Vœux de Benoît Payan, maire de Marseille : «  Au moment où certains réduisent la voilure nous avons décidé de faire le contraire »

La veille de l’événement festif  qui s’est tenu ce samedi 11 janvier à l’Hôtel de ville où le maire de Marseille et son équipe municipale ont invité toutes les Marseillaises et tous les Marseillais, à célébrer la nouvelle année lors d’un événement festif et familial, Benoît Payan  a présenté ses vœux à la presse. Occasion, pour lui d’évoquer les grands dossiers de Marseille : plan école, logement, sécurité, tranquillité, centre-ville, adaptation et lutte contre le changement climatique, culture … sans oublier le budget de l’État, son impact sur les finances des communes.

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Benoît Payan, maire de Marseille (Photo Joël Barcy)

Benoît Payan en évoquant  l’avenir, ne pouvait que répondre aux questions relatives aux futures élections municipales. Il considère que «l’heure est au travail, celui des élections viendra après mais nous allons vers cette échéance avec une boussole, conviction et détermination. » Concernant un rapprochement avec Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille Provence,  le maire lâche : «Il n’y a pas de pacte électoral. La population veut que la ville avance. La politique politicienne ne l’intéresse pas. Nous avons eu des différences de vue marquées et marquantes avec la métropole. Nous nous sommes battus puis, à un certain moment, on voit des avancées et moi je prends tout ce qui avance. Quand la métropole vote 40 millions d’euros pour Marseille, je mesure qu’elle n’était pas obligée de le faire et je prends cet argent qui va dans la poche des Marseillais. » Le maire de Marseille insiste également sur la menace RN : « Il y a une crise sociale, économique, climatique. Tous les ingrédients sont réunis pour que le RN puisse se développer. Cela existe partout dans le pays et cela existe à Marseille. Alors je me trouverai toujours là pour que cette ville soit rassemblée et non divisée, je me mettrais face au RN ». Concernant LFI le propos est plus bref : « Je ne suis pas dans les histoires d’accords électoraux. Tout ce qui m’intéresse c’est l’intérêt de la population. Je laisse la politique politicienne à ceux qui veulent en faire. »

Benoît Payan  ne cache pas ses ambitions pour Marseille mais il n’oublie pas la menace que fait peser le budget de l’État sur les finances de la commune.  « Je ne veux pas payer pour les erreurs du gouvernement. Le budget de Barnier aurait représenté pour Marseille la perte d’une somme équivalente à l’intégralité du budget de la police municipale et à l’intégralité du coût de la restauration scolaire. Alors, on peut comprendre qu’il faille faire des efforts mais demander de tels efforts aux villes est inadmissible quand l’État n’est pas capable de gérer, de faire des économies sur son fonctionnement alors qu’il a matière à faire», assène-t-il avant de préciser : «Les villes sont des amortisseurs de crise. Si l’État les met en difficulté le pays sera à genoux. Le moment est venu de faire confiance aux villes, de leur donner les moyens de travailler. Les villes ont montré qu’elles étaient capables de faire plus avec moins. Et nous sommes une des seules villes de France à voir sa note financière améliorer au moment où celle du pays baisse. »

« Au moment où certains réduisent la voilure, poursuit Benoît Payan,  nous avons décidé de faire le contraire. Au moment où la situation budgétaire est le plus calamiteuse il nous paraissait impensable d’entrer dans une phase d’austérité et de ne plus être ce que nous devons être : des boucliers, une ville qui protège, une ville qui respecte, qui tient ses engagements et qui continue à faire de Marseille une ville où le service public prospère, se développe. Car le service public c’est le patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas. » Dans ce cadre le maire annonce : « Nous ouvrons en 2025 un nouvel accueil de jour municipal muni de douches pour les plus démunis ainsi qu’un nouveau centre d’hébergement municipal. Nous augmentons le budget d’action sociale et ouvrons une maison sport santé dans le 5e arrondissement et, dans le 14e une maison de la santé dans les locaux de la bastide Massenet ». Il s’inscrit dans l’héritage des JOP  et dévoile : « Le stade nautique du Roucas Blanc va ouvrir ses portes aux enfants. Quand nous sommes arrivés en mairie la voile était réservée à une centaine d’enfants. Les stages voiles ont concerné 4 500 enfants en 2024 et vont concerner 5 000 enfants en 2025  et 7 000 l’an prochain. Dès cet été  nous allons ouvrir le site au grand public. »

Le maire  aborde ensuite le plan école : « On part de loin et je remercie l’État pour son soutien. Ce plan est essentiel car c’est à l’école que l’on apprend à grandir, que l’on apprend l’altérité et je ne peux accepter qu’un seul petit soit laissé sur le carreau. Cette année 18 écoles ont ouvert et il y en aura 4 de plus en 2025. » Met en exergue les kits scolaires gratuits : « Ils sont pour tous les enfants et seront de plus en plus fournis. Pour cela nous travaillons avec les parents d’élèves, les enseignants et enfants ». Évoque le prix de la cantine: « Nous ne répercuterons pas l’augmentation des coûts, le tarif restera identique ». Et il annonce  le développement d’activités pendant les vacances et propose des colonies à moins de 10 euros.  Les seniors ne sont pas oubliés : « Nous lançons un PassSenior qui permettra à 200 000 Marseillais de plus de 60 ans qui en feront la demande de bénéficier  d’offres particulières. »

Doubler les effectifs de la Police municipale

La sécurité à Marseille, fer de lance des ministres de l’Intérieur qui se sont succédé, Benoît Payan  entend bien apporter sa pierre dans cette lutte. « Nous allons doubler les effectifs de la Police municipale d’ici 2026 ce qui permettra de mettre en place une sectorisation avec un pilotage permanent sur le Vieux-Port. Une sécurité qui sera également renforcée sur la Canebière et sur Noailles», assure-t-il avant de signaler que le précédent ministre de l’Intérieur avait commencé un rattrapage et il espère que «cela va se poursuivre car la sécurité relève de l’État mais nous ne nous défausserons pas. Nous allons d’ailleurs poursuivre le développement de la vidéoprotection. » Autre fléau à Marseille, le bruit. « Il y a un bruit incessant que je ne supporte plus et que les Marseillais ne supportent plus. Il faut savoir qu’une étude montre qu’une seule moto, qui dépasse le nombre de décibels autorisé, peut réveiller 3 500 personnes dans une ville. Je vais m’attaquer à cela. Ainsi nous allons nous équiper de radars de bruit pour mettre des amendes à ceux qui ne respectent pas la réglementation. »

Benoît Payan en vient à la très controversée Cité judiciaire. « Le projet s’élevait à 300 millions d’euros sur Euromed. Une localisation qui a soulevé beaucoup d’interrogations.» Il avoue : « Je n’ai pas parlé avec le nouveau garde des Sceaux mais je souhaite que le projet de cité ne soit pas abandonné mais qu’il soit repositionné en centre-ville. Nous devons regarder toutes les solutions pour qu’il en aille ainsi. Nos commerçants souffrent. Avec la création des Terrasses du Port et la galerie commerciale du Prado, le centre-ville a perdu des clients. Je ne veux pas encore plus abîmer le centre-ville avec le départ de cette Cité. » Un centre-ville au cœur de toutes les attentions puisque, outre la sécurité, la tranquillité, la cité judiciaire, est annoncée la création d’une équipe visant à construire, avec la population, les commerçants, architectes et urbanistes, « un centre-ville apaisé, harmonieux, végétalisé ». Plus largement il signale qu’en juillet se dérouleront les Assises du monde associatif.

Par ailleurs,  La voie est libre se poursuivra en 2025 : « Cette initiative connaît un grand succès. C’est le deuxième événement qui rassemble le plus de Marseillais après le Vélodrome. » De plus, annonce Benoît Payan:  «Nous allons créer des événements, des grandes fêtes populaires gratuites dans les quartiers. En juin, la grande fête des écoles sera de retour au Vélodrome et nous organiserons aussi une fête de la nature.» Cet été sera aussi marqué par les cérémonies commémoratives du 80e anniversaire de la libération de Marseille : « Ce sera l’occasion de nous rappeler que la liberté n’est jamais acquise».

En matière d’économie le maire de Marseille rappelle: «Le Port est une condition sine qua non du succès de la ville ». Concernant les implantations d’industries sur le site de Fos, il signale ne pas avoir été concerté « mais mon bureau reste ouvert ».  Il indique que de nombreuses entreprises marseillaises « nous demandent d’améliorer les relations économiques entre l’Algérie et la France. Le port de Marseille et celui d’Alger se font face, tout est réuni pour développer les échanges économiques. Plus largement l’essor économique de la Ville passera par le développement des échanges avec le continent africain. Il y a un grand nombre d’entrepreneurs à Marseille qui travaillent avec le continent africain. Il faut les aider à développer leurs entreprises, à créer des emplois». Rappelle : «Nous sommes là pour aider de nouvelles entreprises à venir s’installer.» Enfin, outre la défense du commerce de centre-ville, le maire indique, en matière d’attractivité, qu’un Pass Marseille va voir le jour car « les premiers visiteurs de Marseille sont les Marseillais eux-mêmes. » Par ailleurs, en mars se tiendra «la présentation des lauréats du label Fabriqué à Marseille. Une centaine d’entreprises sont candidates à ce label qui est la reconnaissance de nos savoir-faire locaux».

Concernant l’information Benoît Payan n’a pas caché son inquiétude : « Sous l’impulsion d’Elon Musk et de Mark Zuckerberg les faits deviennent une option, la vérité une idée comme une autre. Dans ce contexte nous avons besoin des journalistes car nous avons besoin de comprendre ce qui se passe dans ce monde. » Et d’annoncer que Marseille accueillera, une première en France, les Assises du journalisme en Méditerranée.

Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE

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