Publié le 28 janvier 2020 à 20h55 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Fort d’un bilan qu’il estime positif au bout de trois ans de mandat, Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI métropolitaine Aix Marseille Provence, aborde 2020 avec de grandes ambitions pour le territoire. Dans ce contexte, il considère que les municipales 2020 sont «une chance» à saisir pour bâtir «une nouvelle relation» entre monde économique et monde politique.
«Nous pouvons être fiers du chemin parcouru» : trois ans après avoir accédé à la présidence de celle qui se nomme désormais Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix Marseille Provence (CCIAMP), Jean-Luc Chauvin a dressé un bilan positif de son action à l’occasion de ses vœux à la presse au Palais de la Bourse de Marseille. La première satisfaction renvoie à l’une de ses promesses de campagne : rencontrer au minimum 60 000 entreprises au cours de sa mandature de cinq ans. Or, ce chiffre est quasiment atteint au bout de trois ans puisqu’à fin 2019, 59 956 ont été rencontrées depuis le début de la mandature, dont 18 745 l’année dernière. «C’est le fruit de nombreuses actions et opérations menées par la CCI», souligne Jean-Luc Chauvin. Autre chantier en bonne voie, la transformation économique de l’entreprise CCI : la Taxe pour frais de chambre (TFC), qui représentait 85 % des ressources de la chambre en 2015 (38 M€), ne pèse plus que 55 % des recettes en 2019 (17,5 M€). Car la CCI a su développer des ressources propres, provenant notamment de services aux entreprises. Ainsi, les recettes émanant des activités diverses sont passées de 6 à 14 M€ en trois ans. «Avec la CCI de Bretagne, nous allons chercher des aéroports à gérer partout en France car on a une compétence qui est reconnue en la matière. On a gagné Poitiers en 2019, et on en gagnera d’autres en 2020», assure le président de la CCIAMP. Jean-Luc Chauvin met en avant une autre promesse de campagne tenue : le changement de nom de la plus vieille CCI au monde. Une nouvelle dénomination, CCI Aix Marseille Provence, qui s’inscrit dans la volonté d’«être au rendez-vous de la Grande Métropole euroméditerranéenne que notre territoire a vocation à incarner». «C’est l’affirmation de notre dimension métropolitaine, de notre statut d’agence de développement économique du territoire que la loi Pacte a acté. C’est aussi reconnaître le territoire d’Aix comme une composante indissociable et indispensable au rayonnement économique métropolitain», insiste-t-il.
«Un tournant décisif»
Mais loin de s’arrêter à ce bilan positif, le président de la CCIAMP se projette déjà vers l’avenir, avec une «intime conviction» : notre futur commence «maintenant, en 2020» et notre territoire est «à un tournant décisif». Il en veut pour preuve la «profonde transformation des équilibres mondiaux» à laquelle on assiste actuellement. «Au plan macroéconomique, avec la montée en force de grandes puissances – la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et même la Turquie ou l’Afrique du Sud – qui s’accompagne d’une recomposition des alliances politiques et commerciales. Au plan démographique, avec une croissance mondiale qui, d’ici 2050, sera tirée par l’Afrique (55 %) et l’Asie (35 %). Au plan environnemental, avec l’accélération de la crise climatique et le besoin urgent d’apporter des solutions en matière de transition énergétique et écologique. Au plan technologique, avec la montée en puissance de l’économie de la data, le nouvel « or noir » du XXIe siècle est une vraie révolution pour les entreprises traditionnelles : chaque seconde dans le monde, une personne produit environ 1,7 Mo», énumère-t-il. Si ces grandes transformations ne manquent de susciter des craintes, Jean-Luc Chauvin est convaincu également qu’elles «nous ouvrent de nouvelles perspectives de croissance», et que la métropole d’Aix-Marseille «a des opportunités à saisir». «Notre position géostratégique, d’abord, comme hub Europe-Méditerranée-Afrique, nous place aux portes d’un continent en pleine mutation, avec lequel nous avons des liens culturels historiques, un continent avec lequel nous devons construire un rapport « gagnant-gagnant » autour de relations « business »», insiste-t-il. La métropole doit aussi tirer profit de son réseau de câbles sous-marins qui la place au 9e rang mondial des plateformes d’échanges et de contenu. «Deux nouveaux câbles vont voir le jour d’ici 2021, ce qui nous hissera dans le top 5… Notre territoire a tous les atouts pour devenir un hub international des data, à la condition de bâtir une véritable ingénierie de la donnée car les seuls flux ne servent à rien, ce qui importe c’est ce qu’on a fait », plaide le président de la CCIAMP. Enfin, «notre patrimoine environnemental d’exception», avec la Méditerranée, les calanques, les espaces protégés ou encore la biodiversité, confère à la métropole «une position enviée». «Un atout à convertir en laboratoire à ciel ouvert pour répondre aux défis climatiques et inventer, ici, la ville méditerranéenne écologique et durable du XXIe siècle», appelle de ses vœux Jean-Luc Chauvin.
Municipales 2020 : «ne pas se contenter de jouer petit bras»
C’est dans ce contexte qu’à ses yeux, «les élections municipales de 2020 sont une chance». En amont de ce rendez-vous, il espère cependant que «c’est bien « projet contre projet » que les citoyens et les chefs d’entreprise vont se prononcer», regrettant au passage que jusqu’ici, «l’actualité des municipales se limitent encore trop au casting des candidats, particulièrement à Marseille». Face aux grands défis d’avenir, il estime également qu’«il faudra oser des sauts quantiques, sortir des approches technocratiques frileuses, ne pas se contenter de jouer petit bras». «Il faudra prendre de l’avance plutôt que d’être dans une logique de rattrapage, il faudra anticiper le coup d’après, il faudra aussi prioriser, sortir de la logique du saupoudrage», martèle-t-il.
Pour y parvenir, il invite à nouveau les élus «à aborder différemment les questions économiques, dans un jeu réinventé avec les entreprises et les acteurs économiques». «Cette nouvelle relation entre le monde économique et le monde politique nous semble essentielle. Faisons-nous confiance pour concevoir, co-construire et co-piloter les projets clés du territoire. Soyons dans un dialogue constructif : les élus doivent nous entendre sur les décisions qu’ils prennent aujourd’hui et qui hypothèquent l’avenir de notre territoire», assène-t-il. Un «virage» que la CCIAMP souhaite accompagner en jouant «pleinement son rôle», via notamment la démarche «Tous acteurs municipales 2020» qu’elle a initiée et qui a débouché sur «cinq défis, 15 projets et un grand nombre d’idées folles !». Le président de la CCIAMP a enfin rappelé que 2020 verra aussi l’achèvement de la transformation et de la modernisation du Palais de la Bourse. Et de donner rendez-vous au printemps pour l’ouverture du Lab rIAlity, dédié au monde réel de l’intelligence artificielle. «C’est un projet que nous menons en partenariat avec Microsoft et Sopra-Steria pour faire de la métropole Aix-Marseille Provence un territoire acculturé et outillé en matière d’intelligence artificielle», conclut Jean-Luc Chauvin.
Carole PAYRAU