Publié le 26 septembre 2021 à 11h39 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 16h31
Après deux ans d’attente, près de 80 bateaux et 700 marins étaient impatients de mettre le cap sur la rade Sud de Marseille pour disputer samedi la première journée de la 39e Massilia Cup qui une fois n’est pas coutume, a pris des couleurs automnales, même si la température a été estivale.
Sous un ciel couvert qui a finalement viré au grand bleu, le futur plan d’eau des JO 2024 a d’abord retenu son souffle, dans des petits airs de sud/sud-est, avec un vent instable en force et en direction. Avant d’offrir des conditions un peu plus sportives en début d’après-midi, avec 15 à 18 nœuds, et des rafales jusqu’à 20 nœuds.
Parrain d’exception pour ce rendez-vous des meilleurs régatiers de Méditerranée, Xavier Macaire (groupe SNEF), qui vient de signer une superbe 2e place sur la Solitaire du Figaro, a embarqué samedi sur Keep Cool (IRC3), l’Elan 350 de Claude Bauler. Dimanche il doit revenir au support qu’il connaît le mieux, un Figaro 3. Deux courses ont été lancées samedi pour les IRC et les Osiris, d’abord sur la rade sud puis sur la rade sud et la rade nord, jusqu’à l’Estaque. «C’était une belle journée, avec un vent très instable et des effets de site importants, on le sait le vent d’Est à Marseille c’est toujours comme ça », a confié un Dimitri Deruelle souriant, skipper de Chenapan (IRC1). Les monotypes de leur côté ont pu disputer trois courses. «On a eu un vent très léger au début, montant crescendo comme l’avait annoncé la météo. On a ensuite eu 20 nœuds et deux manches intéressantes, avec des parcours classiques en rade de Marseille, plutôt des côtiers que des bananes », a ajouté le Marseillais, lui aussi parrain en son temps, et vainqueur, de l’épreuve.
Evénement phare du CNTL
Cette entame de la Massilia, l’événement phare du CNTL Marseille ouvert aux duos comme aux équipages et concentrée sur deux jours, a été marquée par une belle lutte d’entrée entre l’élite de l’IRC qui en découd à l’occasion du championnat UNCL Méditerranée. Confirmation de Dimitri Deruelle : «En IRC1, ça a bien bataillé, il y a même eu un peu de casse». Particularité de cette édition, les concurrents de la Duo Sail partagent le même plan d’eau pour déterminer la meilleure paire de marins du classement IRC double Méditerranée sur l’année 2021.
Le CNTL accueille aussi les OSIRIS et fait part belle à la monotypie avec les Grand Surprise, et la première apparition des J/70 sur l’épreuve, qui disputent leur dernière manche de la Coupe de France. Autre nouveauté, des régates au parcours dessiné en temps réel et communiqué instantanément par messagerie WhatsApp. L’objectif de cette initiative née et développée sur les courses anglaises, est d’offrir le meilleur parcours possible par rapport aux conditions météo à l’instant T.
Xavier Macaire, parrain prestigieux « sur les pas » de son enfance
Xavier Macaire, parrain de l’épreuve pour la deuxième fois après 2016, juste après sa 2e place dans la Solitaire du Figaro, «est toujours un peu en récupération, car il faut quand même deux à trois semaines pour récupérer d’une Figaro, mais ça ne m’empêche pas de venir passer un moment sympa sur la Massilia Cup». Pour le plus Marseillais des Vendéens, installé depuis 5 ans aux Sables d’Olonne, la Massilia Cup est «la course de ma jeunesse, parce que j’ai grandi à Aix-Marseille. Mon père avait son bateau au CNTL, un Westerly Berwick, pas du tout un bateau de régate, c’était un bateau de pêche, balade, croisière. Mon père n’était pas du tout régatier. Mais la Massilia a bercé mon enfance, une course à laquelle j’ai participé plusieurs fois quand j’avais 16, 17, 18 ans». «Après tout ce parcours de course au large, c’est sympa de revenir sur les pas de mon enfance et d’être dans l’ambiance. Il y a quand même plein de gens que je connais ici, ça fait plaisir de les voir», confiait Xavier, très sollicité avant le départ. Le navigateur de 40 ans, qui a grandi au CNTL, a embarqué pour la journée sur Keep Cool, de Claude Bauler, et demain il naviguera sur le Figaro 3 d’André Morand « pour ne pas perdre la main, et pour lui filer deux ou trois réglages».
Plateau international
Outre un équipage suisse, la Massilia accueille aussi Desiree, port d’attache Nieuwpoort, en Belgique. Engagé en IRC3, le Dehler 39 dispute sa 1ère Massilia Cup, avec un équipage venant de Lille, Dunkerque, Le Havre, Fécamp, sous les ordres d’un skipper belge, Alain Rousseau. «Aujourd’hui, ce sont des conditions un peu tordues, mais on verra bien. Je pense qu’on aura comme en Bretagne, les quatre saisons dans la journée», pronostiquait le skipper, qui avait peut-être un peu d’avance, car la pluie est annoncée pour dimanche sur le Vieux-Port.
Duel féminin en J/70
Dans la série J/70, CNT’Elles présente un équipage entièrement féminin, avec à la barre Marine Pailloux qui s’est réjouie de vent « pas forcément régulier. Ça va être intéressant au niveau tactique, ca permet de pouvoir faire du match, et de ne pas faire toujours la même chose avec un bord obligatoire, on aime quand c’est sportif donc on est ravies des conditions atmosphériques».
« La proportion de femmes augmente pas mal ces dernières années, d’abord parce qu’on est énormément aidé quand on navigue en féminin», confie la navigatrice au prénom prédestiné. « Depuis 5 ans, je trouve qu’il y a du changement, qu’il y a de plus en plus de femmes. Je pense que les hommes nous laissent un peu plus de place qu’avant et il y a des femmes qui arrivent à faire leur preuve, on voit que cela marche donc ça donne un peu des exemples aux autres ».
Illustration en IRC1, sur Tonnerre de Glen (IRC1), le Ker 46 de Dominique Tian, avec la présence de Barbara Clerc, capitaine dans la marine marchande. Géraldine Lemaire, de Manosque, elle est piano sur Jacanda 3, en IRC1 également. «Il y a des femmes, constate-t-elle, mais je suis quand même la seule femme à bord et je navigue avec dix garçons».
Attention aux Minots
Là où ont navigué les plus grands noms de la voile méditerranéenne, les Christopher Pratt, Sébastien Col, Dimitri Deruelle ou encore Alain Fédensieu, la jeune génération pointe aussi le bout de son étrave. Les « Minots de la Nautique », sacrés champions UNCL Méditerranée 2020 en IRC3 et qui défendent leur titre, forment un équipage dont le plus jeune membre n’a que 14 ans et le doyen…20. Sur le bateau école de la Société nautique de Marseille, «on a bien navigué, mais on a eu quelques problèmes de priorité», a réagi Théo, à peine de retour sur les pontons. Les jeunes Marseillais ont bouclé en 5e position la 1ère course que Absolutely II, également un IRC3, a terminée en tête.
En bref
Les marins du CNTL à l’honneur
Samedi soir, les marins du CNTL qui ont performé en 2021 étaient à l’honneur. Pierre Perdoux et Pierre Grosgogeat sur Ilogan se sont imposés en août dans la Quadra Duo Méditerranée. Également à l’honneur Bruno Maerten et Olivier Guillerot, qui ont remporté le 29 août la 1ère étape de la Transquadra sur Shamrock V. Enfin, l’UNCL a également salué la performance de Ludovic Gérard, sociétaire du Pôle Course au Large du CNTL et membre de l’UNCL, qui a pris part à la mythique Rolex Fastnet Race, venant à bout des 700 milles dans des conditions musclées.
la rédaction avec CNTL
[(
Classements provisoires de la Massilia Cup à l’issue de la 1ère journée après deux courses
IRC1
1 Chenapan IV (Gilles Caminade, Dimitri Deruelle, CNTL)
IRC2
1 Jivaro (Yves Grosjean, Mélanie Gaggero, COYC Hyérois)
IRC3
1 Absolutely II (Yves Ginoux, CNTL)
IRC4
1 Epsilon (Jean Rameil, CN Marine Toulon)
OSIRIS
1 Sagolat T (Brice Aque, CNTL))]