Publié le 11 septembre 2019 à 11h09 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h30
Yves Veyrier, Secrétaire général de Force Ouvrière était, ce mardi 10 septembre, invité au meeting de rentrée de l’UD FO 13. Occasion pour lui de revenir sur l’actualité en insistant longuement sur le dossier des retraites et en affichant son opposition au projet gouvernemental. «Nous sommes déterminés à empêcher la mise en place d’un système unique par point et nous allons tout faire pour convaincre car, nous savons que c’est la force du nombre qui l’emportera». Et, prévient-il : «Nous ne ferons rien qui laisse entendre que c’est perdu d’avance et nous ne déserterons jamais le terrain de la défense des salariés sur les retraites.» Au préalable, Franck Bergamini, secrétaire général de l’UD FO, avait évoqué la crise dans la Fonction Publique: «On meurt aux urgences, on meurt à l’hôpital par manque de soins, jamais par manque de professionnalisme». Et d’évoquer également l’agression de deux agents des écoles, deux cantinières blessées «et là encore le lien existe avec le manque de moyens». Il annonce à ce propos qu’un TGV partant de Marseille est déjà plein pour se rendre au rassemblement du 21 septembre à Paris -un appel lancé par la Confédération de Force ouvrière- pour dire «stop à la réforme des retraites».
Yves Veyrier aborde la question de la fonction publique: «Ce qui manque aujourd’hui c’est la considération que l’on porte aux salariés et aux agents du service public. Il n’est pas normal d’être agressé lorsque l’on est le service du public, au service de la République. Il faut plus de moyens, plus de sécurité…». Pour lui, il importe «d’arrêter de parler de la fonction publique en terme de coût. La fonction publique est fondamentale pour la solidarité et l’égalité sans lesquelles il n’existe pas de liberté républicaine». Puis, d’en venir au dossier des retraites. Il rappelle que FO revendique le maintien de l’ensemble des régimes existants et des dispositions qu’ils contiennent, «même si certains points peuvent être améliorés». Il est hors de question pour l’organisation syndicale «de reculer encore l’âge de départ à la retraite. 62 ans c’est déjà tard pour bien des salariés qui n’en peuvent plus». Yves Veyrier considère que la question des retraites ne concerne pas la sortie mais l’entrée dans le monde de l’emploi et la rémunération. Il note à ce propos: «En Allemagne les fonctionnaires viennent d’obtenir des revalorisations salariales, pourquoi ce qui est possible dans ce pays ne le serait pas chez nous?» Yves Veyrier avoue avoir espéré quelque répit cet été: «Tel ne fut pas le cas s ur le front des retraites». Et revient sur la période estivale: «Le 18 juillet, après seize mois de prétendue « concertation », le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, présentait aux syndicats et aux organisations d’employeurs son rapport et ses préconisations, sans surprise pour nous». Il explique: «Les interlocuteurs sociaux ont déjà été consultés par Jean-Paul Delevoye. Le rapport qu’il a rendu mi-juillet doit servir de base aux discussions. Il préconise un système universel par points qui remplace les 42 régimes existants. Deux options sont proposées. La première, qui a sa préférence, met en place un « âge pivot » à 64 ans pour un départ en retraite à taux plein. Le départ à 62 ans reste possible, mais avec une décote. Il est également possible de partir après 64 ans, avec une surcote. Deuxième option, on ne touche pas à l’âge de départ en retraite mais on modifie la durée individuelle de cotisation. Pour rappel, la loi Touraine prévoit déjà un allongement de cette durée à 43 ans en 2035». Au-delà, Yves Veyrier insiste sur le fait que c’est sur le principe même du système universel par points que son organisation est en désaccord. «Depuis l’origine nous avons expliqué que le système universel par point, qui est en fait un régime unique par point portait en réalité comme conséquence essentielle -outre de supprimer les régimes et droits existants, d’évincer la négociation collective et la pratique contractuelle des retraites complémentaires- de livrer toutes les clés aux gouvernements dans le futur». Il considère que ces clés sont «peu nombreuses et simples: la valeur d’achat du point et la valeur de service (au moment de la transformation du capital de points acquis par chacun en pension).» Il met en garde: «Les gouvernements auront ainsi tout loisir d’agir sur les droits à pension demain, notamment sur le niveau des pensions et, par voie de conséquence, sur l’âge effectif auquel chacun n’aura d’autre choix que de se conformer pour bénéficier d’une retraite décente. Sachant que le risque majeur est que la priorité des gouvernements soit d’en faire un instrument de gestion budgétaire en fonction des contraintes financières, au lieu de se soucier du progrès des droits des salariés en matière de retraite». Il conclut: «Si le Premier ministre, confronté aux atermoiements qui semblent avoir gagné le Gouvernement, vient d’affirmer sa détermination, j’ai déjà dit que de notre côté, notre détermination n’en était que plus grande. Le 21 septembre vient à point nommé. À nous de réussir ce rassemblement d’ampleur nationale et d’enclencher une plus vaste campagne d’information et de mobilisation pour gagner»
Michel CAIRE
Hôpital : réaction à la suite des annonces de la ministre de la Santé Agnès Buzyn Yves Veyrier, avant le meeting marseillais, visitait ce mardi 10 septembre au matin l’hôpital de Salon-de-Provence, avec les équipes du syndicat FO et en compagnie du Secrétaire général de la fédération FO de la Santé, Didier Birig. Ce fut l’occasion de confronter les annonces faites par la ministre de la Santé la veille en réponse à la crise des urgences, aux réalités que rencontrent les personnels de l’hôpital toutes catégories et services confondus. Si l’enveloppe financière annoncée à hauteur de 750M€ sur trois ans peut sembler conséquente FO constate et déplore qu’«elle résulte d’une forme d’autofinancement lié à la mise en œuvre notamment des restructurations associées à la loi Santé 2022.» FO rappelle en effet que ces réorganisations soulèvent de nombreuses interrogations, inquiétudes et contestations. Pour l’Organisation syndicale: «Les contraintes financières l’emportent trop souvent au détriment des enjeux de qualité des services de santé et de conditions d’emploi des agents. Nous contestons en particulier l’éloignement de l’accès aux soins et services pouvant résulter des fermetures, « dé-labellisations » qui affecteront les patients, leurs accompagnants (famille et proches), comme les agents.» Le syndicat constate et regrette qu’il n’y ait pas eu de réponse vis-à vis «des tensions de longues dates tant en matière d’effectifs supplémentaires indispensables que de reconnaissance et revalorisation des rémunérations des agents, y compris quant à l’attractivité de métiers qui exigent un investissement et un dévouement tant psychologique que physique.» La confédération apporte «son total soutien à sa fédération et à ses syndicats FO engagés auprès des personnels et pour le service public.» |