Publié le 22 février 2021 à 10h42 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 14h57
Si les webséries sont encore en train de conquérir la toile, elles ont déjà achevé en une décade ce que le cinéma et la télévision ne parviennent pas à faire depuis un siècle : la parité. Selon une étude récente, la moitié des webséries sont écrites par des femmes. Et elles sont même légèrement majoritaires lorsque l’on détaille le genre des scénaristes de webséries. Et toc ! Oui, bon, du côté de la réalisation, il y a encore un peu de chemin à faire avec seulement un gros tiers des webséries produites qui sont réalisées par des femmes -ce qui, toutefois, est déjà supérieur aux statistiques du cinéma et de la télévision.
Le quotidien drôle et décalé d’une presque-trentenaire au RSA
Mais trêve de politique et place à la comédie (on confond trop souvent les deux en ce moment). Ce mois-ci, on sourit, on se moque, on oublie nos soucis avec « RSA, Ratée sans avenir», une websérie réalisée par Émilie Contensou qui «raconte le quotidien drôle et décalé d’une presque-trentenaire au RSA». Mais ce qui est vraiment décalé dans cette série et la rend si agréable à regarder, c’est justement la réalisation qui laisse basculer toutes les situations, pourtant assez banales de son héroïne dans des séquences oniriques absurdes et hilarantes. On sent d’ailleurs une belle passion et une solide culture des sitcoms dans le rythme des épisodes qui sont comme les chapitres d’un «manuel de survie précaire».
Avec le parti pris qu’il «vaut mieux en rire»
La Caisse d’Allocations Familiales présente le dispositif comme une aide pour celles et ceux qui sont «démuni(e)s ou dont les ressources sont faibles » et Caroline, l’héroïne de la série (interprétée par Caroline Chirache, cousine et cocréatrice de la série), nous prouve au contraire que pour s’en sortir avec le RSA, il vaut mieux ne pas être démuni d’une grosse ressource d’abnégation. Et les deux jeunes créatrices de cette websérie en savent quelque chose puisqu’elles l’ont conçue tandis qu’elles étaient elles-mêmes sous le régime de «solidarité active» et leur websérie financée grâce à une campagne de financement participatif. Chaque épisode est intitulé comme un défi -« Gérer son budget », «Savoir se vendre», «Affronter ses peurs» …- et mené tambour battant avec le parti pris qu’il «vaut mieux en rire».
En filigrane le portrait d’une génération pour qui chaque jour est un lendemain qui déchante
C’est réussi car on s’amuse beaucoup et quel que soit votre âge ou votre niveau de vie vous vous reconnaîtrez sûrement dans l’une ou l’autre de ces situations. Vous y reconnaîtrez également (ou pas) quelques comédiens et comédiennes de la «nouvelle génération» comme Jimmy Conchou, Marina Bincoletto ou Louis Vasquez (trois piliers de l’excellente websérie « Myriapode »). Et puis, derrière la comédie, se dessine aussi en filigrane le portrait d’une génération pour qui chaque jour est un lendemain qui déchante.
Produite par la jeune et très prometteuse société de production Portrait Robot (qui nous a aussi offert la très belle websérie «Genre Humaine»), « Ratée sans avenir» a fait le tour du monde des festivals – avec une glorieuse escale au Marseille Webfest – et engrangé une belle moisson de récompenses toutes méritées. Les huit épisodes sont désormais disponibles pour vous en exclusivité, sans file d’attente, sans lettre de relance et sans examen de dossier, avec un simple clic sur ce lien.
Joël BASSAGET