Publié le 22 février 2014 à 22h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h43
Comme l’avait évoqué le président Caselli lors de la dernière séance communautaire en décembre, l’assemblée de ce vendredi 21 février se voulait «purement technique». Il est vrai que l’on ne se bousculait pas aux portillons, notamment du côté des ténors marseillais de gauche comme de droite, retenus par ailleurs… Ainsi, au vu du nombre de dossiers soumis aux votes, l’on pouvait imaginer, une dernière séance battant des records de rapidité. Et bien tel n’a pas été le cas. La campagne s’est invitée dans l’hémicycle, Guy Teissier profitant de l’occasion pour faire une déclaration de politique générale. L’initiative aura-t-elle convaincu ou inquiété les élus présents ? Comment ont-ils pris les critiques vives formulées à l’encontre de la gestion de la communauté par le candidat à la succession d’Eugène Caselli ?
Parole est donnée en ouverture de séance à Frédéric Dutoit, Groupe communiste, qui entend revenir sur le projet -émis par les élus socialistes marseillais Patrick Mennucci, Samia Ghali et le président Eugène Caselli- d’honorer la mémoire de Guy Hermier en baptisant la future station de métro Capitaine Gèze à son nom. Après un communiqué de Jean-Marc Coppola ce jeudi, c’est au tour de Frédéric Dutoit, ce vendredi, d’intervenir en revenant sur la personnalité de Guy Hermier, «communiste, qui n’a jamais cédé aux siens l’invitant à se trahir, n’a jamais accepté le cynisme et l’hypocrisie. Il a toujours défendu l’éthique politique qui s’appuie sur l’honnêteté intellectuelle et le respect des autres». Il dévoile que c’est Guy Hermier qui lui avait demandé de lui succéder et « je lui ai fait une promesse ». Il se dit surpris que « vous ne m’ayez pas invité à la visite du chantier Capitaine Gèze s’il s’agissait d’une initiative de MPM. Si tel est le cas, c’est de votre part un manque de tact dont vous ne m’avez pas habitué » Soulignant au passage: «Je veux déclarer mon bonheur de voir que mes amis Patrick Mennucci et Samia Ghali se rangent à ma proposition formulée l’année dernière au conseil municipal de Marseille».
Eugène Caselli d’indiquer : «Les valeurs que véhiculaient Guy Hermier, qui sont également les nôtres, vous les avez défendues toute votre carrière politique et vous continuerez à les défendre. Maintenant des élus ont le droit d’émettre un vœu et ce sera au futur maire de Marseille ou au futur président de la Communauté urbaine de baptiser la station capitaine Gèze qui sera opérationnelle en 2015. Et si un jour cela se fait, monsieur Dutoit, vous serez aux premières loges de cette inauguration».
Le premier assaut de la droite viendra de Laure-Agnès Caradec, présidente du groupe UPAC, qui tente de mettre à mal le bilan du président en touchant là où ça fait mal : la propreté à Marseille. Après une description apocalyptique de la situation : « dégradation de la voirie digne du tiers monde ». Elle signale: «Comble du comble Marie-Arlette Carlotti votre colistière distribue ce tract « la saleté de nos rues »»…
«Je ne tomberai pas dans ce piège et je ne vous répondrai pas»
Le président d’indiquer à nouveau :« Cette assemblée purement technique ne concerne quasiment que des communes hors Marseille». Pour lui, donc, point question «d’un forum pour les prochaines municipales». «Je ne tomberai pas dans ce piège et je ne vous répondrai pas. Je vous ai répondu autant de fois qui le fallait. Cela suffit !», assène-t-il.
Et le dossier qui est à l’origine de ce fameux conseil technique concerne le choix d’un délégataire pour l’exploitation de parkings à Cassis dont la nouvelle réalisation « Les Mimosas ». Délégation attribuée par la commission de la DSP à Effia Stationnement et de fait, portée ce jour aux votes.
L’UMP Bernard Jacquier groupe UPAC estime que la candidature proposée n’est pas justifiée au travers d’observations et de comparaisons avec l’autre candidat en lice est-ce à dire Vinci park. « Mais comme cette DSP est importante nous proposons l’abstention pour ce dossier ».
Ce à quoi Eugène Caselli rétorque: « Chaque fois qu’une certaine société n’est pas choisie vous montez au créneau ».
François-Noël Bernardi (PS) groupe FGMPM, président de la commission de Délégation de service public, estime : «Les observations de Bernard Jaquier sont intéressantes mais tous ont été destinataires du dossier en séance et ces questions n’ont été abordées par personne. La commission de DSP a fait son travail. Nous avons été invités à négocier avec ces 2 entreprises qui proposaient des offres de même ordre. Une a été plus intéressante que l’autre. La loi a été appliquée».
«Cet investissement que l’on attend depuis 30 ans à Cassis»
Danielle Million, maire UMP de Cassis remercie ses amis de monter au créneau mais «j’aurais aimé qu’ils m’en parlent avant». Elle remercie le président Caselli car «la séance vous l’avez faite spécialement pour Cassis, à ma demande, parce que je n’étais pas contente qu’il n’y ait pas de DSP pour cet investissement que l’on attend depuis 30 ans à Cassis. Merci à mes amis de fouiller dans les détails mais pour moi le détail essentiel est que ce parking existe avec ses 404 places dont la moitié est pour les Cassidens».
«Nous voterons contre ce cadeau fait au privé»
Frédéric Dutoit ne l’entend pas de la même manière et annonce au nom du groupe Communiste, Républicain, citoyen: «Nous voterons contre ce cadeau fait au privé».
Il explique : «On nous a souvent présenté comme des opposants par principe des DSP mais les groupes Vinci, QPark et maintenant Effia Stationnement font à l’évidence de bonnes affaires sur notre territoire. Ainsi sans avoir déboursé un euro, le dernier venu, le groupe Effia , va gérer un chiffre d’affaires prévisionnels de 15,3 millions d’euros sur 10 ans, sur lequel il s’engage à reverser à MPM un total de redevance fixe de 6,3 millions d’euros ce qui reporte à 25 ans le remboursement de l’investissement du nouveau parking des Mimosas».
Victor Hugo Espinoza, groupe FGMPM votera également contre. «Je partage ce que vient de dire le groupe communiste car, l’histoire des parkings est l’une des choses les plus terribles qui existent à Marseille et dans toutes les grandes villes. Ce sont des aspirateurs à voiture et c’est pour cette raison que nous sommes 6e au niveau mondial des villes les plus embouteillées. Cela veut dire qu’il faut se poser la question des parkings en centre-ville».
«Vous ne pourrez pas tenir tous les engagements que vous faites aux maires, surtout en ce moment»
C’est en presque fin de Conseil que Guy Teissier attaquera Eugène Caselli sur les finances expliquant que la mandature s’achevant « les élus d’opposition que nous sommes serions tentés de procéder par un petit bilan». Et il a été plus que tenté puisqu’il se jettera immédiatement dans l’attaque point par point. Affirmant que « la situation financière de la Communauté Urbaine est préoccupante ». Selon lui, seuls «des artifices» ont permis «d’équilibrer les budgets» et,«pire», l’épargne nette s’est érodée «avec un financement quasi-total des investissements par l’emprunt ». Il ne cache pas que la RTM ne le transporte pas de joie affirmant que le coût facturé au km par cette dernière «est réputé supérieur de plus de 50 % de celui pratiqué par les autres opérateurs de transport dans d’autres agglomérations». Puis de dénoncer l’État pour les « 4 millions d’euros en moins sur la dotation d’intercommunalité». La vérité, ajoute-t-il : «C’est que le poids de la dette n’a eu de cesse d’augmenter. 106 millions d’euros en 2010,120 millions d’euros en 2014». Alors, à ses yeux, il est clair que «vous ne pourrez pas tenir tous les engagements que vous faites aux maires, surtout en ce moment». Et Guy Teissier de prendre le contre-pied de ses amis de la droite marseillaise qui dénonce la présence envahissante de membres du gouvernement à Marseille en trouvant lui, que les élus marseillais «sont trop discrets dans les antichambres ministérielles».
«Ne faites pas preuve d’amnésie, tous les budgets ont été votés»
Le président Caselli de lui rappeler : «Vous êtes celui qui, il y a encore quelques mois, a attaqué le budget de Gaudin en lui demandant de passer la main.»
« Puisque l’on est dans les bilans -poursuit-il- l’agence de notation Fitch a donné la note de A+ perspectives stables, une dette élevée mais soutenable. Je vous signale que, quand je suis arrivé en 2008, le taux d’endettement était de 22 ans, il est aujourd’hui de 13 ans. En 2008, la dette s’élevait 1,350 milliard d’euros aujourd’hui elle est de 1,500 milliard d’euros. 150 millions de différence avec 250 millions d’euros d’investissements par an ou alors il fallait dire à cette assemblée : » Monsieur le président n’investissait plus dans les communes et surtout pas à Marseille dans les très grandes opérations ». Alors ne faites pas preuve d’amnésie, tous les budgets ont été votés. C’était quand même un consensus général pour que l’on aille jusqu’au bout de ce mandat malgré une majorité pour le moins incertaine. Nous devons être fiers du travail qui a été fait ».
«La satisfaction du devoir accompli avec vous au-delà de tout clivage»
Il clôturera cette séance en saluant tous les élus « pour avoir contribuer à ces 6 ans avec le sens républicain du devoir. Mon ambition personnelle a été d’être ici. Je crois que je l’ai été pour défendre les intérêts des communes et de ces habitants contre vents et marées quels que soient les clans politiques. La satisfaction du devoir accompli avec vous au-delà de tout clivage. Merci pour cette gouvernance et peut être de faire de la politique autrement. Une nouvelle aire va s’ouvrir pour le territoire métropolitain j’espère que nous serons les plus nombreux et nombreuses possibles à y participer ».
Patricia MAILLE-CAIRE