Publié le 30 janvier 2023 à 8h44 - Dernière mise à jour le 8 juin 2023 à 15h15
A l’occasion des vœux pour la nouvelle année le général de corps d’armée Pascal Facon a fait le point sur les principales activités militaires qui ont eu lieu en 2022 à Marseille et en zone Sud avant d’aborder les événements militaires d’importance qui rythmeront le premier trimestre de l’année 2023.
Le général Facon, gouverneur militaire de la place de Marseille, tient en premier lieu à rappeler que les cérémonies officielles telles le 8 mai, le 14 juillet ou le 11 novembre «sont ouvertes à tous concitoyens». Il explique: «Je dis cela parce que nous avons invités des supporteurs de l’OM pour le 11 novembre et ils nous ont répondu ne pas savoir qu’ils pouvaient venir». Pourquoi l’OM?, ajoute-t-il : «Parce que je vais suivre les matchs dans les virages Sud. C’est très important pour moi d’être dans le virage, c’est là que bat le cœur de notre Nation». Le général considère qu’«il faut épouser la Ville dans laquelle on est».
Au-delà, son intervention concerne la mise en exergue de la relation entre l’État et son armée, ses missions de défense aussi bien à l’extérieur de nos frontières qu’à l’intérieur mais aussi sa dimension citoyenne sa contribution à la cohésion nationale avec, notamment, le service militaire volontaire.
Première zone militarisée de France
Le général ne manque pas d’évoquer le poids de l’armée dans la zone Sud Est signalant qu’il s’agit de la première zone militarisée de France, avec 30 000 membres de l’Armée de Terre, soit 30% des effectifs, 18 000 de la Marine Nationale et 8 000 de l’Armée de l’Air. Il rappelle qu’avec l’opération Sentinelle «on protège nos compatriotes. Nous ne sommes pas primo-intervenants, c’est le rôle de la police, de la gendarmerie, mais nous sommes présents, nous détectons et, le cas échéant, nous épaulons».
Autre opération mise en avant « Ephaïsto ». Chaque été impose une vigilance accrue et un renforcement des moyens de prévention et de lutte contre les feux de forêt. Ces risques d’incendies de grande ampleur nécessitent la mobilisation des moyens de l’État. «Dans ce contexte, indique le général Facon les armées engagent chaque année depuis 1984 des moyens militaires dans le cadre de l’opération Hephaïstos. Elles interviennent en étroite coordination avec les unités militaires de la sécurité civile, des sapeurs-pompiers et de l’Office national des forêts.» Précisant que «cela ne mobilise qu’une cinquantaine d’hommes mais ils représentent des capacités uniques en matière de surveillance des massifs montagneux, de capacité d’intervention en hélicoptères là où il n’y a pas d’autre voie d’accès praticable». Par ailleurs, poursuit-il: «Nous travaillons, sous l’autorité du préfet de région à tous les cas de figure pouvant conduire à une intervention de l’Armée: feu donc, mais aussi inondation, catastrophe naturelle, industrielle…».
«La sueur évite le sang»
Pour le général Facon: «Nombre de concitoyens s’interrogent sur ce que fait l’armée lorsqu’elle n’est pas en opération. Eh bien nous nous entraînons car, pour l’armée, la sueur évite le sang. Il faut expérimenter, entraîner, endurcir, renforcer la maîtrise technologique, en clair forger le corps et les armes». Il explique que cela se produit dans un contexte de rupture stratégique avec le premier conflit en Ukraine de 2014: «Nous étions passés avec la chute du mur de Berlin d’une logique d’affrontement symétrique à celle d’asymétrique c’est-à-dire face à un adversaire fluide, extrêmement dangereux, sur un espace considérable alors que là nous revenons à la symétrie, à de la haute intensité, à un duel d’artillerie, où les capacités de frappes, de renseignements, sont prises en compte».
«Des acteurs de plus en plus désinhibés»
«Nous sommes, prévient-il, dans un contexte où l’on trouve des acteurs de plus en plus désinhibés et des groupes terroristes qui se comportent comme des États alors que des États se comportent comme des groupes terroristes. Alors, oui, vraiment, si l’on veut la paix il faut préparer la guerre».
Il tient à préciser: «Nous avons une armée assez complète et nous disposons d’un très bon budget, supérieur de 10 milliards d’euros à celui de 2017». Souligne également: «Nous n’imaginons pas l’armée pour l’année prochaine mais à horizon 2035 et la question du renseignement est particulièrement importante car nous devons avoir la capacité d’étudier de façon autonome une situation». Et ajoute : «La dissuasion nucléaire, clé de voûte de notre liberté, sera renforcée».
Opération Orion
Le général Facon revient sur l’opération Orion qui va se dérouler en 2023: «Il s’agit d’un exercice d’ampleur, décidé avant la guerre en Ukraine, qui va commencer en février. D’une ampleur inédite il va mobiliser jusqu’à 12 000 militaires et comprendra notamment un débarquement imposant de réagir dans l’urgence. Les opérations auront lieu entre Sète et Castres pendant trois semaines avant de se poursuivre dans l’Est du pays entre avril et mai».
Contribution à la cohésion nationale
Un autre aspect des missions de l’armée concerne la contribution à la cohésion nationale. A ce propos le général Falcon met en exergue le dispositif des « classes de défense » qui permet à des classes de collèges et de lycées d’être parrainées par une unité militaire incarnant ainsi la vitalité du lien armées-jeunesse à travers l’ensemble du territoire. Les classes de défense offrent des temps de rencontres et d’activités avec des militaires pour donner aux élèves des repères pour comprendre la défense et la sécurité nationale, à travers ses acteurs et ses enjeux, son histoire, sa mémoire et son patrimoine. Elles contribuent également à la construction des parcours éducatifs (citoyen, avenir, artistique et culturel, et de santé) de chaque élève. «Il existe 570 classes de défense en France. 130 sont dans la région Sud», explique le général qui évoque ensuite les cadets de la défense, un dispositif partenarial entre l’Éducation nationale et les Armées. Il s’agit d’un centre implanté dans une unité militaire qui organise, hors temps scolaire, des activités éducatives, citoyennes, sportives et ludiques à destination des jeunes de 14 à 16 ans, scolarisés dans les collèges ou lycées partenaires environnants et encadrés par des militaires d’active ou de réserve et des enseignants volontaires. Une classe de défense est un projet pédagogique, interdisciplinaire et pluriannuel, mené à l’initiative d’une équipe enseignante et en partenariat avec une unité militaire marraine dans le cadre de l’enseignement de défense.
Service militaire volontaire
Il cite ensuite le service militaire volontaire (SMV) qui est une contribution du ministère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et professionnelle de jeunes Français de métropole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans exclus du marché de l’emploi. Ce dispositif militaire, fondé sur l’acquisition volontaire de valeurs et d’une formation professionnelle, propose un nouveau départ à des jeunes hommes et femmes qu’il arme pour l’emploi en s’appuyant sur un réseau territorial et national de partenaires institutionnels, de collectivités, d’entreprises, d’associations et d’organismes de formation. «82% des jeunes qui sortent de ce dispositif le font avec un CDI, 8% s’engagent et 8% choisissent une autre orientation. Nous n’avons que 2% d’échec à l’échelle nationale, des pourcentages que l’on retrouvent dans notre région».
Service national universel
Autre dispositif, le service national universel. Il s’adresse à tous les jeunes français, garçons et filles entre 15 et 17 ans. Il comporte un séjour de cohésion et une mission d’intérêt général. Chaque jeune peut ensuite poursuivre une période d’engagement sur la base du volontariat, entre 16 et 25 ans. Il a pour objet de faire vivre les valeurs et principes républicains; renforcer la cohésion nationale; développer une culture de l’engagement; accompagner l’insertion sociale et professionnelle. Le général Facon mentionne d’autre part: «Nous travaillons également avec le ministère de la Justice. Ce n’est pas parce qu’un jeune a fait des bêtises à 17-18 ans qu’il n’a pas de qualité, qu’il ne doit pas se voir offrir des opportunités».
Le général Facon ajoute enfin que 75% des personnes travaillant actuellement au sein de l’Armée sont des contractuels, que 60% des officiers sont d’anciens sous-officiers.
Michel CAIRE
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Le général de corps d’armée Pascal Facon
Le général de corps d’armée Pascal Facon, 4 étoiles, est issu de l’armée de terre, il a passé de nombreuses années en Afrique soit sur des théâtres d’opérations soit pour de la coopération. Il est officier général de la zone de défense pour la zone Sud. Sous l’autorité du chef d’état-major des Armées l’officier général de la zone de défense pour la zone Sud (Régions Provence-Alpes-Côte d’Azur Occitanie et Corse). Il est à ce titre le conseiller militaire de l’autorité préfectorale de zone pour l’emploi des capacités des armées sur une partie du territoire national en terme de sécurité intérieure ou civile. Il exerce ainsi le contrôle opérationnel de tous les moyens militaires engagées dans sa zone de responsabilité.
La général a aussi délégation du chef d’état-major de l’Armée de terre depuis le 1er octobre 2018 comme commandant la zone Terre Sud pour exercer, dans son périmètre, des attributions organiques territoriales envers toutes les formations Terre implantées sur sa zone. Il est également gouverneur militaire de Marseille, en tant que tel il est le commandant d’armes de la garnison phocéenne. Le cumul des fonctions exercées par l’officier général permet de répondre de façon déconcentrée et efficiente aux besoins du ministère des Armées.)]