Municipales à Marseille : la missive de Jean-Benoît Vion aux candidats

Le journaliste Jean-Benoît Vion adresse, chaque lundi, une lettre à l’un des candidats aux municipales de Marseille. A tout seigneur, tout honneur, il a ouvert cette rubrique épistolaire par une missive adressée au sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin; puis, à Patrick Mennucci, le candidat socialiste à la mairie de Marseille; à Stéphane Ravier , tête de liste du Front national ; à Jean-Marc Coppola , tête de liste du Front de gauche ; à la candidate PRG à sa succession dans les 2/3, Lisette Narducci ; à Dominique Tian, député-maire UMP des 6/8 qui se présente dans les 1/7. Ce lundi, sa prose est destinée au socialiste Christophe Masse, tête de liste dans les 11/12.
Destimed

Cher Monsieur Christophe Masse,

Puis-je me permettre de vous écrire cette courte missive en ce mois de février pluvieux, venteux, sans parler des tempêtes parce que vous n’aimez pas cela. Pourtant, sans vouloir vous offenser, vous en avez vécu des tsunamis politiques…

Désormais, lorsqu’un ouragan, un cyclone ou une tempête s’abat sur un territoire, les spécialistes lui donnent un prénom, Dary, Petra, Michel et autres Jimmy. Vous, votre tempête a pour prénom Valérie! Votre poison, vous l’avez reconnue ? Il s’agit de Valérie Boyer. Depuis les législatives de 2007, elle vous combat et elle gagne, certes de quelques courtes voix, mais elle vous a enlevé à plusieurs reprises ( 2012 également) 2 mandats de député. Je n’ose pas vous rappeler vos défaites de 2008 (une très mauvaise année pour vous, les municipales et les cantonales, face à messieurs Blum et Assante ).

Parfois, je comprends votre désarroi. Pourquoi ? Vous dites-vous. Les électeurs m’auraient-ils abandonné ? C’est une supposition de ma part. Cette question très lointainement biblique, vous avez dû vous la poser, seul, lors de vos efforts en courant le Marseille-Cassis ou même lors du marathon de New York. Vous êtes un sportif infatigable, c’est, sans doute, ce goût de la performance qui vous donne cette énergie et la force de ne pas baisser les bras en politique malgré tous les mauvais coups que vos adversaires mais surtout ceux que vos amis socialistes vous ont portés. Mais je sais que vous êtes particulièrement pudique et que jamais, oh grand jamais, vous ne livrez vos états d’âmes…

Figurez- vous, Monsieur Masse, que samedi, j’ai déjeuné avec votre tante, Marie Pierre le Hir, la sœur de votre maman. Bien entendu, je me suis permis de lui poser quelques questions sur votre enfance.
Il est évident que Valérie Boyer ne tient pas les mêmes propos à votre sujet…
Vous étiez un enfant docile, souriant, trop grand pour son âge mais toujours, trop gentil. La gentillesse, est votre première qualité et votre principal défaut, m’a expliqué votre délicieuse et charmante tante. Et elle m’a avoué que le vrai problème avec vous, c’est que vous n’aimez pas les légumes. Elle a ajouté : «Vous savez dans la famille Masse, on ne parle jamais politique, avec Christophe, je n’évoque que les enfants, le sport et les vacances.» Très franchement, j’ai beaucoup de difficultés à la croire…

Monsieur Masse, je me demande souvent pourquoi un homme raisonnable, calme et paisible, est allé se jeter dans les dents des Primaires socialistes à Marseille. Vous saviez très bien que vous alliez tomber dans un monde de tueurs. Pourquoi, avez-vous obéi à Monsieur Mennucci lorsqu’il vous a ordonné de vous présenter dans les 11e et 12e arrondissements. Vous n’aviez qu’une seule ambition, vous présenter chez vous, Château Gombert et ses quartiers alentours.

Mais vous êtes un bon soldat, fidèle aux idées de votre grand-père, Jean et de votre père Marius. Deux hommes de terrain qui aimaient les électeurs, les gens, leur quartier. Vous aussi, vous êtes un homme de cœur proche des Marseillais. Mais je me demande si, en ces années d’élections, être un fils et petit-fils de… n’est pas un handicap ?

Vous allez vivre des dernières semaines de campagne très délicates. Vous avez eu la visite de madame Filipetti, ministre de la Culture pour le projet honorable de médiathèque sur l’emplacement des usines Rivoire et Carret. Mais je ne suis pas certain que recevoir un membre du Gouvernement en ces jours de détresse pour les Français soit une idée formidable. Les Marseillais ont besoin de vous, de vos projets pour leur ville, cette cité que vous aimez tant.
Un cordonnier à Saint Julien, me disait vendredi dernier : «On l’aime bien Masse mais, nous, on n’a pas besoin des Parisiens du gouvernement pour être mieux, on a besoin de propreté, de sécurité et de plus de boulots pour nos gamins…».

Respectueusement Vôtre.
Jean-Benoît VION

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