Publié le 31 janvier 2018 à 23h30 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h56
«Résistons pour que la métropole ne transforme pas nos rêves en cauchemars. Aussi je l’ai dit à Jean-Claude Gaudin au dernier conseil de métropole: laissez-nous partir», lance Maryse Joissains-Masini, maire d’Aix-en-Provence et présidente du territoire du Pays d’Aix, sous les applaudissements d’un Grand Théâtre de Provence comble, à l’occasion de sa cérémonie de vœux. «En 2015 à la veille de notre intégration à la métropole, le taux de désendettement de la CPA était inférieur à trois ans alors que notre capacité d’autofinancement flirtait avec les 50M€», souligne-t-elle avant d’ajouter:«La passion qui est la mienne pour ma ville et mon territoire font de moi un guerrier persuadé de défendre une cause juste.».
Maryse Joissains-Masini reviendra longuement sur le bilan de quinze années de l’agglomération du Pays d’Aix et de la ville d’Aix, justifiant ce choix par une citation de Nietzsche: «L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue». Considère: «Le bilan de nos réalisations au terme des quinze années que nous nous étions données pour horizon n’est donc pas un point final. Il appartient désormais au passé mais il est le socle de nos rêves. Aujourd’hui, l’absence de projets pour demain, nous condamnerait à la nostalgie ou au repli».
« Je persiste à penser après deux ans d’existence que cette métropole est un naufrage programmé»
«Si j’étais favorable, je l’ai dit et répété, à la mise en place d’un pôle métropolitain de projets, la métropole réelle, laissant, alors, à chaque territoire l’autonomie nécessaire pour conduire ses projets, aujourd’hui la métropole légale nous entraîne au fond d’un gouffre et nous emmène dans une impasse», assène-t-elle. «Comme je l’ai écrit au ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, poursuit-elle, je persiste à penser après deux ans d’existence que cette métropole est un naufrage programmé. Elle avait déposé le bilan avant d’être née». Elle dénonce: «Nous allons payer plus d’impôts pour moins de service public. Globalement nous voulions mutualiser nos atouts. Nous sommes en train de fédérer nos handicaps. Ce n’est donc pas de ce côté que je veux regarder l’avenir. Mais à l’échelle de notre ville et de notre territoire. Les projets ne manquent pas. La métropole essaiera de s’en emparer comme elle a revendiqué la construction de l’Aréna que nous avions décidée dès 2009, alors que la métropole n’était même pas en gestation; et que les lois maudites Maptam et NOTRe n’avaient pas encore germé dans le cerveau technocratique et techniquement malade des apprentis sorciers de la réforme territoriale».
«Marseille avale tout, transformant l’or des territoires en plomb métropolitain»
A ses yeux: «Avec la montée en charge de cette Métropole intégrée, jacobine, Marseille avale tout, transformant l’or des territoires en plomb métropolitain. Le processus s’accélère cette année avec les nouveaux transferts de compétences des communes vers la métropole et le casse-tête que constitue leur évaluation. Je remarque au passage que la ville d’Aix a été amputée de 20% de sa dotation et qu’elle est ainsi le premier contributeur à ce mécanisme des transferts».
«Je refuse de confier notre sort et notre destin au présent de l’impératif. Je préfère que nous conjuguions ensemble notre avenir au futur de l’indicatif»
Maryse Joissains-Masini conteste non seulement «l’autoritarisme» qui a présidé à la création de la métropole mais aussi «la mauvaise gestion actuelle dénoncée par Gérard Bramoullé». Et de s’insurger: «Non content de nous faire assumer ses déficits, l’élu marseillais a l’arrogance de ceux qui profitent depuis toujours d’une impunité politique. Allié au Front National pour devenir Président de la Région ; puis aux socialistes, pour faire élire, à la place de Renaud Muselier, un président socialiste à MPM … il organise aujourd’hui sa succession d’une bien étrange manière… pratiquant la politique de la terre brûlée. Marseille mérite mieux». Et d’affirmer: «Je refuse de confier notre sort et notre destin au présent de l’impératif. Je préfère que nous conjuguions ensemble notre avenir au futur de l’indicatif».
Le pôle métropolitain… était, juge-t-elle: «Un rêve de grandeur pour tous. Y compris pour la ville de Marseille, qui le mérite… par les atouts intrinsèques qui sont les siens. Le gouvernement de l’époque a choisi la facilité et condamné les Provençaux à subir le déclin. Ce n’est pas faire offense à la grande ville de Marseille, à son port, aux communes du littoral qui s’y rattachent logiquement mais, je suis convaincue que la solution passe par la création d’une deuxième métropole : celle du Pays d’Aix. Les deux villes pourraient coopérer sur des questions stratégiques dont il serait vain de contester la pertinence».
«Je sais que des communes hors Pays d’Aix seraient prêtes à quitter la Métropole de Marseille pour nous rejoindre dans ce projet»
Dévoile que «des communes hors Pays d’Aix seraient prêtes à quitter la Métropole de Marseille pour nous rejoindre dans ce projet. D’autres, aujourd’hui hors métropole à l’Ouest du département peuvent être intéressées par notre démarche. Car c’est bien de projets dont nous avons besoin ; dont Aix et le Pays d’Aix ont besoin. Ne tournons pas le dos aux réalisations de ces quinze dernières années. Ne renonçons pas à nos rêves pour les quinze prochaines années». Puis, de revenir aux quinze ans qui ont précédé la métropole, période dont elle évoque les fruits: «C’était un jour de 2003, un jour heureux où nous, élus du Pays d’Aix, tracions ensemble les contours de l’avenir à l’horizon des 15 années qui s’annonçaient. Un futur que nous avions imaginé au travers du projet d’agglomération du Pays d’Aix», rappelle-t-elle, affirmant que: «tous les engagements ont été tenus.Transmettre un territoire durable, maîtriser la ressource et les tensions liées à l’attractivité, garantir la cohésion sociale et la cohérence territoriale : nous pouvons être fiers aujourd’hui de constater que ces objectifs stratégiques ont été atteints». Pour Maryse Joissains, Aix et le Pays d’Aix ont réussi leur mutation et leur entrée dans le 21e siècle. Et de citer nombre de réalisations au rang desquelles: «Les lignes A et B du BHNS, que la métropole s’attribue, sans n’avoir rien fait, avec l’argent de notre collectivité et de nos contribuables… des coucous…».
Ce bilan illustre la rigueur avec laquelle nous avons pu conduire une politique audacieuse d’investissements et d’équipements sans compromettre nos finances et sans hausse de la fiscalité
Elle se dit fière de son bilan: «Parce qu’il a changé le visage et les usages de notre territoire et de notre ville. Ce bilan témoigne du respect de nos engagements ; de la justesse de nos ambitions. Ce bilan illustre la rigueur avec laquelle nous avons pu conduire une politique audacieuse d’investissements et d’équipements sans compromettre nos finances et sans hausse de la fiscalité». Et d’insister: «Je veux rappeler que, loin de tout dogmatisme, nos réalisations répondent aux besoins et aux nécessités du maintien et de l’amélioration de notre cadre de vie et de la qualité de nos services publics». Occasion pour la présidente de rendre hommage «au talent de Gérard Bramoullé qui, durant toutes ces années, a tenu les cordons de la bourse sans obérer notre capacité à financer tous ces investissements et ces équipements; sans nous endetter et sans augmenter les impôts».
Michel CAIRE