Publié le 2 mai 2019 à 9h53 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
Il distille l’esprit nécessaire aux accords win(e)- win(e) : le réseau d’affaires fondé par Tony et Jessica Tomei compte quelque 300 membres aujourd’hui. Conçu comme une véritable communauté autour d’un élément fédérateur, le vin, il a pour vocation de jouer les facilitateurs en matière de business, avec pour terrain de jeu non seulement la France, mais bientôt l’international. Sans jamais perdre de sa convivialité.
C’est un wine’s club et ce sont des winers… avec un seul N. Voilà en un mot toute la philosophie d’un réseau d’affaires pas comme les autres. Il s’est bâti à l’initiative de Tony Tomei, dirigeant et négociant en vins et de son épouse Jessica, co-fondatrice. Ce avec… zéro euro. Mais pour comprendre la genèse -et l’esprit- de cette aventure, encore faut-il remonter à la création de l’entreprise de ce dernier, «Le club de vins by Tony Tomei». Tout commence fin 2015. A l’époque, l’homme entend se reconvertir en créant sa propre activité. Le hic, c’est qu’il ne possède pas de fonds propres… Mais qu’importe : féru de Net, il va tirer de tout cela un concept bien à lui, le négoce de vins 2.0. L’idée s’avère novatrice : l’entreprise sera régie selon les codes d’un club, dont les membres vont bénéficier de services gravitant autour du vin, de la visite de domaines, aux animations thématiques en passant par des déjeuners à de belles tables ou des conseils en accords mets et vins… Au final, Tony Tomei se pose en maître de la rationalisation des coûts. Non seulement il se passe de locaux en dur, mais en plus, il ne pré-achète pas le vin avant de le vendre… puisqu’il dispose de son stock au sein du domaine des partenaires viticoles. Un vrai système Win(e)-Win(e) : les clients bénéficient de vins de qualité à prix plus doux (répondant bien souvent aux préceptes de l’agriculture raisonnée ou de la thermodynamique), les petits vignerons (une trentaine de récurrents et près de 200 basés sur toute la France), accaparés par la production et mobilisant difficilement des forces de vente, délèguent ainsi la promotion de leurs bouteilles et enfin, Tony Tomei a pu démarrer son activité sans besoin de fonds propres. Et la faire fructifier. De fait, il vend 500 hectolitres en 2018 en réunissant quelque 1 100 clients. Peu à peu, cette vocation de club s’affine et s’affirme hors du virtuel.
«Rassembler ceux qui font Marseille, Provence-Alpes-Côte d’Azur, la France »
Et elle a donc pris un nouvel essor fin 2017 avec la création du Wine’s Club. «Il s’est donc fondé lui aussi sans mise de départ, mais avec un réseau énorme. Parce que c’est lui, justement, qui m’a demandé de lancer cette initiative. Je recueillais en ce sens des demandes incessantes de clients…» Réticent au départ, Tony Tomei finit par se laisser convaincre. Et les membres se bousculent. «Je n’en voulais qu’une cinquantaine, pour gérer facilement les choses. Je les ai réunis en une semaine. En un mois et quinze jours, j’atteignais les 300 membres. Je m’occupe du recrutement, tout se fait par cooptation. L’idée, c’est d’éviter les doublons professionnels, hormis les domaines où il peut y avoir plusieurs spécialités, comme les avocats, les banquiers, la gestion de patrimoine… ce pour ne pas travailler en compétition, mais en complémentarité». Car le club a des valeurs, il y a un esprit « Wine’s ». Et cet esprit, c’est l’élégance… d’attitude encore plus que de mise. «On entend rassembler ceux qui font Marseille, la région Paca, la France. J’ai accueilli des membres qui viennent de partout, voire même hors des frontières : Sicile, Angleterre, Italie… » Les demandes continuent d’affluer, le club comptant dans ses membres décideurs, élus locaux, entrepreneurs, salariés ou indépendants… Et que font-ils, alors ? «Nous nous rassemblons un vendredi par mois. Chaque repas rassemble 60 à 70 membres. Le déroulé du moment est toujours le même : un cocktail à base de vins accompagne le discours de bienvenue. Nous mettons ensuite en lumière une initiative, un intervenant, une association… » Ainsi lors du rendez-vous d’avril, c’était 60 000 Rebonds, structure d’accompagnement pour les dirigeants post liquidation, qui était sous le projecteur à la faveur de la présentation d’Anne Castrien. Stéphane Bouissou, initiateur d’Autau Pharo, a également pris le micro pour évoquer l’édition 2019 de la manifestation. «Puis c’est le moment du repas, thématique à chaque fois. Le club offre le vin à table, puisqu’il reste l’élément fédérateur. Les membres présents ont la possibilité d’acheter les bouteilles découvertes au cours du repas. Ce qui me permet d’équilibrer les comptes, puisque je prends à ma charge le vin à table, ainsi que la décoration». Le lieu, quant à lui, est fixé pour un an. «En 2019, c’est The Babel Community, qui succède au Mama Shelter… Nous choisissons des endroits classes, à la mode, élégants mais décalés».
Ouverture à l’international
Enfin, il y a donc l’aspect affaires… puisque si la convivialité est largement de mise, elle ne prend pas non plus le pas sur le business. «En la matière, je sécurise les relations, je connecte les bonnes personnes entre elles, en fonction des besoins, des demandes». L’idée étant de jouer les facilitateurs, de contracter le temps. «Les fondamentaux, c’est que l’on est voué à travailler ensemble. Au sein du club, je demande donc de la loyauté, de la fidélité, de la bienveillance. Et la contribution à un climat de confiance : sans confiance, pas d’affaires possibles». Une fois tout cela mis en place, «le club doit être une réponse directe à la question de l’emploi, les contrats conclus permettant de vitaliser l’activité de chacun. Et l’idée, c’est bien de faire en sorte que tous les membres du club se connectent et fassent des affaires. Hors de question de laisser cela à quelques uns, tandis que les autres ne seraient là que pour le décorum». Près d’une centaine de contrats se concluent chaque année, pour un montant dépassant le million d’euros. Ainsi ses membres, Tony Tomei entend les porter loin… Hors de Provence-Ales-Côte d’Azur, pour commencer. «Nous sommes en réseau avec le Keren Hayessod à Paris, je projette par ailleurs de créer des Wine’s club dans les principales villes françaises : non seulement dans la capitale, mais aussi à Lyon, Toulouse, Bordeaux et Montpellier. J’œuvre aussi pour que le réseau soit partenaire d’événements de renom, comme les Festivals d’Avignon ou de Cannes, la Fashion Week…» Et ultime -et récente- cerise sur le gâteau, le réseau va rayonner hors des frontières… «J’ai été convié tout dernièrement à la CCI Marseille Provence, à l’occasion de la venue d’une délégation moscovite. Le Wine’s Club est en passe de créer des liens avec des structures homologues, en Russie, mais aussi à New York et en Floride. Là encore, le but est de créer des synergies propices aux affaires, ici à l’international ». Un grand cru, le réseau de Tony Tomei ? Il semblerait.
Carole PAYRAU