Publié le 27 janvier 2020 à 11h16 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Urbanisme, logement, environnement, social, économie : le préfet de la région Pierre Dartout a abordé plus d’un sujet lors du traditionnel exercice des vœux à la presse, dressant là le bilan d’une année charnière.
Sans conteste, ce n’était pas les sujets à évoquer qui manquaient lors des vœux à la presse du Préfet de région, le 19 janvier dernier. Un peu plus d’un an après les effondrements de la rue d’Aubagne, à quelques mois des élections municipales et ce, alors que l’actualité sociale fait rage, que l’urgence environnementale se fait de plus en plus sentir, il n’était point question de se cacher derrière son petit doigt. Pierre Dartout a ainsi dressé le bilan d’une année qu’il considère comme charnière, «très riche en événements, avec des services de l’État fortement mobilisés». Une des dernières interventions publiques de ce dernier, future campagne et élections municipales obligent, sa communication étant réduite dès la mi-février aux situations d’urgence relatives aux seuls sujets de la sécurité et de l’environnement. Revenant donc à notre micro sur le drame de la rue d’Aubagne -la lutte contre l’habitat indigne et le relogement des Marseillais figurant au rang de priorités, a-t-il martelé pendant son discours-, il reconnaît la lenteur du processus de relogement. Toutefois objecte-t-il: «Il faut bien reconnaître que c’est un événement totalement inédit, qui ne s’est pas rencontré ailleurs en France», et qui nécessitait la plus grande réactivité. Cependant «tout ne peut pas se faire aussi facilement qu’on peut le croire. Il y a une dimension humaine qui est très forte, mais aussi une dimension en termes de moyens». Pour se les donner et disposer des capacités nécessaires pour reloger ces personnes, «un effort financier important a été fait par la commune un autre par l’État à hauteur de 6 millions d’euros», rappelle-t-il encore. Ce qui ne permet pas, encore aujourd’hui, de régler définitivement la question puisque subsistent quelque 500 délogés en hôtel ou en appart hôtel, dénombre Pierre Dartout. Un état de fait imputable à la poursuite des évacuations, même si ces dernières connaissent à présent une fréquence bien moindre. Et pour y remédier et «rapprocher la demande des familles avec l’offre que l’on peut trouver», c’est toujours Soliha qui est à la manœuvre, dont l’action est «efficace» pour le préfet.Délibération prochaine en vue de la création de la Splain
Et puis, il y a la suite logique, autrement dit la rénovation du Centre ville de Marseille qui va devoir s’amorcer. Elle s’incarne pour mémoire dans le PPA, ou projet partenarial d’aménagement, signé par le ministre du logement Julien Denormandie. « Il est mis en œuvre maintenant puisque l’on s’est doté d’une Grande opération d’urbanisme (GOU) qui fixe un certain nombre de règles et notamment le transfert du permis de construire à la métropole, mais aussi prochainement une Splain », Société publique d’aménagement qui sera constituée entre l’État, la Métropole et la Ville, rappelle le préfet, stipulant par ailleurs que le conseil municipal de Marseille va délibérer là-dessus. Plus largement pour ce qui est du logement social, il insiste sur la vigilance qui sera celle de la préfecture pour veiller à ce que la loi SRU soit bien appliquée. «Il faut absolument que les communes qui n’ont pas suffisamment de logements sociaux puissent réussir leurs objectifs et atteindre au bout de quelques années un niveau satisfaisant dans leur territoire». C’est le cas notamment de la municipalité de Carry-le-Rouet, qui a pu «trouver des solutions. C’est vrai que la situation du foncier n’est pas la même dans toutes les communes mais répétons le, il faut être économe sur le plan foncier. Construire des logements sociaux, ça ne veut pas dire consommer du foncier de façon excessive !» Ainsi, si certaines communes ont un taux élevé de logements sociaux et d’autres ont du retard à rattraper, Pierre Dartout refuse de parler de «mauvais élèves» à l’approche des élections municipales, reconnaissant même les efforts de certaines communes, notamment dans les Alpes Maritimes, connues historiquement pour leur manque de positionnement en la matière.Recevoir les entreprises impactées par les mouvements sociaux
Et puis, sur ce territoire régional, fragilisé par des événements climatiques tels qu’inondations, canicules -ce qui fait dire à Pierre Dartout que le changement climatique est à l’œuvre et qu’il est bien «une réalité»-, il y a aussi fort à faire en matière de performance environnementale. Sans oublier la problématique de la qualité de l’air. Marseille détient, selon AtmoSud (ex Air Paca), le triste record de ville la plus polluée de l’Hexagone, en tout cas pour ce qui est des particules fines. Et à plus large échelle, le constat n’est pas meilleur. Sur la zone Fos-Étang de Berre, ce sont pour l’heure «concertation, esprit de dialogue», ce dans le but d’apporter des réponses «rassurantes, rationnelles et ambitieuses», répond Pierre Dartout, de façon un peu (trop ?) elliptique. Préserver l’activité économique en cheminant vers la transition écologique, ce en s’attachant aux enjeux de santé publique, c’est bel et bien l’équilibre à rechercher selon le préfet. En la matière, explique ce dernier, l’industrie serait moins à incriminer que la circulation automobile et la pollution dégagée par les bateaux… à voir quelles décisions, quelles actions permettront cette année de freiner, à défaut d’endiguer ces phénomènes. Enfin, préserver l’économie du territoire, c’est aussi soutenir les entreprises dans les moments de difficultés. Ainsi Pierre Dartout se déclare-t-il «prêt à les recevoir pour évaluer avec elles les préjudices éventuels qu’elles pourraient avoir subi». Une assurance qu’il a renouvelée à Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine. Cela se concrétise notamment par la création d’une cellule d’urgence, avec la Direccte, l’Urssaf, l’UPE 13 et la CCIAMP. Laquelle évaluera la situation des structures en difficulté et prévoit des mesures sociales et fiscales d’accompagnement, type report de charges. Et préjudice, il y a. Notamment pour celles qui œuvrent en connexion avec le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Selon les chiffres de l’organe consulaire, «100 M€ ont déjà été perdus depuis le début du conflit sur le port de Marseille-Fos ». Dans le détail de ce manque à gagner, « 33 M€ de pertes directes pour l’économie locale, 25 M€ de taxes non encaissées et environ 40 M€ de surcoût pour les chargeurs, contraints d’aller dans d’autres ports », a indiqué Jean-Luc Chauvin.Entretien avec Pierre Dartout, préfet de Région et préfet des Bouches-du-Rhôneprefet_pierre_dartout_19_02_2020.mp3 |