Jean-Benoît Vion adresse, chaque lundi, une lettre à l’un des candidats aux municipales de Marseille. A tout seigneur, tout honneur, il a ouvert cette rubrique épistolaire par une missive adressée au sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin ; puis, à Patrick Mennucci , le candidat socialiste à la mairie de Marseille; à Stéphane Ravier, tête de liste du Front national ; à Jean-Marc Coppola , tête de liste du Front de gauche; à la candidate PRG à sa succession dans les 2/3, Lisette Narducci; à Dominique Tian , député-maire UMP des 6/8 qui se présente dans les 1/7; au socialiste Christophe Masse, tête de liste dans les 11/12. Ce lundi, sa prose est pour Arlette fructus, présidente départementale de l’UDI, tête de liste dans les 15/16 de « Marseille en avant » liste conduite par Jean-Claude Gaudin
Destimed
Chère Madame Arlette Fructus,
Puis-je me permettre de vous envoyer cette courte missive à quelques petites semaines du 1er tour de ces élections municipales. Vous allez vivre des journées de stress, de fatigue et d’angoisse car vous vous êtes lancée dans une grande aventure dans les Quartiers Nord de Marseille, ville que vous aimez tant.
Très franchement, je vous trouve très courageuse. Vous vous présentez, c’est audacieux, dans le secteur de la nouvelle star des médias parisiens. Votre adversaire Samia Ghali est une redoutable adversaire.
La nuit dernière, j’ai fait un rêve. Je pensais au film de Ridley Scott de 1991, Thelma et Louise, avec Geena Davis et Susan Sarandon. La blonde et la brune. L’histoire de 2 femmes au fort tempérament qui parcourent l’Amérique et humilient tous les voyous croisés sur leur chemin. Dans ce rêve totalement ridicule, j’en conviens, je voyais Arlette et Samia dans une Cadillac décapotable parcourir les cités des quartiers Nord. Et, toutes deux, vous expliquiez aux gamins guetteurs et aux dealers -qui roulent en Porsche Cayenne, en Jaguar et autre Mercedes- qu’il faut protéger les plus jeunes, penser à leur maman et que la drogue n’est plus l’avenir. Vous êtes au Plan d’Aou, à la Bricarde, à La Castellane -celle de Zidane et non celle des « riches » du centre-ville-.
Reconnaissez que ce road-movie chez les voyous des 15/16 aurait de l’allure et une élégance certaine. Fructus-Ghali : même combat pour protéger nos enfants.
Pour ces quartiers, vous avez un discours commun : la sécurité. Madame Ghali a proposé la venue de l’Armée. Vous, Madame Fructus, vous avez demandé un Grenelle de la sécurité pour Marseille.
Permettez-moi de vous signaler que ni l’Armée, ni les réunions avec des soit-disant spécialistes, vont résoudre le problème des délinquants qui gagne 7 000 euros par jour avec les trafics.
Mais, Madame Fructus, mon petit doigt me dit que vous ne vous présentez pas dans ce secteur délicat de gaieté de cœur. Le maire sortant Jean Claude Gaudin vous aurez dit : « Les 15/ 16 ou rien !!! » Vous avez accepté cette offre sur l’ordre de Jean Louis Borloo. Il est votre mentor, votre président de L’UDI et il vous admire, il aime votre ténacité et votre détermination car vous avez toujours défendu et porté toute votre vie politique les couleurs du plus vieux parti de France, le parti Radical. Un très proche du maire aurait dit : «Fructus, c’est une battante, l’UDI, peut prendre des voix Au FN et au PS ».
Dans vos gènes, la politique est omniprésente. Vous êtes la fille de René Olmetta, un père socialiste qui vous adore et que vous vénérez. Votre meilleure amie m’a confié que lors des déjeuners en famille, vous ne parlez jamais de politique… J’ai des difficultés à la croire. Cette amie m’a également révélé que vos principales qualités étaient la fidélité en amitié, l’honnêteté, la gentillesse et le travail. Vous l’avez prouvé durant votre mandat d’adjointe au maire, chargée de l’habitat et du logement. « Elle est incroyable, me disait récemment un élu socialiste, elle est toujours sur le terrain, proche des plus démunis, c’est vraiment dommage qu’elle n’ait pas choisi de suivre les pas de son père. Elle aurait été parfaite chez nous.»
Samedi dernier, j’ai croisé à Saint-Antoine, un ancien chef de chantier dans le Bâtiment, un vieux militant UMP – il y en a au moins un dans ces quartiers Nord-. Il m’a indiqué : «La mère Fructus, je n’y croyais pas, c’est une « bourge » venue du Sud. Mais elle est présente attentive. J’ai dit au patron de la Fédération que, même si, elle était super centriste, elle est à l’écoute des gens, elle bosse comme une folle, elle est bien accueillie et j’en suis tombé de l’armoire, elle n’a pas peur d’aller au contact avec les jeunes en capuche».
Et il est vrai que vous n’avez pas le look des cités comme les médias parisiens les présentent à longueur de magazines télé. Vous êtes très proches des mamans de ces cités qui commencent à vous apprécier. Habiba, une maman de Saint Louis qui a de gros soucis avec ses 3 garçons et sa fille, qui ne vont pas chaque jour à l’école, me confiait : «Cette femme-là, elle écoute la détresse et comprend le désarroi des mamans. On connaît Samia mais elle, Arlette, elle commence à nous plaire… ».
Vous êtes la seule candidate UDI, centriste, tête de listes sous les ordres de Gaudin. Je suis à peu près certain que vous n’allez pas bousculer Samia Ghali mais peut-être le FN. Mais, les purs et durs de l’UMP de la mairie, qui ont ricané lorsque vous avez eu l’investiture du 8e secteur commencent à se demander si la « poupée Barbie» -c’est comme cela que certains de vos amis politiques vous appellent lorsque, bien sûr, vous avez le dos tourné-, ne va pas réaliser un excellent score.
Chère Madame Fructus, tous vos proches précisent sans cesse que vous êtes toujours inquiète, angoissée, vous redoutez de ne pas être à la hauteur des tâches qui vous sont confiées. De lourdes tâches vous attendent dans les semaines qui viennent. De nombreux Marseillais vous observent et espèrent que vous serez digne des Quartiers Nord dont les habitants se sentent souvent délaissés.
Respectueusement Vôtre…
Jean-Benoît VION