Dans le cadre de la présentation de ses vœux à la presse, le maire de Marseille, Benoît Payan a dressé un bilan de son action, détaillé les projets à venir, en saluant de manière appuyée le rôle de l’État
Benoît Payan, le maire de Marseille, présentant ses vœux à la presse a affiché son ambition de poursuivre « le cap permanent que nous nous sommes fixés : celui d’accompagner Marseille dans sa transition, cette ville incroyable qui porte en elle l’ambition de l’universel ». Universel parce que, précise-t-il: « Cette ville est construite sur les rives de la Méditerranée par des marins grecs venus de Phocée, ville des Arméniens, des Comoriens, des Marocains, des Italiens, cette ville finalement de tous les Français. Cette ville que le Pape François a choisie en 2023 pour y porter un message de paix et de fraternité, de solidarité, d’accueil ». De vanter l’énergie du collectif, « car nous avons plus que jamais besoin d’être ensemble. L’énergie du collectif, parce que pour écrire Marseille en capitale, je crois d’abord à la force de la volonté. Et je crois qu’avec une détermination farouche, avec le courage de ses idées, sans n’en changer jamais au gré du temps ou des intérêts, et une croyance profonde que la politique peut changer l’ordre des choses, rien ne nous est interdit ». Dans ce cadre il affirme que le Marseille en Grand c’est lui : « C’est aussi avec une volonté farouche que j’ai décidé d’aller à l’Élysée, il y a trois ans, dans le bureau du président de la République. J’ai obtenu du Président ce plan historique, ce plan unique en France, le plan Marseille en Grand ».
« Ce que nous avons fait, personne ne l’avait jamais fait »
A partir de là le maire déroule : « Ce que nous avons fait, personne ne l’avait jamais fait. Marseille en Grand, c’est 5 milliards d’euros pour les Marseillais. Personne, dans toute l’histoire de la Ville, n’avait fait cela. 5 milliards d’euros pour relever Marseille. Marseille est une chance pour la France, et elle a prouvé, depuis trois ans, qu’aucune citadelle n’était infranchissable, que rien, ni personne, ne pouvait arrêter la force de nos convictions ». Benoît Payan cite alors Marguerite Yourcenar. « Elle titrait que l’Amérique commençait à Bordeaux. Aujourd’hui, je crois que le monde commence à Marseille, et qu’il est temps de le dire, et de l’écrire en capitale ».
« Quand nous sommes arrivés les finances étaient exsangues »
Puis de revenir sur le bilan des années Gaudin : « Quand nous sommes arrivés, et je voudrais le répéter, les finances étaient exsangues, tous nos comptes étaient dans le rouge, nous étions au bord de l’asphyxie et du précipice. Nous avons repris pas à pas, ligne par ligne, tous les tableaux, toutes les dépenses, et nous avons remis de l’ordre. Et ce n’est pas terminé ». « Pour la première fois de notre histoire, se félicite-t-il, les agences internationales de notation financières saluent notre gestion budgétaire et notre capacité d’investissement a augmenté ». Benoît Payan précise que son rôle n’est pas celui d’être «un comptable». Mais celui, ajoute-t-il : «De défendre, partout et sans relâche, celles et ceux qui font sa ville, de défendre tous les Marseillais. Le rôle d’un Maire, c’est de garantir à toutes et tous l’égalité, la sécurité, la solidarité, et la fierté ».
En ce qui concerne l’école il explique que pour lui, c’est «le ciment républicain qui nous fonde et qui nous unit». Il insiste : «Ma première ambition, elle est pour l’école… tous les enfants doivent avoir les mêmes chances ». Et il se félicite à nouveau: «Nous sommes en train de réussir notre pari ».
« Inventer ensemble un grand plan pour notre centre-ville »
Le Centre-ville de Marseille, espace unique qui génère débats et polémiques, Benoît Payan rappelle que «c’est là que tous les Marseillais, quels que soient leurs horizons, quels que soient leurs parcours et leurs histoires, se retrouvent et se donnent rendez-vous». Il signale : « Nous avons déjà commencé à le faire vivre à nouveau : avec l’Été marseillais et ses grands concerts, avec le marché alimentaire du Vieux-Port qui réunit 10 000 personnes chaque dimanche, avec une politique incisive de redynamisation et de revalorisation ».
Dans ce cadre, le maire de Marseille annonce : « Cette année, nous allons créer une véritable équipe pour inventer ensemble un grand plan pour notre centre-ville : avec les commerçants, avec la Préfecture de Police, avec les Marseillais eux-mêmes. Une équipe efficace qui se dote de moyens particuliers, spécifiques, extraordinaires, pour réinventer le centre-ville ». Il ajoute à toutes fins utiles : « Nous viendrons ainsi compléter l’action de la Métropole, pour le rendre vivant, apaisé et harmonieux, pour le rendre plus agréable, plus beau, plus végétal, et plus sûr ».
«Protéger les Marseillaises et les Marseillais »
Après l’éducation, le centre-ville, le maire en vient à la sécurité : « Je n’ai jamais reculé devant l’impérieuse nécessité de protéger les Marseillaises et les Marseillais. Vivre en sécurité est un droit essentiel, construire un espace public apaisé est un devoir premier des villes ». Alors, selon le maire, là aussi, le Gouvernement a répondu à ses appels : «J’ai agi dès le début du mandat et obtenu rapidement du ministre de l’Intérieur 300 policiers nationaux supplémentaires. Nous avons créé de nouveaux postes de policiers municipaux, doublé le nombre de places au concours, et chaque année des dizaines de policiers rejoignent nos rangs ». Il annonce également : «En 2024, nous allons renforcer encore leur action, pour la rendre plus efficace, plus proche du terrain. J’ai décidé de sectoriser son action, c’est-à-dire que nous allons créer des commissariats délocalisés au plus proche du terrain, des lieux d’action, d’accueil et d’écoute ». Pour ce faire le 42 La Canebière, qui a accueilli l’Espace culture en son temps se transformera, cet été, en poste de police municipale. Benoît Payan ajoutant : « Nous en construirons un autre dès les mois prochains dans le Sud de la Ville, et deux suivront dans le Nord et dans le Centre.»
Il entend entretenir la relation de confiance et de travail en commun avec la Préfète de Police et ses services. «C’est en agissant ensemble que nous parviendrons à apaiser le quotidien et à rendre notre espace public plus sain, et que nous pourrons accompagner l’État dans sa bataille contre le narcotrafic international», indique-t-il avant de déplorer : «En 2023, Marseille a été à nouveau émaillée de violences et de brutalité et de trop nombreux enfants de Marseille ont péri sous les balles. Cette réalité, brute, cruelle, est sous nos yeux, et c’est le devoir et la responsabilité de tous d’agir pour l’endiguer. Ces morts, ce ne sont pas des faits divers : ce sont des drames qui endeuillent des familles toute entière ».
« Ensemble, nous avons réussi à sécuriser les plus grands événements »
Benoît Payan revient la relation de confiance avec l’État: «Ensemble, nous avons réussi à sécuriser les plus grands événements, de la venue du Pape à la Coupe du Monde, et nous relèverons le défi des Jeux Olympiques». Il rend également hommage au Bataillon de Marins-Pompiers : « En 2024, nous finirons les travaux indispensables du Centre d’Incendie et de Secours de Malpassé, de Saint-Julien, et nous ouvrirons une école de Marins-Pompiers à Marseille. Au-delà, je continuerai de me battre pour que le Bataillon dispose des financements nécessaires à son bon fonctionnement».
Salue une nouvelle fois l’État : « Nous avons obtenu du gouvernement 5 millions de plus par an en 2023. Là aussi, c’est du jamais vu ». La sécurité, signifie-t-il : «C’est aussi être en sécurité chez soi, ne pas avoir peur au quotidien, de se retrouver sans abri ou sans ressource». Alors, il annonce continuer à porter avec cette équipe, au plus haut niveau de l’État l’exigence d’une loi ferme et radicale pour faire face aux marchands de sommeil, «pour leur couper l’envie de dormir et d’exploiter la misère pour en faire profit ». Il affiche par ailleurs sa volonté de lutter « contre la prolifération des meublés de tourisme ».
Solidarité
De se réjouir « avec le Gouvernement, nous avons conclu le plus grand plan de solidarité de l’histoire, l’unique, le premier, entre une ville et l’État. Le plan pauvreté, ce sont des millions d’euros consacrés à la lutte contre l’exclusion et la grande précarité ». Une nécessité pour le maire qui raconte comment, en urgence, ses équipes ont dû sauver deux bébés. Alors, pour lui : « L’État doit venir à nos côtés. De notre côté, nous continuerons d’agir pour le pouvoir d’achat des Marseillais, et d’abord des Marseillaises, en soutenant et en accompagnant les mères isolées. Nous renforcerons encore notre politique de gratuité, pour que tous les enfants de la Ville aient accès à des activités sportives et culturelles ».
En matière de démocratie locale il indique « Nous franchissons cette année une étape : en juin prochain, les premières réalisations du budget participatif seront soumises au vote. A l’heure actuelle, ce sont plus de 400 propositions qui ont été émises par les Marseillaises et les Marseillais, tant sur le site internet que lors des ateliers organisés dans toute la ville. Face à l’engouement, et à la forte demande dans tous les quartiers, nous allons étendre les budgets participatifs à la Ville toute entière dès 2024 ».
Le maire d’en venir à la culture il avance notamment : « En 2023, nous avons rouvert le [Mac], et déjà il bat des records absolus d’affluence. Nous avons mis de la couleur avec de grands spectacles, et nous avons poursuivi notre politique de gratuité des musées. Aujourd’hui, la culture marseillaise est enfin accessible, ouverte à tous, et nous poursuivrons nos efforts, en 2024, en commençant les travaux de la médiathèque Loubon et en accueillant à nouveau de grandes expositions et de grands moments de culture ».
Dix parcs et jardins seront réhabilités ou construits cette année
Concernant la transition écologique, il avance: « C’est le grand défi de notre siècle, parce que c’est un enjeu de justice sociale, et parce que c’est ainsi que nous attirerons de nouveaux habitants et de nouvelles entreprises. En 2024, nous allons accélérer le plan arbres, en doublant sa mise en œuvre, et continuer à remettre de la nature en ville. Du Square Stephan au Jardin Borély ou à ceux d’Air-Bel, de Bougainville au 26e centenaire, ce sont dix parcs et jardins qui seront réhabilités ou construits cette année ».
Le maire de Marseille en vient à l’économie : « Marseille est un port de commerce, un carrefour méditerranéen de l’industrie et de l’entreprise. C’est un port d’où partent les plus grandes réussites économiques, une ville qui doit devenir cet eldorado méditerranéen. C’est un port qui vit et qui s’anime grâce aux dockers, aux ouvriers, aux marins qui le font exister. Cette Mer qui donne à Marseille son statut de capitale, cette Mer qu’il faut à tout prix protéger, fait son ouverture au monde et son existence, cette Mer qui est notre horizon diplomatique autant qu’écologique, cette Mer qui concentre tous les atouts de Marseille et tous ses défis, doit nous donner la force d’agir pour développer encore et encore l’attractivité de notre ville ».
JO 2024
Concernant les JO en 2024, il note « Cette année où Marseille, à nouveau, sera sous le feu des projecteurs. J’ai obtenu du Comité Olympique le privilège, l’honneur d’accueillir la flamme olympique à Marseille, les 8 et 9 mai prochains. Elle porte en elle une histoire millénaire, et nous sommes plus que fiers de l’accueillir, avec les chefs d’État, avec les plus grands sportifs qui ont fait la fierté du sport. Nous ferons de ces journées une grande fête populaire, une fête qui ressemble à Marseille, une fête pour les Marseillaises et les Marseillais ». A propos du sport il indique : « En 2024, nous livrerons le City-Stade des Micocouliers, le Dojo Bougainville qui sera un centre d’entraînement des athlètes pour les Jeux Olympiques, nous installons quatre nouveaux bassins mobiles pour la saison estivale, nous inaugurerons la Plaine des Sports de la Busserine ».
Selon Benoît Payan : « Pour écrire notre avenir, nous voulons ériger des stèles à ceux qui nous ont précédés et c’est pour cela que nous allons commémorer ensemble la mémoire de nos héros, de celles et de ceux qui, en libérant Marseille, ont permis de libérer la France. Le 27 août prochain, nous aurons rendez-vous avec l’histoire, pour célébrer les 80 ans de notre libération, les 80 ans pour célébrer la fraternité après avoir connu la haine et la division. Ce rendez-vous avec l’histoire sera le rendez-vous de la Nation toute entière, et j’ai d’ailleurs invité le président de la République à venir célébrer, à mes côtés, l’unité retrouvée d’une ville et de son pays ».
Au terme de son intervention on sait qui est très gentil, Emmanuel Macron qui sait écouter le maire de Marseille. On sait aussi qui est très méchant : Renaud Muselier, qui, selon Benoît Payan ne permet pas à Marseille et cela depuis Jean-Claude Gaudin, de bénéficier des aides de l’Europe et ne ferait pas preuve de la pédagogie nécessaire pour permettre à Marseille de bénéficier autant d’aides de l’Europe que Toulon ou Nice.
Benoît Payan a également critiqué la position de la Métropole Aix-Marseille Marseille et celle de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur concernant l’implantation de la future cité judiciaire sur Euromed. Il affirme que ces derniers ont à la fois soutenu ce dossier à Paris et dénoncé à Marseille. Selon le maire de Marseille personne n’a trouvé de lieu pour maintenir cette cité en centre-ville. Il demande d’autre part un soutien de l’État concernant l’instauration de Zone à faible émission (ZFE) afin de ne pas « faire payer aux plus pauvres leur propre pauvreté»… Enfin interrogé sur le cas Philippe Caubère il dénonce toutes les agressions faites aux femmes et considère qu’il n’a plus sa place dans l’espace public.
Reportage vidéo Joël BARCY, texte Michel CAIRE
- L’ouverture d’un nouveau poste de la police municipale en centre-ville, au 42 La Canebière (13001).
- 45 écoles seront inscrites dans la troisième vague du Plan Écoles, dans toute la ville. 15 écoles neuves accueilleront les élèves en 2024. 22 chantiers ont déjà été lancés depuis 2020, avec un budget alloué de plus en plus conséquent (320 millions d’euros en 2023) pour atteindre ces objectifs. Le maire indique : « Ce sont 15 écoles complètement neuves qui accueilleront des enfants cette année. Et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour vous annoncer la liste complète des 45 écoles de la troisième vague, parmi lesquelles nous compterons l’école des Chartreux, d’Air-Bel, de Menpenti, du Roy d’Espagne et de Canet-Barbès ».
- L’arrivée de la Flamme Olympique le 8 mai dans le Vieux-Port pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, pour une célébration exceptionnelle pour toutes et tous.
- Une visite exceptionnelle du stade Vélodrome pour tous les élèves de CM2 de la ville au cours de l’année 2024.
- Les fêtes de quartier seront aidées à la relance par la biais de subventions accordées aux associations locales.
- Une célébration exceptionnelle pour les 80 ans de la Libération de Marseille, pour rendre hommage à toutes les femmes et tous les hommes qui ont permis à la ville d’être libérée. Benoît Payan entend inviter le président de la République a y participer .
- Le budget participatif étendu à toute la ville en 2024, après le succès de son expérimentation en 2023.
- 10 parcs et jardins seront rénovés ou créés dans toute la ville.