Vœux de la CCI Aix-Marseille Provence : jeu collectif, mindset et gagne

Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix-Marseille Provence (CCIAMP), ne cache rien des difficultés qui s’accumulent tant sur le plan national qu’international, mais il rappelle que les succès obtenus par la CCIAMP en s’alliant à des partenaires et revient, une nouvelle fois, sur les enjeux que représentent le développement décarboné de la zone de Fos, celui des nouvelles technologies, de l’IA… Et, à l’heure où le gouvernement parle d’économie il en propose une substantielle, qui de plus permettrait d’offrir de meilleures conditions de travail à la justice en préservant le centre-ville : l’installation de la cité judiciaire sur le site du Centre Bourse. Pour faire gagner ce territoire il appelle l’ensemble du territoire à avoir le mindset, l’état d’esprit.

Destimed CCIAMP K
Vœux 2025 de Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP ©DR

C’est dans un contexte de crise tant sur le plan international que national que Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIAMP a présenté ses vœux à la presse. Occasion pour lui de déplorer l’instabilité politique que connaît le pays : «Si nos entreprises ont su faire preuve de résilience la machine vient de s’enrayer car l’incertitude est l’ennemie de l’économie.» Pour lui, «pas de défaitisme, il est encore temps de se ressaisir, à se défendre, à avancer, plutôt qu’à tomber dans la morosité.» De rappeler que la CCIAMP applique «ce précepte avec succès» puisqu’elle a obtenu la DSP du Parc Chanot avec GLS Event et remporté, avec CMA-CGM, la CCI de Lyon et la Banque des Territoires la sous-concession du terminal à conteneurs du port de Lyon pour les 30 prochaines années.

Les résultats sont là sur terre, sur l’eau ils le sont aussi dans l’air puisque Sealar, dans laquelle on trouve la CCIAMP et celle de Brest vient de réaliser l’intégration de trois nouveaux aéroports normands dans son réseau, à savoir l’Aéroport de Caen, l’Aéroport Deauville Normandie et l’Aéroport de Rouen Vallée de Seine. Parallèlement, la gestion de l’Aéroport Le Havre-Octeville sera renouvelée, portant ainsi à sept le nombre total de plateformes gérées par ses équipes. Concernant le Parc Chanot, Jean-Luc Chauvin assure : « Nous mouillons le maillot pour faire de Marseille une destination de premier plan, une destination prioritaire pour le tourisme d’affaires tout en permettant aux Marseillais de mieux occuper le parc ». Des succès qui n’ont pas été obtenus seuls : «Ce qui va dans le sens de notre philosophie c’est par le jeu collectif que nous sommes plus forts.»

« Nous avons besoin de la ligne 400 000 volts et la décision doit être prise maintenant »

Parle de Marseille « ville monde qui a la possibilité d’occuper une place de choix sur l’échiquier mondial si nous sommes à la hauteur. Car, il ne faut pas s’y tromper, nous avons de grandes responsabilités pour les générations futures. Soit nous nous inscrivons dans le développement durable, soit nous prenons la voie de la régression pour les quarante prochaines années. » D’insister : «On parle de 11 à 14 milliards d’investissements, de 3 à 4 milliards de modernisation, de plus de 10 000 emplois et de devenir une vitrine de l’excellence. Mais rien ne se fera si nous ne sommes pas capables de mener l’électricité sur le site. Une électrification nécessaire pour le développement d’une industrie décarbonée, l’arrivée de nouvelles industries, le maintien d’autres, mais aussi pour nous chauffer, pour nos véhicules… et pour l’électrification des navires à quai. Alors oui nous avons besoin de la ligne 400.000 volts et la décision doit être prise maintenant. » Pour accélérer la prise de décision, Jean-Luc Chauvin propose : « Pourquoi ne pas réaliser une enquête globale pour l’ensemble des projets ? » De même il note : «A Fos, Gardanne, Meyreuil… il reste du foncier industriel, il faut le sacraliser. » D’autant qu’il considère que : « la concurrence sur l’industrie va s’exacerber.». Il en vient à l’arrivée de Trump au pouvoir, la politique de la Chine : «Face à cela la souveraineté industrielle fera que nous ne serons pas déstabilisés demain». Il se félicite, à ce propos, que Marseille soit retenue dans le cadre de France 2030 pour développer un biocluster. Aborde les Datacenter : «99% du trafic mondial des données- internet et téléphonie- est assurée par des câbles sous-marins. Et Marseille va occuper le 5e rang mondial… sans que nous ayons fait quoique ce soit pour. C’est la géographie qui a tout fait. Et nous disposons de 5 Datacenter bientôt 6, sans argent public et parfois avec des propos critiques. Mais il faut mesurer leur importance lorsque l’on sait que l’économie nouvelle sera celle de la donnée, on doit accompagner le mouvement créer la filière de la donnée sur notre territoire autrement elle se créera ailleurs »

« La défense du centre-ville est une priorité »

Jean-Luc Chauvin poursuit : «La défense du centre-ville est une priorité. » Pour lui : « La menace qui pèse sur celui de Marseille est réelle, sérieuse. Nous avons réussi à attirer l’attention de l’ensemble des collectivités et de l’État mais en termes d’action il faut faire mieux sachant que nous avons 16% de vacances commerciales en centre-ville contre 12% au niveau national. » Il souhaite des avancées pérennes sur le  Noailles « le quartier est devenu invivable ». Il met également en exergue  : «L’installation de 1 200 étudiants à proximité de Castellane dans le Centre de formation de la Croix Rouge, l’installation de Grand Central en face du World Trade Center et l’annonce de Martine Vassal de réinvestir le centre-ville en installant la direction de la métropole dans les locaux du Palais de Justice dans le cadre de la délocalisation de la cité judiciaire voulu par le ministère de la Justice. » Tout ceci est positif pour le président de la CCIAMP : «Mais le compte n’y est pas. On le voit bien avec l’annonce du départ des Galeries Lafayette du Centre Bourse. » Et de réitérer sa demande de création d’une zone franche dans le centre-ville.

Cité judiciaire sur le Centre Bourse : moins chère, plus rapide et bénéfique pour le centre-ville

D’en venir au projet de délocalisation de la cité judiciaire sur Arenc. «Un départ représenterait une perte de 18,3 millions d’euros de dépenses effectuées sur le quartier dont 7,4 millions d’euros dans la restauration, 300 commerces sont ainsi menacés selon nos chiffres qui sont repris au niveau national pour l’essentiel. L’enjeu est donc colossal et nous n’allons pas abandonner le combat. » D’insister une nouvelle fois : « Bien sûr qu’une nouvelle cité judiciaire est nécessaire. Mais où. Nous continuons de dire qu’un transfert sur Arenc serait catastrophique pour le Centre-Ville et une mauvaise chose pour les finances de l’État. Alors j’invite la Ville, la Métropole et la Région à se réunir autour de nous pour trouver des solutions. » La CCIAMP propose un lieu, le Centre Bourse : « La cité a besoin, selon les chiffres du ministère de la justice, de 40 000m². Le départ des Galeries Lafayette en libère 22 000 sur les 48.000 que compte le Centre Bourse et les autres m² peuvent être récupérés sur ce site car malheureusement d’autres enseignes pourraient partir aussi. D’où le risque de voir ce site devenir la plus grande friche commerciale en centre-ville de France.» En installant la cité judiciaire là « on éviterait cette situation, on n’appauvrirait pas le centre-ville. Les magistrats disposeraient d’une cité moderne, spacieuse, en 2030 au lieu de 2035 ou 2036. Et le coût serait 2 ou 3 fois moins cher car on parle actuellement de 350 millions pour Arenc mais on sera plus proche des 500 millions. Enfin ce projet, s’il se réalise, permettra de recoudre la Canebière.»

Et de conclure son intervention : « On voit bien que notre génération a échoué. Il faut passer les commandes aux jeunes. Et nous avons la chance d’avoir sur notre territoire une jeunesse multiculturelle, multicultuelle et donc ouverte. C’est un atout sur lequel il faut s’appuyer. C’est avec cette jeunesse et avec l’économie que nous serons au rendez-vous des enjeux qui sont devant nous et que nous deviendrons la deuxième capitale de la France, la capitale du Sud de l’Europe.»

Michel CAIRE

 

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