la mandature «sachant que nous nous sommes engagés, au cours de celle-ci, à en rencontrer 60 000», annonce-t-il. Dans le cadre de la loi Pacte, Jean-Luc Chauvin exprime son ambition de voir la plus vieille chambre au monde conforter sa position d’acteur de la transition du territoire: «Nous sommes reconnus comme l’agence du développement économique de la métropole, nous allons être le Parlement de l’économie». Une métropole dont il souhaite la fusion rapide avec le département des Bouches-du-Rhône. «Et la CCI amplifiera ses efforts pour accueillir les sièges de grandes entreprises et de leur Recherche et Développement en nous appuyant sur le crédit impôt recherche et la bonne image de notre région». Dès à présent, la CCIMP n’entend pas passer à côté du Grand débat national. Nous serons «le porte-parole des 105 000 entreprises du territoire dans la cadre de la concertation citoyenne souhaitée par le Président de la République», précise-t-il. Pour cela une plateforme d’expression en ligne va être mise à disposition des chefs d’entreprise. Une initiative pour laquelle la Chambre a déjà reçu le soutien de l’UPE 13, la CPME 13, du Gepa (Groupement des entrepreneurs Provence Aix), du Club de l’immobilier Marseille Provence, des Femmes chefs d’entreprises, de plusieurs pôles d’activité et fédérations professionnelles. «Ils vont relayer cette initiative auprès de leurs membres. Il faut que l’on ait l’expression la plus large pour dire ce que l’on veut que la France soit. Nous proposons d’ailleurs aux autres CCI de notre région d’utiliser notre plateforme», explique le président de la chambre de commerce.
«Nous exigeons que la Taxe qui nous est retirée soit rendue aux entreprises»
Et de profiter de l’occasion pour lancer un message au Gouvernement: «En 2010, à partir des taxes payées par les entreprises, nous percevions 52M€, en 2019 nous aurons 20M€ de moins. Nous sommes prêts à des efforts supplémentaires. Nous sommes d’accord pour nous transformer tout en maintenant notre niveau de service. Mais alors, nous exigeons que la Taxe qui nous est retirée soit rendue aux entreprises, à toutes les entreprises de France ». Il annonce à ce propos que la CCI, pour trouver de nouveaux fonds «peut se positionner sur la gestion d’équipements publics, travailler avec des communes, la métropole, sur de grands projets». Avant de prévenir qu’en 2018 comme en 2019, la CCIMP sera opposée «à toute diminution du foncier économique». Il en vient au mouvement des gilets jaunes: «Nous sommes là face à une vraie crise de société. En 2011, je parlais de la question des travailleurs pauvres comme d’un sujet majeur. C’est cette crise que nous vivons aujourd’hui. Des personnes travaillent, des retraités ont travaillé et ne vivent plus dignement. C’est le fruit de 40 ans de réponses non concrètes. Et c’est bien pour cela que nous nous inscrivons dans le Grand débat. Une entreprise, et c’est encore plus vrai pour les TPE/PME, est le premier niveau de cellule sociale dans notre pays. Il faut une baisse des charges et une plus large redistribution en salaire pour redonner du pouvoir d’achat. C’est un nouveau contrat social qu’il faut bâtir». Il évoque également la tragédie de la rue d’Aubagne: «C’est un drame humain. Nous avons pris place discrètement dans le dispositif en mettant à disposition nos locaux, rue Beauvau, à la cellule d’accueil». «Le problème auquel nous sommes confrontés, poursuit-il, n’est pas un problème marseillais mais un problème français. On a donné avec la décentralisation le pouvoir d’urbanisme aux élus locaux alors qu’il faut du recul sur ces dossiers. Et, depuis 1981, on assiste à un « émiettage » en matière d’urbanisme plutôt qu’à une construction de la Ville sur la Ville ce qui conduit à peu rénover. Alors que si on reconstruit la Ville sur la Ville là, il y a possibilité de construire des mètres carrés supplémentaires et donc de financer les travaux ».
«Nous comptons 142 mentors déclarés pour 57 tandems constitués»
Ceci posé, Jean-Luc Chauvin avance: «Les entreprises connaissent principalement des difficultés dans le recrutement et le financement. Nous allons donc renforcer nos actions dans ces deux domaines». La Chambre a permis, en partenariat avec le Département, à 578 bénéficiaires du RSA de trouver un emploi sur le territoire. «Pour autant, en 2019, nous devons faire encore mieux d’autant que les besoins de nos entreprises sont importants et que de nombreux secteurs sont en tension» signifie-t-il. Il met en exergue l’action entreprise en matière de mentorat: «Nous comptons 142 mentors déclarés pour 57 tandems constitués. Il faut une montée en puissance des porteurs de projet et des mentors pour parvenir à 400 tandems en 2019». En ce qui concerne le financement, il rappelle : «Nous sommes là pour accompagner les entreprises, leur développement, à toutes les étapes de leur vie». Et, dès le mois d’avril, afin de faciliter leurs démarches, les équipes marseillaises de la CCI seront regroupées au Palais de la Bourse. De même «le délai de réponse de nos experts sera raccourci à 5 jours alors qu’il peut aller jusqu’à 20 jours actuellement». Il annonce également le renforcement de la démarche «d’achat local, business local». Mais le succès de l’économie locale passe par l’international. Il se réjouit à ce propos de l’ouverture de 21 nouvelles lignes sur l’aéroport Marseille-Provence dont celle sur Moscou: «un Hub pour accéder à la Chine et à l’Inde. Mais il faut aller plus loin , ouvrir d’autres lignes sur New York, Shanghai mais aussi l’Afrique francophone, je pense notamment à Addis-Abeba qui est un Hub pour cette partie de l’Afrique». Mais là n’est pas le seul point qu’il soulève à propos de l’aéroport: «Les entreprises attendent des résultats en matière de mobilité. C’est notamment le cas pour la desserte de l’aéroport et la gare TGV de l’Arbois. On annonce une forte évolution du transport aérien d’ici 2035. Nous n’en bénéficierons pas pleinement sans un système de transport rapide entre l’aéroport et les principales villes du territoire». Concernant le Grand Port, il indique:«Nous allons travailler sur la transition énergétique et numérique. Nous avons pu la vérifier, à San Francisco, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas possible ici».
Michel CAIRE