Publié le 19 janvier 2021 à 22h38 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
La crise de la Covid et l’action de la Région Sud face à celle-ci ont occupé la majeure partie de la cérémonie des vœux à la presse de Renaud Muselier, le président LR de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui entend bien obtenir des autorités la possibilité de faire de la Région une terre d’expérimentation. Avant d’affirmer qu’il ne déciderait de sa candidature à sa succession que s’il considère avoir été à la hauteur de sa tâche face à la crise de la Covid
Renaud Muselier a rappelé toutes les actions entreprises par l’institution qu’il préside depuis le début de la crise de la Covid. Il a, une nouvelle fois, haussé le ton contre Olivier Veran et le Conseil scientifique. Il dénonce notamment les changements de stratégie, de critères, les lenteurs de l’administration en matière de vaccination et, également à propos de la validation par la Haute autorité de Santé des tests auto-salivaires. Dans ce contexte il réclame avec force le droit à l’expérimentation afin de favoriser une relance de l’activité économique tout en préservant la santé. Il a également évoqué le contrat d’avenir 2021-2027. Avant d’aborder, en réponse à une question, les futures élections estimant ne pas être en droit d’annoncer sa candidature «tant que je ne suis pas sûr d’avoir été à la hauteur face à la crise que nous connaissons». Il ajoute que nul ne sait encore exactement quand les régionales se dérouleront, plaide en faveur du mois de juin. Note que pour l’instant «personne n’est candidat à sa succession». Il constate également que les écologistes ne veulent pas d’une alliance avec le Gauche et doute qu’un rassemblement tel que le Printemps Marseillais fasse recette. Concernant sa propre majorité il rappelle qu’il s’agit déjà d’un rassemblement puisqu’elle comprend huit composantes «et aucune voix ne m’a manqué lors des votes, j’en tiens compte», insiste-t-il avant d’ajouter: «je suis pour l’ouverture, contre le dogmatisme et je déteste le mauvais esprit».
«Sortir de cette crise, et revenir à la vie»
Mais c’est par des vœux qu’il ouvre son propos: «Je nous souhaite de retrouver ces petites joies dont la crise sanitaire nous a privé. Que les grands-parents retrouvent leurs petits-enfants et les serrent dans leurs bras sans crainte, qu’on puisse boire un café en terrasse le matin, déjeuner ensemble au restaurant, partager un verre le week-end dans un pub, pour les plus sportifs, pouvoir éliminer dans une salle de sport le lendemain. Je nous souhaite de retourner au cinéma, au théâtre, à l’opéra, ou à un concert, qu’on se serre dans les bras». Des vœux comme un programme, une ambition, un message d’espoir. Il ajoute d’ailleurs: «Pour cette année, ma perspective est claire. On va se battre de toutes nos forces pour sortir de cette crise, et revenir à la vie».
«Nous avons payé le prix de ces erreurs de démarrage»
Renaud Muselier rappelle que, lors de la première vague, nous avons engagé tous les moyens disponibles pour aider à faire face à l’urgence, mais aussi pour organiser la solidarité et la relance. 1,4 milliard d’euros d’investissement pour tous les territoires ont été prévus, dans le cadre d’un Plan qui comprenait un volet sanitaire et un autre économique et cela dans une logique de « zéro polémique ». Pourtant, «entre les masques, la stratégie de dépistage, l’oubli total des soins et des traitements, il y avait déjà tout. Et dans la deuxième vague, nous avons payé le prix de ces erreurs du démarrage». Tandis que, à ses yeux: «dans cette période, la Région est restée à la manœuvre. Ainsi, 146 millions d’euros complémentaires ont été débloqués pour aider les secteurs touchés». Contrairement au Ministère aux hautes autorités de santé, il insiste une nouvelle fois sur sa bonne entente avec l’Agence Régionale de Santé. Il revient sur l’analyse des eaux usées qui permet de savoir où les clusters vont apparaître avec une semaine d’avance. «On s’est saisi les premiers en France de cette technologie. Avec le Bataillon de marins-pompiers de Marseille, nous déployons une cartographie régionale transmise chaque semaine aux maires et à l’Agence Régionale de Santé». Cartographie qui lui permet d’avancer que la situation s’améliore un peu. «Elle est stable à Toulon, en amélioration à Marseille et Briançon, et en légère dégradation à Nice».
«Nous voulons être précurseurs sur les auto-tests»
Puis Renaud Muselier d’afficher l’ambition pour la Région d’être précurseur sur les auto-tests. «Partout dans le monde, en Israël, aux États-Unis d’Amérique, en Chine, on a une vraie stratégie qui permet de s’auto-tester chez soi, dans la rue et dans les lieux publics». C’est, selon lui, un des éléments qui permettra «de revenir à la vie». Et de préciser que Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première Région de France à lancer un appel d’offres pour 500 000 auto-tests salivaires. «Nous attendons la validation de la Haute autorité de Santé». Il insiste sur le fait d’avoir tiré la sonnette d’alarme sur la vaccination, par trois fois, «sans aucune réponse d’Oliver Veran». Rappelle la situation internationale: «aux États-Unis, 12,2 millions de personnes ont été vaccinées, au Royaume-Uni 4,5 millions de personnes, en Israël 2,5 millions, en Italie et Allemagne, 1,2 million, en Espagne, 900 000 et, en France 480 000».
«On a élargi le spectre des « vaccinables » sans avoir les doses suffisantes»
Il revient à la région Sud qui dispose de 96 centres de vaccination mais constate: «d’ici à la fin du mois de février, 142 000 personnes pourront être vaccinées sur 600 000 personnes éligibles et 5 millions d’habitants». En termes de rythme moyen, cela revient à 85 injections possibles par centre et par jour. «Cela veut dire qu’on a élargi le spectre des « vaccinables » sans avoir les doses suffisantes, sans compter les potentiels retards de Pfizer». Il évoque là encore un changement de stratégie lié au fait que le président de la République a haussé le ton le premier, dès le 31 décembre tandis que le Professeur Axel Khan a dénoncé la lenteur de notre campagne. «Et nous, les présidents de Régions, nous avons indiqué que nous étions prêts à accélérer si on nous donnait les doses, ou si on nous permettait d’acheter des vaccins». Or, après avoir échangé avec plus de 100 maires des Bouches-du-Rhône, «il en ressort que la situation sur le terrain est très difficile car tous les créneaux sont déjà pleins, et les Français se retournent vers leurs mairies sans comprendre pourquoi ils ne peuvent pas être vaccinés. On n’a pas le droit à l’erreur, la vaccination, c’est la lumière au bout du tunnel et le retour à la vie». Il apprécie toutefois de voir que le Ministère de la Santé a accepté de répondre favorablement à deux des propositions des Régions de France, avec notamment un Comité Régional Agence Régionale de Santé-Préfet-Région-Ordres. «Maintenant, il faut accélérer et clarifier ce qui va être possible et ce qui ne le sera pas». Il précise avoir été vacciné, en tant que soignant de plus de 50 ans. «C’était mon tour, et j’ai voulu donner l’exemple. Les Français attendent cette vaccination». Constate que 54 % des Français veulent être vaccinés, ce qui représente une hausse 15 % en quelques semaines.
«L’immunité collective n’arrivera pas avant plusieurs mois»
Et c’est avant tout le médecin qui parle lorsque Renaud Muselier avance: «L’immunité collective n’arrivera pas avant plusieurs mois. En attendant, on a des malades à traiter». De considérer: «Depuis le début de cette crise, les soignants sont les seuls à nous avoir fait progresser». Il juge donc: «Il faut revenir aux soins, on a sauté l’étape traitement, en passant du diagnostic à la vaccination. Or la vaccination et les traitements se complètent. Ceux qui les opposent se trompent et vont à l’encontre des principes de la médecine». Le propos se fait vif: «Depuis le début de la crise, on a eu le réflexe de fermer dès qu’on pouvait. C’est vrai que c’est beaucoup plus facile de verrouiller que de préparer l’ouverture. (…) Les études se contredisent, ou pire, comme celle de Monsieur Fontanet, Membre du Conseil Scientifique, elles concluent à la fermeture des restaurants alors que l’étude est faite au moment où les restaurants sont déjà fermés». Et pendant ce temps «on a des secteurs entiers en souffrance et en détresse, et la vie des Français en berne. Étudiants, professionnels de l’hôtellerie-restauration, monde de la culture, de l’événementiel, du sport, stations de ski, etc.».
«Expérimentons dans les secteurs fermés»
Renaud Muselier, face à cette situation, affiche l’ambition que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur soit celle des perspectives. «Avec un seul mot d’ordre, expérimentons dans les secteurs fermés». Il propose de prendre 10 théâtres, 10 cinémas, 2 opéras, 20 salles de sport, réparties dans tout le territoire, 3 stations de ski et d’organiser des concerts expérimentaux dans des salles adaptées, des événements témoin dans des Palais des Congrès, et d’ouvrir. «Allons plus loin, prenons 20 restaurants, de l’étoilé à la brasserie de village, avec des protocoles stricts, appuyés par une expertise scientifique précise qui pourra en tirer des conclusions claires. On teste à l’entrée, on maintient les distances et le port du masque, ou non, et on voit scientifiquement ce que cela donne en termes de contamination». Et de lancer: «Si on est capable de donner du placebo à des patients Covid pour s’assurer qu’un traitement marche ou non, alors on doit pouvoir faire des expérimentations sur la base du volontariat qui permettront de sauver notre vie économique et sociale». Il propose de s’appuyer sur une expertise scientifique, avec l’Inserm ou un institut capable. «A Marseille, 2 concerts vont être organisés en février sur ce modèle. La Biennale des Arts du Cirque, avec un spectacle le 5 février, pourrait être concernée. La Région est prête à financer massivement ces événements, et à les organiser». Il tonne alors: «Il faut que les autorités sanitaires sortent de leur bunker. Elles nous ont toujours freiné mais on ne lâchera rien» Le président de Région en vient au contrat d’avenir 2021-2027, un document qu’il qualifie de «fondamental pour l’avenir de tous nos territoires». Car, pour lui: «On finira bien par prendre le dessus sur la maladie, et à ce moment-là, ces 5,1 milliards d’euros seront déterminants, les 10 milliards d’euros de Fonds européens que nous visons, aussi». Puis il en vient aux contrats métropolitains: «J’en ai passé avec les métropoles d’Avignon, Nice et Aix-Marseille avec pour cette dernière une spécificité, je passe un contrat de centralité avec la ville de Marseille. Je suis là pour aider la population et j’espère avoir des dossiers présentés par Marseille pour être éligibles au plus tôt».
Michel CAIRE
[(Les douze axes du Contrat d’avenir :
– 1,6 milliard d’euros pour avoir une « COP d’avance » en région Sud,
– 707 millions d’euros pour l’équilibre et la solidarité des territoires, le soutien aux espaces urbains et ruraux,
– 587 millions d’euros pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation,
– 449 millions d’euros pour la santé, avec la télémédecine, la lutte contre les déserts médicaux, le soutien au SAMU,
– 148 millions d’euros pour le tourisme, la mer et le littoral,
– 94 millions d’euros pour la culture, pour le Patrimoine, les grands équipements et les grands Festivals,
– 85 millions d’euros pour le développement économique, avec l’aide aux entreprises, la réindustrialisation sur notre territoire et le soutien pour le « Fabriqué » en Provence-Alpes- Côte d’Azur. Ils viennent s’ajouter aux 450 millions d’euros engagés chaque année sur les compétences de la Région pour les entreprises de Provence-Alpes-Côte d’Azur,
– 831 millions d’euros pour la formation professionnelle,
– 266 millions d’euros pour le volet métropolitain dont 100 millions d’euros obtenus dans une négociation supplémentaire avec l’Etat une semaine avant Noël,
– 44 millions d’euros pour l’aménagement des massifs alpins,
– 10 millions d’euros pour l’aménagement du Rhône,
– 307 millions d’euros pour la reconstruction des Vallées sinistrées des Alpes-Maritimes avec la reconstruction des stations d’épuration détruites, la réparation de la ligne Nice-Tende, l’accès au tunnel de Tende.
La méthode: «l’État fait avec la Région, la Région fait avec les territoires. La stratégie est fixée entre le Préfet de région et le Président de Région. Les projets sont présentés dans un Comité départemental avec Préfet de département, Président du Conseil départemental et élu régional. Les arbitrages sont effectués au niveau régional dans un Comité d’Engagement coprésidé par le Président de Région et le Préfet de région, en présence des forces vives du territoire», précise Renaud Muselier.)]